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Produit à Lanrivain, Gommenec’h, Pont-Melvez… Laitik : face à la crise, ils créent un lait local

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Une cinquantaine d'agriculteurs bretons se sont associés pour produire leur lait, Laitik. Parmi eux, une dizaine de la région de Guingamp, dont Jean-Jacques Le Moël à Saint-Nicolas-du-Pélem et Ronan Cozler à Lanrivain.

Les premières briques de lait sont sorties de l’usine de Trémorel, près de Loudéac, il y a un bon mois. Un lait cent pour cent breton, produit et commercialisé par une cinquantaine de paysans, dont une dizaine de la région de Guingamp.

Après des années de galère, ces paysans voient enfin le bout du tunnel. Mais le combat ne sera réellement gagné que si les consommateurs jouent le jeu. Que si les clients des grandes surfaces Carrefour, Intermarché et Super U, ainsi des petites épiceries, décident d’acheter le nouveau lait Laitik, « 100% breton, produit chez nous, pour vous ». Les paysans du secteur font la promotion de leur nouveau produit en ce moment dans plusieurs magasins du territoire, pour convaincre la population d’adhérer à leur projet.

Vendu à moins de 70 centimes le litre

Ces exploitants vendent du lait de leur ferme en brique dans les supermarchés, « à moins de 70 centimes le litre. A un prix qui nous permet de vivre de notre travail ». Du lait de Bretagne uniquement. Ils sont 54 producteurs des quatre départements bretons à participer à cette folle aventure. Dont des gars de Saint-Nicolas-du-Pélem, Lanrivain, Pont-Melvez, Plounévez-Moëdec, Gommenec’h, Quemper-Guézennec… Ils ont ouvert leur propre laiterie à Trémorel, « dans un ancien abattoir racheté au groupe Bourgoin et réaménagé ».

« Il était temps de repartir à zéro »

Il leur a fallu six ans en tout pour lancer leur affaire. « Ça a démarré le jour où on a refusé d’adhérer à Sodiaal », résume le Pélémois Jean-Jacques Le Moël. Celui-ci poursuit : « On a tellement souffert qu’aujourd’hui on aspire à quelque chose de meilleur. Les familles aussi ont souffert. Il était temps que ça change. Le système actuel est mort et nous, on était au bout du rouleau. Le système actuel est mort, il était temps de repartir à zéro. »

Ils expliquent que la plupart des fermes qui travaillent pour cette nouvelle laiterie sont en système herbager : « On a fait le ménage. Cela nous a permis de travailler autrement et d’aller vers un système moins intensif mais beaucoup plus rentable. » En plus de leur usine, ils ont acheté trois citernes et embauché trois chauffeurs pour collecter le lait dans toute la Bretagne. Une dizaine de salariés travaillent dans l’usine. Un effectif qui devrait s’étoffer quand la fabrication des produits frais et des desserts lactés débutera. « Au printemps on espère », sourient les paysans, qui ont chacun « mis des fonds sur la table pour lancer leur affaire. Autant investir soi-même dans la valeur ajoutée. » Un investissement de 6,5 millions d’euros au total.

« L’usine est à nous »

Ces paysans se revendiquent « 100 % indépendants ». Comprenez aucun lien avec un quelconque syndicat agricole. Et aucun investisseur extérieur dans leur affaire. « L’usine est à nous, on n’a aucun financier. Tous les agriculteurs sont actionnaires de l’outil industriel, avec un principe de zéro rémunération dans le CA. On ne veut pas recréer le système qu’on a quitté. On revient 50 ans en arrière, mais c’est pour la bonne cause. » Ils appartiennent désormais à une Sica, « ouverte à tout le monde, mais pas à n’importe qui. » Ils ont clairement la volonté de « maîtriser leur outil et de garder l’affaire à taille humaine ». Selon eux, « les gens sont réceptifs et nous comprennent » (lire ci-dessous).

Qui sont ces agriculteurs ?

Les deux paysans que nous avons rencontrés (notre photo) sont installés en Argoat. Jean-Jacques Le Moël est producteur de lait à Saint-Nicolas-du-Pélem. Il a 41 ans et est installé depuis 1997 à la tête d’une exploitation de 55 vaches laitières (normandes), sur 63 ha, en système herbagé. Il ne se voyait « pas continuer dans ce métier pour des gens qui nous méprisent. C’était ou notre projet commun, ou les vaches dans le camion. Mais je ne me voyais plus travailler pour le système, j’ai trop de cicatrices. »

Son collègue et presque voisin, Ronan Cozler, de Lanrivain, ne regrette rien, lui non plus. A 31 ans, il travaille sur une exploitation de 95 ha, avec 80 vaches (Prim Holstein), en EARL aux côtés de sa maman. Il a pris le risque de s’installer au début de l’année 2012, au creux de la vague. « Il y avait une porte de sortie, c’était la solution qu’on a trouvée ». Sa maman acquiesce et ajoute : « Il fallait oser. » Son fils renchérit : « Le métier est dur, mais si c’est rémunérateur ça va. On devait sortir de ce système de toute façon. »


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