
Vente de légumes mardi matin devant la gare SNCF : l’intégralité de la recette a été versée à la caisse de solidarité des cheminots, en grève depuis le 5 décembre. (©Jean LAVALLEY)
Veille de Noël ensoleillée, un peu venteuse peut-être, au carrefour des luttes, place Jean Jaurès, face à la gare de Cherbourg. Sur le grand panneau d’affichage, masquant l’annonce des festivités de fin d’année, la banderole détournant un dessin de Heula est toujours en place, rappelant que les revendications concernant l’hôpital n’ont pas été satisfaites.
Le flot habituel de voitures passe sans trop la regarder. Quelques coups de klaxon en revanche. Ils s’adressent aux militants de l’intersyndicale, toujours mobilisés contre la réforme des retraites.
Ce mardi matin, la tente a été dressée devant la gare, avec une distribution de tracts aux automobilistes, au niveau des feux. Pas de ralentissement, un accueil parfois indifférent, mais plus souvent souriant.
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Pour la caisse de grève des cheminots
La ferme Hébé, de Néhou, entre Bricquebec et Saint-Sauveur-le-Vicomte, a installé son étal juste à côté de la tente. Des légumes de saison, du miel, du jus de pomme, un peu de vin chaud aussi qui mijote sur un réchaud. « Que des produits bio », souligne le jeune agriculteur. Et prix libres :
Ce sont là nos produits de fin d’hiver, en espérant le printemps. C’est notre manière à nous de participer au mouvement. Les gens donnent ce qu’ils veulent. Tout le produit de la vente sera versé, par solidarité, à la caisse de grève en soutien aux cheminots.
Ce jeune maraîcher évoque aussi l’agri-bashing, une prise de conscience aussi en faveur du travail mené par les agriculteurs. « On essaye de rendre la pareille… » François Pouillotte, une de ces cheminots en grève depuis le 5 décembre, apprécie cette solidarité. Il explique :
Vingt jours de grève, cela pèse. Nous nous sentons aussi, par moments, un peu isolés, montrés du doigt avec notre régime spécial. Mais il y a chez les cheminots une volonté d’aller jusqu’au bout.
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« Portés par la base »
Il en veut pour preuve les réactions, à l’Unsa en particulier, où l’appel à la trêve des fêtes de fin d’année lancée par la direction du syndicat est rejeté lors des assemblées générales. Lui milite à la CGT, « et nous sommes vraiment portés par la base. »
Sur le réseau ferré, trois trains seulement circulent chaque jour entre Cherbourg et Paris.
Le système fonctionne au ralenti, la maintenance n’est pas assurée comme elle devrait l’être. Même l’encadrement affiche une sympathie pour le mouvement, marquant un attachement profond à notre système de retraites.
La perspective de la nouvelle journée interprofessionnelle, le 9 janvier, est encore assez lointaine. Alors pour éviter que le mouvement retombe, une nouvelle action est proposée à Cherbourg, samedi prochain à 11 h 30, avec un rassemblement au pied de la statue de Napoléon.
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