Gérard Leneveu, le maire de Giberville, près de Caen (Calvados), a mis en place un cahier de doléances depuis une semaine. Les gilets jaunes peuvent écrire leur colère et leurs revendications. (©Grégory Maucorps/Liberté le bonhomme libre)
La Ville de Giberville, près de Caen (Calvados), a été l’une des premières du Calvados à ouvrir un cahier de doléances.
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Depuis une semaine, les gilets jaunes ont l’opportunité d’exprimer leur colère et leurs revendications dans ce cahier de doléances gibervillais. Dives-sur-Mer en a également ouvert un et Colleville-Montgomery réfléchit à l’idée. Interview avec le maire de Giberville Gérard Leneveu.
« Important de donner la parole à la population »
Pourquoi avoir ouvert un cahier de doléances pour les gilets jaunes à Giberville ?
Cela me paraissait important de donner la parole à la population de Giberville notamment. En tant que maire, je vois plein de dossiers au CCAS (Centre communal d’action sociale) où les gens sont de plus en plus dans la précarité et la misère.
J’avertis depuis longtemps en tant que maire mais aussi de militant du Parti communiste sur le problème du pouvoir d’achat. Cela me semblait important d’être le relais de leur mécontentement et de leurs revendications, pour qu’ils puissent s’exprimer.
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Y a-t-il des retours depuis l’ouverture du cahier de doléances, il y a une semaine ?
Pour l’instant, on a peu de retours, mais ça va venir. On va distribuer le bulletin municipal dans les jours qui viennent et il y aura un encart sur le sujet à l’intérieur pour que les gens se rendent en mairie ou pour qu’ils nous renvoient leurs avis par papier ou sur Internet s’ils n’osent pas venir en mairie pour l’intégrer dans le cahier de doléances.
« Les gouvernements successifs ont fait les sourds. Il y a un mécontentement énorme »
Que pensez-vous du mouvement des gilets jaunes ?
Je les soutiens, car cela part de très loin. Quelques avancées ont été faites, mais ne sont pas suffisantes je pense, au niveau du pouvoir d’achat notamment. La police nationale a obtenu gain de cause pour son pouvoir d’achat, et tant mieux, mais c’est un problème dans tous les services publics. Dans la santé par exemple, les infirmières méritent aussi…
Globalement, pour les gens qui sont au chômage et dans une précarité totale, il faut plus qu’un coup de pouce, mais des choses significatives. Il y a de l’argent : Bernard Arnaud gagne en 1h ce que l’on gagne en une vie, c’est indécent. Des entreprises qui gagnent de l’argent licencient en même temps. Les gens voient qu’il y a deux poids, deux mesures.
Les gouvernements successifs ont fait les sourds, ça a couvé. Il y a un mécontentement énorme. Et quand vous voyez que 50 % des maires réfléchissent à démissionner, c’est grave pour la République ! On est confronté à cette situation sociale mais dans le même temps, on nous enlève des ressources financières. Alors que la commune est un lieu de vivre ensemble, de cohésion sociale.
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Jusque quand le cahier de doléances sera-t-il disponible en mairie ?
Il sera là autant de temps qu’il faut. Mais je me suis engagé à aller le déposer à la Préfecture pour que ce soit remis au Président de la République. Tout dépendra des retours et de l’actualité.
Service militaire, ISF, CSG… : quelques doléances de Gibervillais
Une semaine après l’ouverture du cahier de doléances à Giberville, quatre habitants se sont manifestés, dont une de Guadeloupe ce jeudi 20 décembre 2018 qui réclame par mail « le rétablissement du service militaire pour éviter les dérives causées par ces bandes de jeunes désœuvrés ».
Pour deux autres Gibervillais, la suppression de la CSG pour tous les retraités et la restauration de l’ISF font partie des revendications.
Un référendum pour toutes les décisions importantes, le retour de la retraite à 60 ans, la hausse des salaires pour tous et des minimas sociaux, la lutte contre les paradis fiscaux, la proportionnelle à toutes les élections, le contrôle du train de vie de l’Etat ou la baisse des salaires des députés, des ministres ou du Président de la République font également partie des propositions figurant dans le cahier des doléances gibervillais.
« Il faut une répartition plus juste des impôts (14 tranches au lieu de 5) et pouvoir révoquer les élus quand ils ne respectent pas leur programme », écrit aussi Jacqueline. En conclusion de ses revendications, Alain, fataliste, note : « Je pense que ce questionnaire ira tout droit dans une poubelle ».