A Calanhel, près de Callac, la pale d’une des onze éoliennes du parc s’est décrochée et s’est écrasée au sol. L’incident s’est produit il y a un mois, mais est presque passé inaperçu. On se demande d’ailleurs comment, car une pale d’éolienne qui se détache et s’écrase au pied de la machine, ça se voit et ça fait parler dans la campagne !
C’était le samedi 5 mars, en début de soirée. Depuis, quelques rumeurs ont circulé dans la contrée, disant par exemple qu’un agent de sécurité repoussait les curieux. Que la société avait donné des consignes pour taire l’incident. Que des traces de rouille étaient visibles sur les éoliennes… Une image quelque peu déplorable vue de loin, mais à l’opposé des impressions que nous avons eues sur le terrain en menant notre enquête.
Un agent de sécurité sur place
Certes en arrivant sur place, on tombe sur un agent de sécurité, bomber noir sur les épaules et chaussures de sécurité aux pieds, pas très souriant, mais pas inhospitalier non plus. Détendu, il explique qu’il est là pour s’assurer que personne n’approche de l’éolienne, où deux pales sont toujours accrochées. « On ne veut prendre aucun risque. » Une double précaution d’ailleurs prise par l’entreprise, car déjà d’imposantes grilles entourent un large périmètre de sécurité au pied de la machine. L’agent et ses collègues se relayent sur place 24 heures sur 24 depuis que l’accident est survenu.
La mairie dédramatise
Un coup de fil ensuite à la mairie qui, d’entrée de jeu, veut dédramatiser la situation et souligne le sérieux de l’entreprise. Elle veut éviter tout malentendu : « La société a très bien géré. Dès que l’incident est survenu ils ont pris les choses en mains immédiatement et ont nettoyé le site au plus vite. »
L’entreprise rassure
Aucune difficulté pour joindre dans la foulée un représentant de l’entreprise EDP Renewables, qui va jouer la carte de la transparence et répondre très clairement aux questions. Il confirme que la pale d’une des onze éoliennes s’est bien détachée du rotor et a chuté au pied de l’engin. « Le pilotage automatique a permis de détecter une situation anormale et la machine s’est mise immédiatement en mode sécurité. » Elle s’est donc arrêtée tout de suite. « Il n’y a aucun blessé à déplorer, ni homme ni animaux », rassure le technicien. Les dommages sont matériels uniquement.
Cela relève de l’exceptionnel
Des équipes sont rapidement déployées sur place pour boucler le périmètre et nettoyer les lieux. La société dit aujourd’hui avoir ouvert une enquête pour déterminer les causes de cette « défaillance de nature anormale », « un cas extrêmement rare » d’après notre interlocuteur, qui n’est pas en mesure d’expliquer ce qui a pu se produire. « Il n’y a aucune raison que cela arrive. Nous n’avons constaté aucun problème de ce type sur nos parcs. Cela relève de l’exceptionnel », insiste-t-il, en précisant que les machines sont « bien à jour de leur maintenance ».
Il va donc falloir attendre des investigations plus poussées pour savoir ce qu’il s’est réellement passé au coeur de ce parc éolien opérationnel depuis 2009. L’un des plus grands de notre territoire (11 machines rappelons-le), avec Pont-Melvez (15 éoliennes), à quelques encablures de là.
Quant aux « traces de rouille » dont certains habitants du secteur nous parlaient et que nous croyions aussi avoir observées au niveau des rotors et des pales, la société qui gère le parc répond qu’il « ne s’agit pas de rouille mais de salissures liées à divers résidus. Les pales sont en composite donc ne rouillent pas. »
Autre précision importante : la chute de cette pale n’est pas liée aux tempêtes des dernières semaines puisqu’elle est intervenue bien avant. Mais de toute façon, l’entreprise précise que ses machines sont prévues pour faire face à « des conditions largement pires que celles enregistrées sur le site lors des forts coups de vents ».
Quand on parle d’incident exceptionnel, il faut reconnaître que c’est le seuil recensé en Argoat à ce jour sur la bonne soixantaine d’éoliennes répertoriées sur le territoire. En tout cas, à notre connaissance. « C’est aussi le seul cas de ce type auquel notre entreprise a eu affaire, sur les 40 parcs que nous gérons en France, soit 180 éoliennes », conclut le représentant de la société EDP Renewables.