L’accident s’est produit lundi 23 avril 2018 à Cabourg (Calvados).(©Le Pays d’Auge)
Un chauffeur de poids-lourd de 52 ans a été jugé jeudi 28 février 2019 à Caen (Calvados), pour avoir causé le mort d’une jeune fille, en la percutant avec son camion, en avril 2018.
Le lundi 23 avril 2018, il est 7h35 quand une adolescente de 15 ans se dirige vers l’arrêt du bus qui doit l’emmener au collège. Elle n’y arrivera jamais. Percutée par un poids lourd en traversant la route elle décède quatre jours pus tard des suites de ses blessures. Stéphane*, le chauffeur, a été jugé en correctionnelle jeudi 28 février pour homicide involontaire et excès de vitesse.
Choc d’une violence inouïe
Dans l’agglomération de Cabourg, pour rejoindre son arrêt de bus, Marion* traverse la chaussée sans regarder et en dehors du passage piéton, selon des témoins. C’est alors qu’arrive un camion Volvo de 12 tonnes qui la percute avec une violence inouïe. Dès l’arrivée des secours, le pronostic vital de l’adolescente est engagé. Elle souffre d’une hémorragie intracrânienne et d’un œdème cérébral. Elle décède quelques jours plus tard. « Je roulais prudemment, explique alors le chauffeur, choqué. Elle a déboulé sur la route, arrivant de nulle part, j’ai tenté de freiner, sans réussir à l’éviter ».
Ce que corroborent les témoins :
Il a freiné et braqué vers la gauche pour éviter Marion qui sortait entre deux buissons d’une haie de plusieurs mètres, tête baissée sur son portable. Quand elle a levé les yeux, elle s’est mise à courir. Si elle n’avait pas eu ce réflexe, il l’aurait sans doute évitée ».
20 km/h de plus que la vitesse autorisée
Si l’expertise conclu à la sobriété du conducteur et exclut tout problème mécanique, elle retient un excès de vitesse de plus de 20 km/h, contrairement aux dires du chauffeur. Le poids lourd roulait à 72km/h au lieu des 50km/h autorisés, ce qui a augmenté sa distance de freinage d’un mètre. Conclusion du rapport : si l’imprudence de la jeune piétonne a généré l’accident, la vitesse du camion y a considérablement contribué.
Un dossier délicat qui génère tristesse et désarroi
À l’audience, le silence du prévenu est une valeur ajoutée à la douleur des parents, qui culpabilisent de ne pas avoir suffisamment mis en garde leur enfant sur les dangers de la route. Le président Subts leur rappelle qu’il est « bien difficile de raisonner les adolescents qui se croient immortels ».
Pour le procureur, il s’agit d’un dossier délicat qui génère tristesse et désarroi.
Quelle que soit la peine prononcée, elle sera pour certains excessive, pour d’autres insuffisante ».
Tout s’est joué à un mètre près
Il ajoute que si le comportement de la victime a été générateur de l’accident, c’est bien le conducteur en excès de vitesse qui en est le responsable, car tout s’est joué à un mètre près. Entre 12 et 18 mois de prison avec sursis sont requis ainsi qu’une amende de 450 euros pour excès de vitesse et enfin une annulation du permis de conduire.
Le délibéré sera rendu jeudi 9 mai 2019.
*Prénoms d’emprunt.
Nicolas CLAICH