
Vincent Morival, directeur du pôle « Un logement d’abord », avec Andy, tenant Microbe, la mascotte du CHRS Rosa Parks. (©AS Hourdeaux/Lille Actu)
Vous longez peut-être ces immeubles si vous passez par le Mont de terre ou si vous empruntez le métro Porte de Valenciennes à Lille (Nord). Situé près du foyer de jeunes travailleurs Stéphane Hessel, les bâtiments sont sous la responsabilité de l’Abej Solidarité. Le but : offrir un logement à des personnes sans domicile. L’association témoignera lors des Semaines sociales les vendredi 15 et dimanche 17 novembre 2019 à Lille.
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Depuis 1997
C’est en 1997 que le centre d’hébergement, dit aujourd’hui « CHRS Rosa Parks », ouvre rue Denis Cordonnier. À l’époque, ce type d’accueil pour personnes sans abri n’existe pas.
En 1985, un pasteur baptiste de Lille a eu l’idée de sillonner le centre-ville de Lille avec un bus anglais à deux étages pour aller à la rencontre des sans-abri. Il n’y avait pas de Samu social à l’époque », retrace Vincent Morival, directeur du pôle « Un logement d’abord ».
Puis, un accueil de jour est lancé, à la demande des personnes. Il devient très vite trop petit. « Les personnes accompagnées ont demandé à avoir un vrai logement. C’est ainsi que le CHRS est né ».
111 places
L’Abet Lille propose aujourd’hui 111 places pour hommes et femmes au CHRS situé avenue Denis Cordonnier. Soit 63 chambres individuelles et 48 studios.
Chacun a son espace privé, sa clé, il n’y a pas d’horaire à respecter. Les studios disposent d’un coin cuisine. Ils sont comme chez eux, ils peuvent tout faire sauf héberger d’autres personnes. il n’y a pas de durée maximale pour rester », détaille Vincent Morival.
Les règles sont assez souples, fumer ou boire ne sont pas fliqués.
Pour le directeur, « notre première réussite est quand les gens rentrent le soir en vie et qu’ils ont un toit sur la tête. À la rue, on meurt en moyenne à l’âge de 45 ans ! ».
Le CHRS compte un espace convivial avec baby foot, sans oublier une infirmerie.

Capsule, un résident du CHRS Rosa Parks, aux côtés de Vincent Morival, directeur du pôle logement à l’Abej Solidarité Lille. (©AS Hourdeaux/Croix du Nord)
Avec leurs animaux !
Avec une particularité : l’accueil des animaux. « Nous sommes un des rares centres à permettre aux personnes de garder leur animal dans le logement. Nous avons des chats, des chiens, nous avons déjà accueilli des rats, des serpents et même un colibri ! »
Les animaux ont donc toute leur place dans le centre d’hébergement. Sans oublier la présence rassurante de Microbe, un chat d’un an et demi recueilli dans le centre et qui est devenu la mascotte. « Chacun s’en occupe à tour de rôle, cela responsabilise les personnes », remarque Vincent Morival.
Le bienfait de la présence animale est reconnu par l’association.

Le CHRS Rosa Parks compte 111 logements individuel, studios ou appartements. (©AS Hourdeaux/Croix du Nord)
Un programme jeunes spécifique
Les 111 résidents du CHRS ont entre 18 et 78 ans. Les 18-25 ans bénéficient d’un accompagnement spécifique. Ils sont 18 actuellement à en bénéficier.
L’accompagnement social va de pair avec l’hébergement. « Les jeunes doivent faire des démarches d’insertion sociale et professionnelle, refaire leur carte d’identité par exemple, s’entraîner aux entretiens d’embauche… », détaille Vincent Morival. Des éducateurs sont présents 5 jours du 7.
L’Abej Solidarité a développé deux autres sujets essentiels pour se reconstruire selon elle : les loisirs, et l’engagement social. « Les jeunes doivent s’inscrire dans un sport, s’engager dans une association ou se rendre utile ici ».
Comme Andy, qui participe à la LPA et sert les repas au CHRS. À 27 ans, il vivait ses derniers jours dans le centre en juin. Après 5 ans de galère, il a été accepté dans un logement « normal ».
Je suis à la rue depuis mes 19 ans. Avant l’ABEJ, j’avais déjà fait plusieurs centres. Ce que j’aime à l’ABEJ, c’est l’autonomie qu’on nous laisse. Il y a moins de bagarres qu’ailleurs, c’est plus calme. Le règlement est plus ouvert et j’apprécie l’accompagnement, on a une animatrice ’coach’ pour nos démarches administratives, de recherche d’emploi, de logement…
Il a obtenu un appartement chez Partenord à Wattignies, il quitte donc le centre d’hébergement Rosa Parks. Mais restera en lien avec l’équipe car il est aussi bénévole dans la structure, il connaît tout le monde ! Il cherche désormais du travail dans l’informatique.
Idrissa, 18 ans, est originaire de Côte d’Ivoire. Reconnu mineur isolé étranger, cela faisait 2 ans qu’il vivait à l’Abej Solidarité. Il a rejoint une résidence étudiante en septembre dernier. Après son bac au lycée Sainte-Claire de Lille, il a commencé une formation en droit à Lille2.

Idrissa dans son studio au CHRS Rosa Parks, avant qu’il rejoigne une résidence étudiante. (©AS Hourdeaux/Croix du Nord)
Un chez soi d’abord
On ne finit jamais d’innover dans le domaine de la solidarité. Une nouveauté pour les jeunes vient d’être lancée, avec le programme « Un chez soi d’abord jeunes adultes » dont l’Abej Solidarité est un des partenaires (avec l’Etablissement public de santé mentale notamment). Au vu des constats concernant les sortants des structures d’aide sociale à l’enfance, la France expérimente désormais ce dispositif dans deux villes : Lille et Toulouse.
Les jeunes concernés ont entre 18 et 25 ans en situation régulière, atteintes d’une ou plusieurs pathologies mentales sévères, qui ont des besoins complexes nécessitant une prise en charge médicale et un accompagnement social adaptés pendant 4 ans. 50 jeunes seront concernées d’ici 2020.
L’Abej Solidarité le constate : le nombre de personnes à la rue ne diminue pas. Le combat continue. Pour cela, l’association compte sur les dons.
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Infos :
Pour en savoir plus sur l’Abej, consultez le site officiel de l’organisation. Pour faire un don, c’est par ici !
Agenda :
Retrouvez l’association lors des Semaines sociales, vendredi 15 novembre 2019 à l’Accueil Marthe et Marie à Lomme à 19 h 30, et à l’Université catholique de Lille dimanche 17 novembre 2019, 60 boulevard Vauban, de 10 h 45 à 14 h.
Vendredi 15 novembre 2019 à 19 h 30 : avec les Semaines sociales, rencontre « Refaire société avec les exclus et les plus fragiles avec l’Abej dans le quartier Humanicité » à » l’Accueil Marthe et Marie » (place Erasme de Rotterdam, 59160 Lille-Lomme). Dans ce quartier de ville et de vie Humanicité cohabitent ensemble, un hôpital, un EHPAD, des habitants, une école d’infirmières et une résidence de réinsertion sociale de l’Abej. Son directeur, Vincent Deconinck, présentera des grands constats au regard de l’action menée par l’association sur le territoire.
Bon à savoir
L’Abej compte plusieurs types de logements à proposer à un public fragilisé que sont les sans-abri. Outre le CHRS Rosa Parks, il y a la Halte de nuit quartier Saint-Michel (ouverte toute l’année de 21 h à 8 h), les pensions de famille à Capinghem, Tourcoing, La Madeleine, Lille, 19 appartements répartis dans la métropole lilloise, une colocation à Hellemmes, un foyer d’accueil médicalisé pour personnes handicapées physiques à Capinghem. Sans oublier les accueils de jour, les maraudes, une ressourcerie.
La Halte de nuit est ouverte de 21 h à 8 h tous les jours, toute l’année. Après 8 ans d’existence, il était urgent de faire des travaux pour améliorer l’accueil : nouvelle charpente, nouvelle bagagerie, nouveau mobilier, nouveaux espaces. Avec 317 personnes différentes accueillies en 2018, dont 53 femmes. L’accueil de jour rue Solférino, depuis le 1er novembre, a étendu son ouverture, de 8 h à 18 h tous les jours ; dimanche et jours fériés 8 h à 12 h.
L’Abej Solidarité innove grâce à un soutien de la Métropole Européenne de Lille ! Le dispositif Accompagnement et Insertion par le Logement Et le Soin (AILES) est créé pour mieux accompagner les personnes qui ont des problèmes de santé soit vers un logement soit dans le maintien dans leur logement.
Plus d’informations par mail : logement@abej-solidarite.fr.