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Marc-Antoine Jamet, maire de Val-de-Reuil, pointe le désamour profond entre l’État et les maires

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Le maire de Val-de-Reuil (PS) pointe le désamour profond des édiles avec l'État

Le maire de Val-de-Reuil (PS) pointe le désamour profond des édiles avec l’État (©La Dépêche de Louviers – CC)

Vous aviez écrit votre tribune (Maire de France), avant le congrès de l’Association des maires de France et l’invitation des élus à l’Élysée. Pensez-vous que le président de la République a répondu au mal-être des maires ?

Non, car c’est une impopularité de fond, pas de surface. Il y a deux grands mouvements.

Le premier c’est la disparition des communes au profit des Agglomérations et du Département au profit de la Région. Ce n’est pas choquant quand les rapprochements sont voulus. Mais quand on n’a pas envie, c’est dramatique.

« Disparition des corps intermédiaires »

Le deuxième c’est que le gouvernement ne montre pas vraiment une grande disponibilité, une grande écoute, une grande inventivité. Tout est assez bizarre, il n’y a pas de ministre de la Ville, mais un ministre du Logement et de la Ville, par exemple. Il n’y a aucune détestation, mais ce n’est aucunement une priorité.

Quels sont les obstacles auxquels vous êtes confrontés en tant que maire ?

Comme maire d’une ville qui fait partie du champ de la politique de la ville, j’ai été confronté à la suppression des contrats aidés, à la captation de la trésorerie des bailleurs sociaux, qui sont nos alliés, à la suppression du prêt à taux zéro et du dispositif Pinel (un dispositif de défiscalisation pour les propriétaires investissant dans le neuf et s’engageant à louer le logement entre 6 et 12 ans, N.D.L.R), et enfin au ralentissement de l’Anru (Agence nationale pour la rénovation urbaine), même si ça s’accélère dernièrement.

Prises une par une, ces mesures ne paraissent pas hostiles. Mais en bas, quand ça s’additionne, cela donne l’impression qu’il y a une volonté de ne pas aider la politique de la ville. Les maires du périurbain, la rurbanité comme le disent les citadins, la précarité et la pauvreté comme le disent les ruraux. On a l’impression de ne pas être vus, de ne pas être pris dans le radar.

Cependant, je suis prêt à reconnaître au président son honnêteté. Il faut juger sur pièces.

Étant donné le mouvement actuel des gilets jaunes, ne peut-on pas penser que vous profitez du contexte ?

Non, ce n’est pas le sujet. Il y a une disparition des corps intermédiaires, un manque de considération pour les partis politiques, pour les syndicats, pour les élus territoriaux. Je viens de me faire interpeller par un commerçant qui se plaignait de squat. C’est le maire qui appelle le commissaire, demande à la gendarmerie de faire un effort, etc. Et ça débloque la situation. Ces gens-là sont indispensables.

Les partis encadrent la vie citoyenne. Là on a un mouvement sans chef, sans programme. On ne sait pas si c’est plus France insoumise, Rassemblement national ou tout à la fois. Il y a une remise en cause de la politique traditionnelle, et ce n’est pas forcément un vilain mot. Des gens sans repères, sans encadrement, formulent des revendications disparates, contradictoires, paradoxales et à la fin inaudibles, avec un pouvoir qui, de son côté, ne sait pas comment communiquer avec eux.
Je suis partisan de croire que la spécificité française est son maillage de communes. Mais j’aurais mieux aimé une France à 8 000 communes plutôt qu’à 36 000 avec des intercommunalités technocratiques.

« J’imagine leur profond ennui »

Poses, Le Vaudreuil, Léry et Val-de-Reuil auraient formé une intercommunalité de fait qui aurait fonctionné mieux qu’une intercommunalité autoritaire à 40, où on se retrouvera bientôt 250 à siéger. Bruno Leroy est plein de bonne volonté, mais quand on a 32 sujets dans un conseil, qu’une personne prend une minute pour répondre, qu’il y a une réponse et que le premier interlocuteur reprend la parole, ça donne 108 minutes de débat, comme avec notre ami du vélo (Alexis Fraisse, élu communautaire écologiste de Louviers, N.D.L.R.) Pour un débat pas spécialement passionnant et qui ne fait pas avancer la société.

Où est la démocratie dans ces conditions ? On ne s’y retrouve plus. Les débats en direct sur Internet doivent paraître surréalistes. Qu’on ait de l’affection pour Christine Meulien (présidente de la communauté de communes Eure-Madrie-Seine qui prévoit de fusionner avec la communauté d’agglomération Seine-Eure, N.D.L.R), que les communes qui vont entrer dans notre agglomération soient sympathiques, oui.

Qu’est-ce qui motive la fusion alors ?

On fusionne pour embêter un peu le préfet. Mais les gens d’ici n’ont rien en commun, on est plutôt proches de Rouen, d’Elbeuf.
J’en suis heureux, de cette fusion. Mais quand on va parler de la passe marinière de Poses, j’imagine leur profond ennui. Avant ça aurait été traité en conseil municipal, et tout le monde aurait compris les enjeux, connaîtrait les acteurs. Je ne suis pas contre les intercommunalités.

« On ne va pas revenir au temps où tout le monde se construisait sa piscine », dit Emmanuel Macron, un peu comme quand il parle des chômeurs. Mais le système marche sur la tête, même si on a connu plus brutal, avec Franck Martin (ancien président PRG de la Case, N.D.L.R). Personne ne remet en cause la ligne politique, celle du libéralisme souriant de droite.

Propos recueillis par Cyrille Crespy


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