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Dans l'Eure, des gilets jaunes crient leur colère devant la gendarmerie de Louviers

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Les gilets jaunes étaient une vingtaine à manifester ce vendredi 21 décembre 2018 devant la gendarmerie de Louviers.

Les gilets jaunes étaient une vingtaine à manifester ce vendredi 21 décembre 2018 devant la gendarmerie de Louviers. (©La Dépêche de Louviers / Pierre Choisnet)

Ils ne sont plus qu’une vingtaine, mais ce sont les plus motivés ! À Louviers, en fin de matinée ce vendredi 21 décembre 2018, des gilets jaunes étaient rassemblés devant la gendarmerie. Objectif : exprimer leur colère après avoir subi, ils le promettent, « des violences de la part des forces de l’ordre. »

Les gendarmes, de leur côté, ont procédé à trois interpellations.

Chronologie des faits

Tout commence ce matin à 5 h 30 quand certains gilets jaunes arrivent au niveau de l’écoparc d’Heudebouville et constatent que les gendarmes sont sur place. « On avait prévu de bloquer l’accès mais un mouchard nous a vendus et les flics étaient déjà là », regrette Jordan, 21 ans, jeune homme de Louviers « sur le front depuis le 17 novembre. »

À LIRE AUSSI : Les gilets jaunes de Louviers recherchent-ils un nouveau souffle ?

L’information circule vite auprès des manifestants qui décident de se retrouver au niveau du rond-point des Clouets, à Val-de-Reuil. Jordan précise.

Là, on a mis en place un barrage filtrant, surtout pour les camions, et on a bloqué l’accès à l’autoroute. »

À ses côtés, Christelle, d’Acquigny, ajoute :

Il n’y a eu aucun problème avec les policiers, ils étaient présents mais n’ont pas été violents. »

Ensuite, un groupe de gilet jaune est reparti en direction d’Heudebouville, toujours dans l’optique de bloquer l’écoparc, comme l’indique Jordan.

Direct, les gendarmes qui étaient présents ont été violents, ils nous ont fait des balayettes. Alors qu’aucun d’entre nous n’était armé et personne ne les a insultés. »

« Ils ont voulu prendre nos portables parce qu’on filmait ce qui se passait », lance une manifestante en colère qui se rappelle de « gendarmes harnachés comme des Robocop ! »

Version des gendarmes

Le commandant en second de la brigade de gendarmerie de Louviers apporte sa version des faits, confirmant qu’une trentaine de gendarmes avaient été dépêchés à Heudebouville.

Il y avait les brigades de Louviers et Pont-de-l’Arche, le Peloton de surveillance et d’intervention de la Gendarmerie (PSIG) de Louviers et d’Évreux ainsi que la brigade de recherche (BR) de Louviers.

Nous avons procédé à trois interpellations d’individus majeurs pour entrave à la libre circulation et outrage à agents ainsi que quelques violences à notre encontre. Des somations avaient été émises mais ils n’ont pas voulu les entendre. »

Ce que le gendarme ne comprend pas, c’est que « la loi en leur faveur a été votée cette nuit et qu’ils ne sont même pas au courant ». Il fait référence à la prime exceptionnelle, aux heures supplémentaires défiscalisées et à l’exonération élargie de hausse de CSG pour certains retraités, mesures validées par l’Assemblée nationale dans la nuit de jeudi 20 à vendredi 21 décembre 2018.

En outre, le capitaine estime que « quelques irréductibles ne veulent rien entendre. »

Aujourd’hui, une vingtaine de gendarmes sont sur le terrain dans la circonscription de Louviers, à « des endroits stratégiques ». C’est, dit-il, « le problème ». Explications.

On constate une forte augmentation du nombre de cambriolages car les voleurs savent que nous sommes mobilisés à cause de gilets jaunes, donc ils en profitent. »

Les gilets jaunes veulent « reprendre du terrain »

Pourquoi ces gilets jaunes ont-ils voulu bloquer l’accès à l’Écoparc ? Une bonne partie d’entre eux occupaient jusqu’à mardi soir la cabane située sur le rond-point d’Intermarché, à Louviers, avant d’être contraints par la police nationale de la détruire. « On avait un endroit pacifique, sécurisé et où on ne gênait personne. Ils nous l’ont enlevé, on est bien obligés de reprendre du terrain pour se faire entendre », avance Jordan.

Valentin, un jeune parisien de 24 ans, était sur place ce matin. L’ancien étudiant en école de cinéma, aujourd’hui dans une boîte de production dans la capitale, fait part de son incompréhension.

Je suis arrivé en Normandie il y a trois jours pour faire un film sur les gilets jaunes. Je filmais deux arrestations arbitraires quand ils ont embarqué ma caméra. Depuis le début du mouvement, je filme les discussions, les gens autour du feu, la colère, la bonne humeur et les manifestations. J’espère qu’ils ne vont pas supprimer mes images, ils n’en ont pas le droit ! »

À l’intérieur de la gendarmerie, Jérôme attend qu’on lui rende son téléphone. Cet habitant de Vironvay est ressorti avec une amende de 22 €.

Je ne manifestais pas, je suis passé devant, j’ai vu qu’il y avait des gilets jaunes, je me suis arrêté et j’ai juste pris une photo pour la montrer à ma femme. »

Arrêté du préfet sur l’interdiction de manifester

Un gendarme est ensuite sorti pour leur lire l’arrêté du préfet de l’Eure, Thierry Coudert, qui a décidé aujourd’hui d’interdire toute manifestation sur la voie publique dans Heudebouville. D’autres arrêtés datés du 20 décembre 2018 portent la même interdiction dans les communes de Louviers, Évreux, Conches-en-Ouches, Vernon et Val-d’Orger.

Un gendarme de Louviers a lu aux gilets jaunes l’arrêté du préfet de l’Eure portant interdiction de manifester sur la voie publique dans la commune d’Heudebouville.

Un gendarme de Louviers a lu aux gilets jaunes l’arrêté du préfet de l’Eure portant interdiction de manifester sur la voie publique dans la commune d’Heudebouville. (©La Dépêche de Louviers / Pierre Choisnet)

« C’est de la censure ! » crient certains gilets jaunes à l’évocation de ces décisions du préfet. Jordan s’emporte.

On n’arrêtera pas, on ne lâchera rien. Ils essayent de nous essouffler, de nous démotiver, mais ils n’y arriveront pas . J’espère que ça n’arrivera pas à de la violence, même si je pense que ce sera le cas. »

Et une manifestante assure même qu’il « n’y aura pas de trêve de Noël », comme cela est demandé par certains gilets jaunes, dont Ingrid Levavasseur, figure emblématique du mouvement qui vit à Pont-de-l’Arche.

Noël ça se passe en famille. Et on est une famille de gilets jaunes maintenant. »

À LIRE AUSSI : Coups de feu tirés devant le domicile du député Bruno Questel qui suspecte des gilets jaunes


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