Rendez-vous est pris au centre équestre de Langonaval à Plouigneau. La patiente, Sibylle, 12 ans, 600 kg, n’est pas à sa première visite chez le dentiste. « C’est la deuxième fois », raconte sa propriétaire, Kathy Berthou, venue de Plougonven pour faire remettre la denture de sa jument dans le droit chemin buccal. Pour ce faire, Sibylle a été équipée d’un pas-d’âne, appelé aussi ouvre-bouche, qui écarte la mâchoire, afin de permettre un accès facile aux dents à soigner.
Formation en Belgique
« Comme chez les humains, il est indiqué de faire une visite de prévention par an, conseille Leslie Serret, fraise diamantée en main. Ce n’est absolument pas un soin de luxe. Seul compte, le confort du cheval. »
Au fait, comment devient-on technicienne dentiste équine ? « Je cherchais un métier autour des soins à apporter aux chevaux », confie Leslie Serret qui est également monitrice d’équitation au centre Langonaval. Le soin des dents était pour elle une évidence. Pour sa formation, elle a choisi l’une des écoles les plus réputées, l’École européenne de dentisterie équine à Eghezée en Belgique. Une formation entre théorie et pratique avec notamment des stages dans des centres équestres allemands. Deux ans plus tard, elle repart en Bretagne, diplôme de technicien dentiste équin en poche.
« Cette école existe depuis une quinzaine d’années, poursuit Leslie Serret. Il y a encore peu de formation en France.
Il a fallu se battre pour que cette profession soit reconnue officiellement. La pratique hors vétérinaire était considérée illégale ».
Elle continue par ailleurs à parfaire sa technique, en accompagnant régulièrement dans les centres équestres un dentiste équin de renom, Harold Feugas. « C’est une profession qui évolue, il y a un besoin constant de continuer de se former ». Et la clientèle suit, consciente qu’il en va du bien-être de l’animal.
Des surdents
Quels sont les problèmes dont peut souffrir la dentition d’un cheval ? « C’est avant tout un problème de surdents qui se développent et amènent à des difficultés de mastication. Le cheval qui est un herbivore passe à l’état naturel 20 h sur 24 heures à mastiquer. Ce qui évite la formation de surdents. Mais l’homme est arrivé. Et domestiqué, le cheval ne mastique plus que 6 h par jour ».
Résultat, ces surdents, formées de pointes d’émail très coupantes se forment sur les molaires et prémolaires.
Le travail du dentiste équin consiste principalement à limer et râper pour mettre la dentition de nouveau d’aplomb et surtout l’espace où l’on pose le mors.
La séance dure environ 20 minutes. Sibylle était une patiente parfaite. En pleine confiance, elle n’a pas bronché. Elle reviendra dans quelques mois pour une nouvelle séance dentaire.