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Patrimoine. Castelnaudary, Sorèze, Revel... L'exil lauragais du peintre russe Georges Artemoff

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Un portrait de Georges Artemoff en 1913. © Famille Artemoff - DR

Un portrait du peintre et sculpteur russe Georges Artemoff datant de 1913. © Collection privée famille Artemoff – Tous droits réservés.

À la question « Qui était Georges Artemoff ? », sa fille Marie Artemoff-Testa répond* : « Un cavalier scythe1 ayant traversé l’Europe entière pour s’arrêter un peu malgré lui, près de la montagne Noire, dans le sud-ouest de la France. [..] Influencé fortement par sa culture russe, du début jusqu’à la fin, resurgiront les souvenirs de l’enfance choyée dans le Don2. Les femmes de sa vie, l’accompagneront dans ses dernières œuvres. Le sujet est vaste et nous n’avons pas toutes les clés. Nous avons travaillé en famille, avec des amis très proches, depuis plus de 28 ans, à rassembler petit bout par petit bout les témoignages, les récits. Nous avons souvent ri, parfois beaucoup pleuré, nous arrivions trop tard, le témoin s’était éteint. Nous avons cependant retrouvé les tableaux disparus [..] ».

Russie, France, Turquie, Corse…

Georges Artemoff est né en 1892 en Russie, à Ourioupinsk, au cœur du territoire cosaque. Doué pour les arts, le jeune homme étudie de 1906 à 1912 la peinture à Rostov puis la peinture, la sculpture et l’architecture à Moscou. En 1913, il décroche une bourse d’études qui lui permet de prendre la direction de Paris où il est accueilli par Zadkine.

Dans le Montmartre de l’époque, il fréquentera ses illustres contemporains Picasso, Juan Gris, Modigliani ou encore Soutine. Durant la Grande Guerre il s’engage dans l’armée française. Grièvement blessé, il retourne en Russie en 1917 et revient à Paris en 1922 après l’échec de la contre-Révolution.

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Plusieurs voyages l’amènent en Turquie à Constantinople (actuel Istanbul) et en Corse. La Seconde Guerre Mondiale lui impose une longue période d’exil dans le sud-ouest de la France.

Il se cache au pied de la montagne Noire, à Sorèze, puis au cœur du Pays cathare, à Revel où l’héritier des cavaliers cosaques finira sa vie. Il s’éteignait dans la cité revéloise en 1965 et repose au cimetière de Vaudreuille.

Son oeuvre durant sa période revéloise

Son œuvre demeure et se trouve exposée dans les musées de Lavaur et Castres ou encore à Sète au musée Paul-Valéry (« Petite pêcheur de Bouzigues ou tête de jeune pêcheur » 1958).

La chasse aux lions, un tableau réalisé par Georges Artemoff en 1940 alors qu'il est réfugié à Castelnaudary.

La chasse aux lions (1/2), un tableau réalisé par Georges Artemoff en 1940 alors qu’il est réfugié à Castelnaudary. © Oeuvre publiée avec l’autorisation de Marie Testa – Artemoff – Tous droits réservés

Selon Paul Ruffié, le conservateur en chef du musée du pays vaurais à Lavaur, la période revéloise (1952-1965) a été la plus productive de l’artiste. L’expert vauréen écrit :

La première décennie revéloise voit également coexister le trait au cerne noir et le trait gratté à la lame, qui introduit un changement sensible dans la tension des formes et la juxtaposition des aplats. C’est cette voie nouvelle que l’auteur va dorénavant privilégier. Cette technique rapide et risquée où le retrait de la matière entre en jeu, donne l’occasion à l’artiste de renouer et de renouveler son trait.

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Toujours selon Paul Ruffié, « le répertoire artémovien mélange et croise finalement expressionnisme et cubisme dans une manière synthétique tout à fait personnelle ». Le conservateur du musée de Lavaur précise par ailleurs :

L’expression humaine devient de plus en plus introspective avec la quête de figures sœurs représentant des êtres marginaux ou incompris : saltimbanques, forains, trapézistes, cartomancienne, gitans, simples, folles…

n portrait de Georges Artemoff en 1913. © Famille Artemoff - DR

Liée à la famille Get par Jeanne Astre, sa seconde épouse, Georges Artemoff a peint en 1950 une huile sur panneau intitulée Arlequin à la bouteille de Get Pippermint. © Oeuvre publiée avec l’autorisation de Marie Testa – Artemoff – Tous droits réservés.

Une salle d’exposition à son nom à Revel

Au printemps 2014, le Musée du bois et de la marqueterie de Revel rendait hommage à Georges Artemoff en présentant une exposition réunissant une quarantaine de ses œuvres.

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En présence de Marie, la fille de Georges Artemoff, la municipalité de Revel et son maire de l’époque, Alain Chatillon, avait profité de l’événement pour rebaptiser l’une des salles d’exposition temporaires du musée du nom de l’artiste russe.

 

Henri Marcellin

* Extrait du catalogue raisonné Georges Artemoff 1892-1965 de Paul Ruffié (Privat).

1 Peuple nomade des steppes de l’Eurasie Centrale.

2 Fleuve russe prenant sa source au sud de Moscou et se jetant 2000 kms plus loin dans la mer d’Azov.


Le catalogue raisonné de Paul Ruffié

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Georges Artemoff 1892-1965 de Paul Ruffié, 204 pages, paru aux Editions Privat en 2018, tarif conseillé : 35,50 euros.

Une recherche méticuleuse et acharnée menée par Paul Ruffié,conservateur en chef du musée du Pays Vaurais à Lavaur, aboutira en 2018 à l’édition chez Privat du catalogue raisonné de Georges Artemoff.

Si l’incipit précise qu’il « propose une approche chrono-thématique de l’œuvre » et qu’il ne prétend en aucun cas à l’exhaustivité, il n’en demeure pas moins un ouvrage remarquable d’intentions et de résultats. «Il est le fruit d’une enquête minutieuse menée auprès de particuliers et d’institutions », commente son auteur.

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Au total, 783 œuvres y sont répertoriées et illustrées : 97 en sculptures et objets et 686 en peintures (huile, gouache, aquarelle, grattage) et dessins (sanguine, pierre noire, mini de plomb, crayon, pastel, fusain, encre, imprimé).

Rubrique réalisée avec l’aimable contribution iconographique des archives départementales de Haute-Garonne. Vous avez une idée de chronique à traiter ? N’hésitez pas à contacter l’auteur de cette rubrique Patrimoine à henrimarcellin@orange.fr


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