Trois ans de prison ferme avec mandat de dépôt, c’est la peine prononcée ce mardi 19 mars 2019 par le tribunal d’Argentan à l’encontre de Stéphane N., 49 ans.
Il est reconnu coupable d’avoir détenu mais aussi diffusé de grand nombre d’images et vidéos pédopornographiques alors qu’il se trouvait déjà sous le couvert d’une condamnation pour des faits identiques.
Cette affaire commence par un signalement d’Interpol. Il est établi qu’entre 2015 et 2017, un individu d’Argentan a détenu et partagé de nombreux fichiers à caractère pédopornographique. Le pseudo est identifié et conduit les enquêteurs à Argentan chez un homme qui vit aujourd’hui à Vimoutiers.
Les investigations vont leur permettre de découvrir 1 005 images et 5 vidéos pédopornographiques mettant toutes en scène de très jeunes enfants et plusieurs consultations sur des sites pédopornographiques, plus d’une centaine.
Il est également découvert la trace de plusieurs milliers d’images et vidéos effacées. Bien que déjà condamné en 2015 pour des faits identiques, il comparaît encore aujourd’hui devant le tribunal d’Argentan.
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« Vous cautionnez ces viols »
Il répond à la présidente :
Je regrette amèrement ce que j’ai fait, c’est une sorte d’addiction, je ne sais pas comment dire. J’ai été en suivi socio-judiciaire mais j’ai malgré tout recommencé. C’est une drogue, une maladie, j’ai honte de tout ce que j’ai fait ».
« Mais qu’est-ce que cela vous procure de voir tout ça ? ».
« Rien, c’est ça le pire ».
Vous cautionnez ces viols, vous contribuez au développement de ce genre de commerce ».
« Je voudrais revenir en arrière et tout recommencer ».
Il se fait passer pour une jeune fille
« Et pourquoi avoir créé un profil d’une jeune fille de quinze ans ? ».
« C’est un stratagème pour avoir plus de photos, j’ai honte ».
« Lors de votre première condamnation, vous avez avoué avoir demandé à des jeunes filles de se mettre nues et avoir, avec certaines, eu des discussions sur le sexe pendant des heures ».
« Peut-être je ne me souviens plus ».
« Quel plaisir vous éprouvez ? », interroge le tribunal.
« J’en parle beaucoup avec ma psy, je sais que j’ai fait une énorme bêtise et j’en ai refait une, mais maintenant j’arrive à mettre des mots sur tout ça.
J’ai envie que l’on m’aide vraiment […] Je suis certain que je ne recommencerai pas même si vous m’interdisez d’acheter un ordinateur ».
Vous dites n’avoir jamais franchi la limite, mais vous n’avez pas l’impression d’avoir déjà franchi la limite ? ».
Non, pour moi la limite c’est passer à l’acte, c’est vrai que ces photos et ces vidéos sont réelles mais jamais je ne ferai du mal à un enfant […]. J’ai peur de dires des bêtises, j’ai du mal à m’exprimer […]. Je le regretterai toute ma vie, je sais que je l’ai fait deux fois ».
Un passage à l’acte possible
L’examen psychiatrique révèle un homme pervers, dangereux avec un passage à l’acte qui reste toujours possible.
Pour le ministère public :
Qui va défendre tous ces enfants, tous ces bébés que l’on voit dans ces photos et vidéos choquantes ? Ce n’est pas du virtuel, ces enfants existent bien et resteront profondément marqués dans leur chair […].
Je n’ai pas aujourd’hui entendu un seul mot de compassion pour ces petites victimes, il n’y a pas d’empathie pour ces petits êtres.
Il ajoute que le prévenu « a comparu il y a quelques années devant la justice pour les mêmes faits et avait déjà tenu les mêmes propos stéréotypés pour sa défense – Je regrette, j’ai compris… -, il n’a pas changé d’un iota. La première fois, malgré une peine encourue de sept ans, pas un seul mois de prison n’a été prononcé mais un suivi socio-judiciaire qui, on le voit aujourd’hui, n’a servi à rien ».
Il demande au tribunal d’adresser un message extrêmement solennel, on ne peut pas tolérer tout ça et requiert une peine de trois ans d’emprisonnement et décerner un mandat de dépôt.
« Il n’y a pas de soin en détention »
Pour la défense il n’y a pas de mot pour décrire ces faits et ce que peuvent ressentir ces petites victimes. Les faits sont reconnus, il n’y a pas de difficultés et il est vrai qu’il est en état de récidive.
Faut-il en déduire que la seule possibilité est l’enfermement ? Est-ce que l’écarter pendant trois ans est la bonne solution ? Il n’y a pas de soin en détention. Il travaille et à sa sortie il aura perdu son emploi ».
Elle demande au tribunal de tenir compte de ces paramètres pour prononcer la peine.
Conduit en prison
Après en avoir délibéré, le tribunal reconnaît Stéphane N., coupable des faits qui lui sont reprochés et, compte tenu de son état de récidive, le condamne à une peine de trois ans d’emprisonnement avec mandat de dépôt, confiscation des scellés, ordinateurs et disques durs et ordonne son inscription au FIJAIS (Fichier judiciaire national automatisé des auteurs d’infractions sexuelles et violentes).
L’homme a passé la nuit suivante à la maison d’arrêt du Mans.