Ils étaient 39 enseignants du privé, réunis devant le lycée Gerbert d’Aurillac, avenue des Prades, pour faire entendre leurs voix, face à une situation « inadmissible et dangereuse », ce jeudi 7 mars 2019.
6 postes menacés dans le Cantal
Patricia Alcaraz, responsable du SEPA (syndicat d’enseignement privé d’Auvergne) CFDT du Cantal est montée au créneau aujourd’hui, vis-à-vis des heures d’enseignement qui vont être supprimées : « Sur le Cantal, trois établissements vont être touchés. Le lycée privé de Saint-Flour perd 18 heures, le lycée Saint-Géraud d’Aurillac perd 25 heures. Enfin, l’établissement Gerbert va être le plus touché avec 66 heures de moins« .
Concrètement, il ne faut pas voir seulement les heures en moins, mais les postes qui vont être supprimés : « Un poste à temps-plein d’enseignant, professeur, représente 18 heures hebdomadaires. À Gerbert, où 66 heures vont sauter, c’est en fait trois postes et demi qui vont disparaître. D’autres vont être précarisés, avec des heures en moins sur leur emploi du temps et ainsi, voir leurs revenus diminuer » souligne la syndicaliste. Au niveau de l’Auvergne, 27 postes sont menacés.
Ces heures, qui vont être « rendues » ne sont pas imputables qu’à la réforme des lycées, mais par une volonté de l’enseignement catholique « de redéployer des heures, vers des régions plus développées ou riches, comme l’académie de Lyon, Créteil, Versailles. C’est cela, le redéploiement interne de l’enseignement catholique » indique Patricia Alcaraz.
Les professeurs présents lors de la manifestation s’inquiètent également de l’avenir de leurs établissements et de la qualité de l’enseignement : « Les établissements seront ouverts l’année prochaine, mais quid des années suivantes et des heures supplémentaires que nous allons devoir encore rendre » indique la représentante du SEPA CFDT.
Les syndicalistes regrettent également une mise à sac des régions rurales au profit de celles plus urbaines : « l’enseignement catholique essaye de faire passer la pilule en prétextant la réforme des lycées, mais c’est un mensonge. Seul 30 % des postes supprimés sont concernés par la réforme, tous le reste découle d’une volonté de l’enseignement catholique de redéployer ses forces et ses effectifs » indique Laurent Alma » secrétaire de l’enseignement privé au CFDT.
Un paradoxe vis-à-vis de l’augmentation des effectifs
L’incompréhension se poursuit, alors qu’une hausse globale des effectifs en Auvergne est prévue pour les années à venir, avec 800 élèves supplémentaires : « Démographiquement, nous allons manquer de professeurs » indique Laurent Alma.
Les centres urbains risquent ainsi d’être surchargé et les zones rurales désertées.
Effet pervers de cette mesure, le manque de professeurs pour alimenter les différentes spécialités ou options proposées prochainement : « Les gros centres pourront ouvrir toutes les classes et spécialités voulues. Les petits lycées vont devoir se contenter de 5, 6 options et perdre en attractivité. Baisse d’attractivité qui conduira à une perte d’élèves et donc une baisse des heures et ainsi de suite » soupir Laurent Alma.
Les syndicats mettent ainsi en avant la notion de « fermeture lente programmée« .