Ce n’est pas faute d’avoir essayé des solutions dont certaines lui ont valu de s’attirer les foudres de ses administrés. Colette Nouvel-Rousselot, maire de Touques (Calvados) depuis 2008 et riveraine de la D62, est bien consciente du problème. Mais ce n’est pas en claquant des doigts ou comme elle le dit « en plantant des panneaux » que le miracle va se produire.
Nous sommes en France et en matière de limitation de vitesse et de déviations, on ne peut pas faire n’importe quoi et surtout pas sans l’approbation de l’instance ad hoc.
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Le sous-préfet en premier
Avant de prendre les décisions qui s’imposent pour recouvrer tranquillité et sécurité dans son centre-bourg et satisfaire la population, Colette Nouvel-Rousselot a suivi la démarche officielle et alerté la sous-préfecture de Lisieux.
J’avais déjà essayé de ralentir la circulation avec de nombreuses chicanes et des dos d’ânes, rappelle l’élue. À bout d’arguments devant le fort mécontentement de certains, j’ai fait appel à notre autorité : le sous-préfet. Patrick Venant, sous-préfet de Lisieux est venu sur place afin de constater puis d’organiser des réunions.
Les choses avancent, le problème est cerné comme l’explique le représentant de la République dans le département : « Nous avons, lors de la première réunion, posé la problématique. Nous sommes devant une traversée de Touques par tout type de véhicules, de la voiturette au 15t, avec une absence complète de connaissance de leur origine ni de leur destination. Pour caractériser le flux, en plus du comptage, nous avons mis en place différents contrôles de police pour, selon l’expression de la police, « une discrimination des véhicules » ».
Les questions posées aux conducteurs qui traversent la commune ont permis d’établir qu’un tiers des véhicules dessert la zone d’activités de Hennequeville-Touques, un autre tiers est composé de véhicules particuliers. Et le reste ? Des transports qui viennent ou partent vers Le Havre.
Le conseil départemental qui a vocation de s’occuper du réseau routier a mené des enquêtes qui révèlent que depuis 2-3 ans, le trafic est stable sur la D74 et la D62. Autrement dit, contrairement à une réflexion souvent entendue, il n’augmente pas.
Dézoomer la zone du problème
Une seconde enquête a été réalisée auprès des grandes et moyennes surfaces de la zone commerciale (Carrefour, Leclerc, Mr. Bricolage, Picard…). Il en ressort que l’approvisionnement de leur stock vient de Lisieux et Caen donc n’a aucune raison de passer par Touques.
Une fois ces constatations passées au peigne fin, l’étape suivante consistera à dézoomer. Le Département sera saisi à son tour pour que ses services puissent mener leur propre enquête et ainsi obtenir une cartographie du trafic sur une zone plus étendue.
Les véhicules transitant par les communes de Saint-Gatien, Bonneville-sur-Touques, Tourville-en-Auge, leurs maires seront sollicités pour prendre des décisions quant au tonnage des camions qui passent par chez eux et la vitesse qu’ils souhaitent voir respectée dans leur commune.
Le but final de ce travail étant évidemment d’éviter les nuisances occasionnées par la traversée de Touques sans pour autant impacter l’activité sur territoire, ni renvoyer le problème chez les voisins.
Des relevés 24h/24 et 7j/7
La copie sera remise à la mi-avril après que les services de police auront fait une approche sur l’intensité de la circulation.
Mais nous souhaitons avoir des relevés 24h/24 et 7j/7 pendant 15 jours grâce aux caméras de vidéo surveillance placés au niveau du rond-point de La Croix de fer qui identifieront les véhicules de façon plus précise, complète Patrick Venant.
Des moyens qui permettront de connaître le nombre exact de passages. Une seconde étude devrait permettre d’identifier la destination et l’origine des véhicules pour la création d’une nouvelle cartographie qui sera soumise à l’approbation du Scot en dernière instance.
L’affaire est sur la bonne voie, mais la voie est longue et sinueuse.