C’est Dominique Ramard, président du syndicat mixte exploitant de l’usine d’incinération de déchets de Taden, près de Dinan, dans les Côtes d’Armor, qui a annoncé la nouvelle, mardi matin. Pierre-Marie Battais qui devait créer ces serres à tomates bios sous l’enseigne Tom’Rance abandonne son projet.
Rappelons qu’il s’agissait d’une exploitation qui aurait été chauffée par l’usine de valorisation énergétique de Taden grâce à des canalisations transportant la chaleur fatale (perdue) de l’établissement.
Pas de terrain disponible
D’après Dominique Ramard, les raisons de l’abandon sont dues au fait qu’aucun terrain n’a été trouvé par le syndicat mixte, suffisamment proche de l’usine (il ne fallait pas dépasser un périmètre de trois kilomètres pour limiter le coût de l’investissement technique pris en charge par la collectivité à hauteur de 3M€).
Le premier site envisagé appartenait bien au syndicat mixte mais une partie était en zone humide. Nous avons donc proposé d’échanger ces terres – néanmoins cultivables – avec d’autres exploitants. Malheureusement, personne n’a donné suite à nos demandes. »
Un projet controversé
Contacté, Pierre-Marie Battais n’a pas souhaité donner d’explications à son retrait.
Le projet, initié voici quatre ans et apparu sur le devant de la scène, début 2018, a suscité, par ailleurs, une ferme opposition. De la part de riverains du premier site pressenti, à Quévert et Taden mais aussi d’agriculteurs bio, de la confédération paysanne, Gab22, des écologistes, etc.
Aux yeux de tous ces opposants, il ne s’agissait pas de produits bio : la production aurait été industrielle, les saisons pas respectées (grâce au chauffage de l’usine), les petits producteurs du coin auraient trinqué, disaient-ils en substance.
Même si Dominique Ramard a toujours plaidé sur le fait que cette production aurait fait l’objet de circuits longs, en concurrence avec les produits espagnols, hollandais, etc.
Pour éviter une mégataxe
Aujourd’hui, le président du Syndicat mixte du Pays de Rance et de la Baie cherche de nouveaux projets susceptibles d’acheter la chaleur perdue de l’usine d’incinération de Taden. Pour des raisons écologiques, certes, mais aussi économiques.
Selon lui, la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP), devrait doubler et coûter 500.000€ de plus au syndicat si l’usine ne conforte pas son rendement énergétique pourtant déjà performant.
Cependant, 500.000€, est-ce si important, à l’échelle du bassin de population couvert par les syndicats, soit 290.000 habitants ? L’augmentation répercutée sur le contribuable serait à peine de 2€ à l’année par habitant….
Mais, répond Dominique Ramard, « aujourd’hui, la moindre augmentation de taxe est mal vue, même si c’est pour des raisons écologiques ».
Préférence pour de l’agricole
L’élu ne désespère pas de trouver un autre projet agricole :
C’est la meilleure solution, compte-tenu du classement des terres voisines de l’usine, mais il faudrait que leurs propriétaires fassent l’effort de négocier avec nous. »
Dominique Ramard semble aussi désormais enclin à récupérer la chaleur fatale pour du chauffage collectif.
Mais l’équation reste difficile à résoudre : les habitations ne doivent pas être trop éloignées de l’usine pour que le coût de revente de cette énergie à 52° soit rentable et n’anihile pas l’économie recherchée sur la TGAP.
Nous cherchons aussi des projets venant d’entreprises. La solution ne pourra venir du seul syndicat mixte… »
En attendant, si un projet se pointe à l’horizon, la collectivité devra monter à nouveau un dossier de subvention auprès de l’ADEME (agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie).
Un million d’euros vient de lui passer sous le nez avec l’abandon du projet de serres à tomates.
Taden, près de Dinan : ils veulent faire interdire le projet de serres à tomates bio