Jusque-là, Erwan Rognant utilisait des peintures antifouling classiques pour protéger ses bateaux contre le fouling. Autrement dit, l’encrassement de la coque par des bactéries, algues, larves…
Ces micro-organismes augmentent le poids du bateau et sa consommation de carburant, diminuent l’hydrodynamisme et sa manœuvrabilité. Les peintures classiques les éliminent grâce à des biocides, des composés organiques volatils…
Ces molécules chimiques sont peu à peu relarguées dans l’environnement marin et génèrent une pollution. 99 % des plaisanciers appliquent ces peintures.
Étude unique en France
En 2016, Erwan Rognant a testé un dispositif alternatif, la peinture au silicone Hempels, dans le cadre d’une étude menée par Finistère 360 (l’agence de développement touristique et nautique du Finistère) sur les antifoulings.
Le silicone empêche les organismes marins de s’accrocher et favorise l’auto-nettoyage de la coque lors de la navigation. Erwan Rognant tire un bilan positif malgré un prix relativement élevé :
La pose était relativement simple. Et normalement, cette peinture au silicone doit tenir cinq années. Un antifouling classique doit être renouvelé tous les ans. Et cela demande un à deux jours de boulot. Le gain de temps est donc important avec le silicone. Et puis, c’est mieux pour l’environnement.
Ce dispositif ne contient ni biocide ni métaux lourds. Mais il est composé de solvants et le silicone n’est pas biodégradable, selon le rapport de Finistère 360. C’est la première étude de cette ampleur menée sur les antifoulings en France.
Elle s’inscrit dans un appel à manifestations d’intérêts lancé par l’Agence française pour la biodiversité.
Dans le Finistère, 20 bateaux ont testé 13 dispositifs pendant deux ans et demi :
- cinq peintures classiques
- deux peintures au silicone
- deux adhésifs
- quatre solutions mécaniques (brosse à Lulu, parefouling, nettoyage haute pression et ultrasons)
10 biocides autorisés
Les plaisanciers ont répondu à des questionnaires, pris des photos et fait des vidéos. Par ailleurs, l’Université de Bretagne Sud et Labocea ont réalisé des tests d’écotoxicologie et des analyses physico-chimiques pour mesurer l’efficacité contre le fouling et l’impact sur l’environnement.
La conclusion est sévère. Pascal Bénard, responsable du pôle développement à Finistère 360, tempère toutefois :
Il n’existe pas de solutions qui soient tout à la fois faciles à poser, efficace contre le fouling, bon marché et respectueuse de l’environnement. Cette équation est impossible à résoudre pour le moment. Mais les entreprises innovent rapidement. Et puis, le nombre de biocides autorisés est passé de 25 à 10 au 1er janvier 2018. On va dans le bon sens.
Seules les solutions mécaniques n’ont aucun impact sur les larves, les crustacés et les micro-algues. Elles sont toutefois contraignantes à mettre en place (brosse à Lulu) voire impossibles. « Il n’existe en France qu’une seule station de lavage pour les bateaux. Cela fonctionne comme une station pour voiture. Ce serait vraiment une solution intéressante », considère Pascal Bénard.
Il encourage les plaisanciers à choisir leur dispositif en fonction de leurs habitudes de navigation : nombre de sorties, longueur des navigations. « Ceux qui sortent juste l’été ont intérêt à mettre leur bateau au sec le reste de l’année et à opter pour une solution mécanique. »
Désormais, cette étude va être largement diffusée auprès des plaisanciers, gestionnaires de ports, aires marines protégées…