Lundi 19 novembre 2018, trois hommes de 22, 25 et 31 ans et une femme de 20 ans, soupçonnés d’être impliqués dans une demi-douzaine de cambriolages en tant que voleurs ou receleurs, comparaissaient devant le tribunal de Lisieux (Calvados). La première audience, le 19 octobre 2018, avait été renvoyée suite à la demande de deux des prévenus.
Cet été 2018, les forces de l’ordre ont remarqué une hausse du nombre de cambriolages autour de Lisieux. Les informations croisées entre la police et la gendarmerie ont permis de remonter jusqu’aux quatre prévenus, qui se connaissent.
Bijoux, selle de cheval…
Le premier fait remonterait au 18 juin 2018, avec le vol par effraction d’un carnet de chèques dans une maison de Coquainvilliers (Calvados). Quelques-uns ont ensuite été utilisés dans des magasins lexoviens. Le prévenu de 22 ans reconnaît les faits.
Les enquêteurs soupçonnent aussi la bande d’être impliquée dans 4 cambriolages commis en juillet 2018, dont deux à Hermival-les-Vaux et Bonnebosq (Calvados). Les auteurs ont fait main basse sur à peu près tout ce qui a de la valeur : bijoux, hi-fi, multimédias, consoles et jeux vidéo, cafetière, pièces de monnaie, selle de cheval…
« Un vrai supermarché chez vous »
Une grande quantité d’objets volés (et des armes) ont été retrouvés au domicile de l’homme de 31 ans, et sa compagne de 20 ans :
« On a retrouvé un vrai supermarché chez vous, note la présidente Tamara Phillips. Avec plein d’objets qui n’ont pas grand-chose à y faire ».
Des objets ont aussi été vendus dans un magasin d’achat-vente. L’homme reconnaît les faits. La prévenue, dont l’attitude désinvolte tout au long de l’audience n’aura pas manqué d’agacer la présidente, ne souhaite pas s’exprimer. Maître Marie-Pia Clausse vole au secours de sa cliente, et estime qu’elle ne savait si les objets étaient volés ou non, appuyant sur « ses capacités intellectuelles ».
La console « achetée à un monsieur »
Une console de jeux et une arme ont été retrouvées chez le quatrième prévenu, âgé de 25 ans (et 25 mentions au casier judiciaire, dont 9 pour des vols ou recels) :
« Je regrette, parce qu’elle a dû appartenir à un enfant… Je l’ai achetée à un monsieur dans la rue ».
Il a été relaxé pour les faits de recel.
Dans ces cambriolages, une voiture a aussi été dérobée : interpellée au volant de la 306, une femme explique l’avoir échangée contre la sienne avec… le prévenu de 22 ans. Le jeune homme, qui a modifié les écritures sur les papiers du véhicule, nie le vol.
Armés d’un fusil chez une vieille dame
Puis, il y a le vol à main armée du 30 juillet 2018 à Coquainvilliers, qui a entraîné les enquêteurs sur la piste des quatre Lexoviens. Le plus jeune prévenu s’en serait vanté auprès de plusieurs personnes.
En début d’après-midi, deux hommes font irruption chez une dame âgée, cagoulés, avec un fusil de chasse. Devant les pleurs de la retraitée, l’homme armé tente de la rassurer pendant que son complice repart avec un téléphone et une tablette. Le trentenaire (15 mentions) a reconnu sa participation. « Ce n’est pas un décideur, il suit », estime Marie-Pia Clausse, son avocate.
Dans un premier temps, il avait assuré que le prévenu de 22 ans était avec lui, avant de revenir sur ses propos lundi au tribunal :
« Je ne veux pas dire qui était avec moi ».
« La rumeur colportée par X ou Y »
Adrien Nantel, pour le ministère public, a regretté « la peur des représailles qui transpire dans les déclarations » et qui a pesé sur l’audience. Pour lui, avec ces quatre prévenus, on était « au début d’un trafic, avec des personnes qui allaient commettre des vols et d’autres qui recelaient ».
Selon maître Eric Schneider, avocat des deux autres prévenus, ils ne peuvent pas être condamnés « avec un dossier aussi vide ». Au sujet du plus jeune, il lance :
« On entend la rumeur colportée par X ou Y, on regarde son casier judiciaire (13 mentions) et on demande de l’envoyer 3 ans et 4 mois en prison (ndlr : la peine requise par le ministère public) ! ».
Deux prévenus maintenus en détention
Le tribunal a condamné le prévenu de 22 ans à 3 ans de prison ferme, avec la révocation de deux sursis mise l’épreuve qui planaient au-dessus de sa tête, à hauteur de 4 mois. Il est maintenu en détention. L’homme de 31 ans écope de 2 ans de prison ferme, avec mandat de dépôt.
Une peine de 4 mois de prison ferme a été prononcée contre le troisième homme. La jeune femme, dont le casier était vierge, est condamnée à 6 mois de prison avec sursis.