
Gérald Boutolleau dans son atelier à Montbert.
Derrière la carrure de l’ancien para et pompier de Paris de Gérald Boutolleau se cachait une âme de biker. A la retraite militaire, le quinquagénaire a décidé d’ouvrir un garage, uniquement pour les deux roues. On y croise aussi bien des scooters que des vieilles Harley-Davidson, ou encore des moto-cross. Rencontre avec un jeune artisan.
C’est un entrepôt en pleine campagne. Sur les coteaux de l’Ognon, vers Le Bignon. Pour le cadre c’est idéal, pour la publicité il faudra repasser. Mais ce garage est propice au bouche-à-oreille. Les 135 m2 sentent encore l’huile de vidange et la carrosserie d’un passé pour voitures pas si lointain. Ici, pas de soufflerie comme chauffage nid’isolation : du béton et une doudoune pour se réchauffer. A l’ancienne quoi.
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« Un salarié d’un garage automobile avait monté ce bâtiment pour compléter avec une micro-entreprise, relate Gérald Boutolleau. Il a dû arrêter pour des soucis de santé. C’est exactement ce que je recherchais. J’ai donc sauté sur l’occasion et j’ai acheté le lieu ».
Toutes les deux roues
C’est ainsi qu’est né « Chez gégé motorbikes » en février 2019. Un garage spécialisé dans les deux roues. « Tous motocycles et cyclomoteurs » insiste-t-il. « Les scooters, les trails, les 50 cm3, les motocross, les sportives ou les anciennes, les deux temps, les quatre temps… voire les quads ».
Quand de nombreuses boutiques affiliées à une marque se consacrent avant tout à la vente, lui est exclusivement tourné vers la réparation et l’entretien. « C’est d’ailleurs pour cela qu’il y a souvent encombrement dans les garages au printemps. Quand tout le monde veut sortir sa bécane aux beaux jours. Parfois, il y a deux mois d’attente. Cette activité de révision a été diminuée chez les professionnels au profit de la vente, c’est-à-dire du montage de l’engin jusqu’au service après-vente ».
Gérald Boutolleau a donc déjà joué les roues de secours pour des vidanges, des changements de plaquettes de frein, des kits chaîne ou des pneus. « Et c’est tant mieux. Je suis là pour ça. Pour cet entretien courant. Qu’il ne faut pas sous-estimer sinon c’est la panne plus grave », insiste celui qui propose aussi de mettre à disposition son lieu pour des passionnés de la bricole. « Un self-garage qui n’a eu que deux demandes pour l’instant », lance celui qui espère développer cette partie.
Sa première moto : une Harley
Ce chirurgien de la mécanique aime aussi les opérations plus profondes. A moteur ouvert. Celles où il faut toucher au rupteur ou au carburateur quand aujourd’hui tout est à injection. Celles où il faut tout dépiécer avant de tout remonter. Quand ce ne sont pas celles des autres, c’est sur sa BMW de 1966 qu’il pose les paluches et les clefs de 12. Et son Harley Davidson de 1977.
C’est justement avec la mythique marque américaine que sa passion a démarrée. Le grand gaillard ne portait pas sa longue barbe et ses longs cheveux frisés. La tête était rasée et le treillis imposé. « J’étais à Pamiers dans l’Ariège, dans l’armée. Au sein du régiment de chasseurs parachutistes, se souvient-il. Un pote m’avait suggéré que s’il voulait qu’on continue à se voir, il fallait que j’adopte la Harley. C’est ce que j’ai fait ».
Ancien militaire
Depuis, la passion de la moto ne l’a jamais quittée. Durant ses 29 ans et 8 mois passés au service du pays, dont 17 ans aux pompiers de Paris, où il termina colonel au 2e groupement d’incendie, les cylindrés et les caisses à outils ont toujours eu une place dans les casernes successives (d’Aulnay-sous-Bois à Paris XVIIe). « A la cinquantaine, on m’a proposé un poste au sein de l’état-major. Mais cela signifiait la fin du terrain. Cela ne me convenait plus. En 2017, j’ai profité que Bercy pressure avec la révision générale des politiques publiques pour partir avec une mesure d’incitation, indique-t-il. Madame ayant aussi un peu marre de la vie parisienne ».
Pour l’homme natif de Beauvoir-sur-Mer, un retour vers ses terres d’origine a donc été envisagé. Avec ce projet de créer son garage, avant d’enlever ses épaulettes. Mais avant, aussi gradé soit-il, l’homme a dû repasser par l’école. Direction le lycée professionnel du Bourget en Seine-Saint-Denis pour 8 mois de cours et d’apprentissage.
Retour à l’école à 50 ans
« J’avais des gens qui avaient 30 ans de moins, autour de moi et qui utilisaient leur portable en classe », se souvient celui qui a dû jouer les professeurs en en mettant régulièrement quelques-uns dehors. Bien loin de son éducation à lui. Ceci étant, en juin 2018, Gérald Boutolleau était diplômé. Après avoir été apprenti chez Motomax à Haute-Goulaine. Pour démarrer un nouveau départ. Autour de gros cubes.
Chez gégé motorbikes, entretien/réparation toutes marques et tous âges. Du lundi au vendredi de 9h30 à 19h (17h le mardi et uniquement le jeudi après-midi). Contact chezgegemotorbikes@gmail.com ou 06 37 45 25 18.