Après un premier récit « La masure de ma mère » publié en 2015 (Editions dialogues) en collaboration avec Jean Rohou, Jeanine Ogor livre cette fois un témoignage tiré de ses souvenirs d’enfance de l’âge de 4 à 7 ans, à Plabennec, à proximité de Brest…« Je suis née au bout du monde, dans le Nord Finistère, là où le vent souffle fort et où la brume donne un joli teint aux filles; sur une petite île… Non, ce n’était pas Molène, ce n’était pas Ouessant, ni l’île de Sein… c’était une île sur la terre, toute petite, avec une petite maison, une petite grange, une petite étable… et j’étais la reine dans ce domaine fabuleux, à mes yeux ! » écrit en préambule de son ouvrage Jeanine Ogor.
« Emportée par ses rêves »
Jeanine Ogor est née le 10 septembre 1940 à Plabennec, commune située à proximité de Brest. « Mon père avait été mobilisé le 3 septembre 1939, forcément cette situation m’a interpellée, surtout lorsqu’on sait qu’il faut neuf mois pour faire un enfant ! » Lorsqu’on l’interpelle sur ce qu’elle percevait comme une île, l’auteure explique : « La maison était construite sur un promontoire, la rivière arrivant au pied de cette hauteur, se divisait en deux bras enserrant cette colline. Il n’en fallait pas plus à la petite fille que j’étais alors, pour être emportée par ses rêves, avant d’en être parfois sortie par le vol des avions et les bombardements qui s’en suivaient… » Jeanine Ogor et son époux Jojo sont tous les deux originaires de Brest mais se sont installés en Morbihan en 1975, d’abord à Vannes, puis à Bignan en 2000, dans une jolie demeure entièrement restaurée par le couple. Tous les deux, retraités depuis quelques années maintenant, mènent leur vie au gré de leurs envies, après avoir élevé quatre garçons et une fille.
« J’ai encore eu envie de noircir du papier… »
« Ecrire a toujours été pour moi un divertissement. Après un premier récit « La Masure de ma mère » publié en 2015, et réalisé en collaboration avec Jean Rohou, j’ai encore eu envie de noircir du papier avec les souvenirs de ma petite enfance, vécue à Plabennec. L’histoire de ma mère comme celle relatant les dernières années de guerre dans le Finistère, se caractérisent non pas comme des romans littéraires mais davantage comme des témoignages, » souligne Jeanine Ogor. « 1944… Et il pleuvait des bombes sur Brest » retrace la vie des gens simples, où le quotidien vibrait au rythme des alertes, des avions, de l’abri et des bombardements… J’ai souhaité conter la vie d’une famille ordinaire vivant à une époque extraordinairement trouble, cruelle ».Elle n’avait que quatre ans lorsqu’en 1944, les avions passaient au-dessus de leur tête… « Il s’agissait d’avions alliés, anglais le plus souvent au bruit si particulier : des spitfire de la Royal Air Force qui passaient à très basse altitude, tellement proches de nous, qu’on distinguait souvent les lunettes des pilotes, se souvient Jeanine Ogor. « Ils arrivaient de la mer puis montaient dans les airs avant de redescendre en piqué sur Brest… Ils lâchaient leurs bombes sur Gouesnou, Bohars mais visaient surtout le port et la base sous-marine. » Les années ont passé mais Jeanine Ogor n’oublie pas, ni le sifflement des avions, ni les odeurs de feu…
« Le chien aboyait à l’arrivée des Spitfire… »
« Lorsque les avions fonçaient sur Brest en un sifflement sinistre, ça vrillait dans les oreilles. Qui a connu les sirènes d’alerte et les avions en piqué, a à jamais le bruit inscrit au fer rouge dans le cerveau. Je reconnais toujours ces bruits spécifiques lorsqu’on les entend dans des films. Si j’étais dans l’incapacité de faire la différence entre les avions, les adultes eux le pouvaient… Le chien aussi d’ailleurs ! Il aboyait en tirant sur sa chaîne comme un perdu lorsque les avions alliés arrivaient ! Il ne disait rien par contre, lorsqu’il s’agissait de Stukas allemands. Mais il est vrai aussi que les allemands ne nous tiraient pas dessus, ils vivaient parmi nous… » A la fin de la guerre, Jeanine et sa famille se rendaient assez régulièrement à Brest. C’était la désolation, la plupart des maisons avaient été détruites. Certaines, toujours debout conservaient inscrit en elles des impacts de balles ou d’éclats d’obus… Pour loger les gens, des baraques alignées avaient été montées. « On se serait cru dans une ville en bois, avec ses rues et ses petits jardinets : Saint-Marc, Saint-Pierre, Pontanézen et combien d’autres quartiers encore, n’existaient plus…Et puis avec le temps, les fameuses baraques en bois ont laissé place à des constructions modernes, des habitations construites en hauteur… des cages à lapins comme on les nommait ! » confie Jeanine Ogor. Un récit intéressant à découvrir, offrant un aperçu de la vie d’une famille ordinaire finistérienne en cette période trouble que fut celle de la Seconde guerre mondiale.
J.-.M. F.
Pratique :
« 1944… Et il pleuvait des bombes sur Brest » : l’ouvrage de Jeanine Ogor est à vendre sur Amazon.fr, dans les boulangeries de Bignan et vers mi-février à la Maison de la presse de Locminé et dans les environs. Tarif : 10€. Contact, tél : 02 97 60 20 60.