La tension était palpable lundi 10 décembre 2018 au centre de Kergadalen, à Saint-Ségal (Finistère). Sandrine Le Feur, députée LREM, et les assistants parlementaires de Liliana Tanguy, Jean-Charles Larsonneur et du sénateur Michel Canévet faisaient face à une vingtaine de membres de la FDSEA et des Jeunes agriculteurs.
Leurs membres avaient lancé cette invitation pour obtenir des informations sur les sujets brûlants du moment :
- la publication des ordonnances de la loi Agriculture et alimentation
- l’agribashing
- la transition écologique
Centrales d’achat toutes puissantes
Sur le premier point, ils ont obtenu des réponses rassurantes de Sandrine Le Feur. Le 1er janvier 2019 paraîtra l’ordonnance sur l’encadrement des promotions en valeur (limitées à 34 %) ; le 1er février 2019 sur le relèvement du seuil de revente à perte ; le 1er mars 2019 sur l’encadrement des promotions en volumes (limitées à 25 %).
Par ailleurs, la loi Agriculture et alimentation prône l’inversion de la construction du prix. Autrement dit : le contrat et le prix associé seront proposés aux acteurs de la distribution en prenant compte des coûts de production.
FDSEA et JA exigeaient cette inversion depuis des années mais s’interrogent sur sa mise en œuvre. Jean-Alain Divanac’h, agriculteur à Plonévez-Porzay, confie :
Quatre ou cinq centrales d’achat font la pluie et le beau temps. Elles se livrent une guerre des prix sans merci. Nous sommes systématiquement la variable d’ajustement. Je ne vois pas comment elles vont accepter d’inverser cette logique de construction du prix.
Sandrine Le Feur y croit : « Cela peut marcher. À condition que vous soyez encore plus organisés qu’aujourd’hui pour peser dans les négociations. »
Les agriculteurs ont aussi fait part de leur écœurement face à l’agribashing ambiant. Thierry Merret, président de la FDSEA, a cité la carte des fermes-usines mise en ligne par Greenpeace, le site de l’État recensant les agriculteurs sortis du glyphosate, les interventions de l’association L214 dans les écoles…
Thierry Merret, le président de la FDSEA du Finistère :
Tout cela participe au dénigrement, à la stigmatisation du monde agricole. L’État doit nous défendre, interdire ces sites internet. Nous demandons aussi un soutien de nos parlementaires.
Mission sur le glyphosate
Lors de cette réunion, le ton est sérieusement monté sur le sujet du glyphosate. Notamment lorsque Sandrine Le Feur a répété :
La fin du glyphosate est un choix sociétal. Il n’y a plus de débat là-dessus.
Elle a toutefois prêté une oreille attentive aux interrogations des agriculteurs présents sur certaines techniques comme le semis direct sous couvert. « Une mission d’information est mise en place sur la sortie du glyphosate. Nous allons auditionner l’Inra sur différentes techniques », a juste indiqué Sandrine Le Feur qui est par ailleurs agricultrice bio à Pleyber-Christ.