Trois frères, de 30 à 34 ans, ont comparu lundi 21 janvier 2019 devant la cour d’appel de Caen (Calvados), soupçonnés d’avoir piloté ou profité d’un vaste trafic de stupéfiants qui a alimenté la région de Granville, Coutances et Saint-Lô (Manche), entre 2012 et 2014.
Condamnés en première instance
En première instance, deux d’entre eux ont écopé de quatre ans de prison et 10.000 euros d’amende.
L’enquête s’est accélérée en juin 2013, après sept mois de filatures et d’écoutes téléphoniques. Placé sur écoute, un Granvillais avait été interpellé sur l’A13 alors qu’il rentrait de la région parisienne, avec 3 kg de résine de cannabis cachés dans l’habitacle de sa voiture et plusieurs téléphones portables.
Rapidement, les enquêteurs identifient son fournisseur présumé, avec qui il a été aperçu quelques heures plus tôt sur le parking d’un fast-food de Goussainville (Val-d’Oise).
40.000 euros cachés dans les plinthes
Un peu moins d’un an plus tard, ce dernier est interpellé en région parisienne avec ses quatre frères et sœurs. Eux-aussi mis en cause, les parents de la fratrie ont finalement été relaxés après leur procès, en juillet 2017, à Coutances.
Lundi 21 janvier 2019, deux des trois prévenus ont contesté leur implication. Le troisième homme, un frigoriste de 30 ans, a quant à lui minimisé son rôle dans le réseau, assurant notamment qu’il ne servait que de nourrice pour dissimuler la drogue.
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Cannabis, cocaïne, gilet pare-balles…
Lors de la perquisition de son domicile, les enquêteurs avaient découvert 4 kg de résine de cannabis « bien cachés », a souligné Marc Hedrich, le magistrat qui a instruit le dossier. Mais aussi 20 g de cocaïne, un gilet pare-balles, un détecteur de faux billets et surtout plus de 40.000 euros en petites coupures, disséminées « un partout dans les plinthes » de la maison.
Au total, le dealer présumé a reconnu avoir caché plus de 20 kg de cannabis en dix mois, pour lesquels « les chefs » lui auraient remis 500 euros par mois. Des chefs dont il refuse de révéler l’identité, « pour ne pas avoir de problème », se justifie-t-il. La somme semble ridiculement faible « vue le risque pris », soupire le magistrat, pas vraiment convaincu par les propos du trentenaire.
Voyages et montres de luxe avec… 865 euros par mois
Sans emploi au moment des faits, l’homme percevait 865 euros d’allocation chômage. Pour autant, il menait la belle vie, avec vêtements et voitures de luxe. Celui qui est aujourd’hui frigoriste multipliait également les voyages vers la Thaïlande, Haïti, Miami… Placé quatre mois en détention provisoire, il avait justifié son train de vie dispendieux par le fruit d’un autre trafic de pièces mécaniques, pour lequel il n’a pas été inquiété.
Je n’avais pas de Rolex, c’était une fausse. Tout comme les vêtements », s’est défendu le prévenu.
Une version « difficile à maintenir », a répliqué l’avocat général, après avoir rappelé que l’homme a été directement mis en cause par deux de ses revendeurs granvillais et la compagne de l’un d’eux, chez qui il a reconnu avoir passé une soirée.
Blanchiment d’argent dans une pizzeria
Présenté comme la tête de ce réseau familial, l’aîné des trois frères est quant à lui soupçonné d’avoir également blanchi une partie de l’argent sale dans la pizzeria de l’un de ses frères, « un établissement un brin fantomatique », soupire Marc Faury, pour le parquet.
« C’est lui qui semblait donner les ordres », précise le président de la cour.
Trois ans de prison ferme demandés
Dans ses réquisitions, le représentant du parquet a demandé trois ans de prison ferme et 10.000 euros d’amende à l’encontre des deux frères, qui étaient jusque-là inconnus de la justice. Il a requis un an avec sursis à l’encontre du troisième homme, un moniteur d’auto-école qui travaillait parfois au noir et à qui le parquet reproche de ne pas avoir pu justifier de l’origine des fonds découverts sur son compte bancaire.
La cour d’appel a mis sa décision en délibéré. Elle rendra son arrêt le 13 mars 2019.
En première instance, les deux principaux mis en cause avaient écopé de quatre ans de prison et 10.000 euros d’amende.
Le tribunal de Coutances avait condamné le troisième à un an de prison avec sursis.