
A l’aide de sa maquette, Laurent Martin construit son oeuvre en grandeur nature dans la forêt Verte de Bois-Guillaume (Seine-Maritime). (©AV/76actu)
« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. » Il le dit lui-même, Laurent Martin a fait de la maxime de Lavoisier son leitmotiv. Pour une exposition attendue fin septembre 2019, dans la forêt Verte à Bois-Guillaume (Seine-Maritime), l’artiste rouennais de 42 ans, est en train d’installer en pleine nature sa prochaine oeuvre monumentale réalisée à l’aide de palettes de bois récupérées. Portait d’un homme qui fait de l’art avec du bric et du broc.
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Un arbre déraciné monumental
Sur un parcours de quatre kilomètres, à partir du 22 septembre 2019 et pendant deux ans, 13 artistes internationaux vont être exposés au milieu de la forêt Verte pour le projet « la Forêt monumentale ». Parmi les artistes sélectionnés, seul Laurent Martin est normand, originaire de Rouen. Et c’est aussi le premier à s’installer sur place, depuis le début du mois d’août 2019 : « II est plus simple de construire ma sculpture directement ici », explique l’artiste, entouré de deux acolytes qui l’aident à assembler le mastodonte.

Un semi-remorque a transporté plusieurs tonnes de lamelles de bois issues de palettes. (©AV/76actu)
Pourtant, son oeuvre pourrait presque se fondre dans la nature environnante ; une gigantesque structure d’arbre faite de palettes de bois gît à l’entrée de la forêt.
Mesurant environ 30-35 mètres de long et 20-25 mètres de large, la sculpture est constituée de 900 lamelles de 2m50 et 3 000 lamelles d’un mètre. C’est son « Aiora », balançoire en grec, nom d’une fête athénienne où l’on célébrait la vie et la mort par des chants en se mouvant sur des bascules.
Sur une des branches de son arbre factice seront suspendues deux balançoires que les visiteurs pourront utiliser. « Je ne sais pas encore si je vais en positionner d’autres ailleurs, en simple décoration », raconte Laurent Martin en contemplant l’avancement du chantier. Car ce qu’il aime avant tout, c’est se détacher de la maquette de départ et laisser libre cours à sa sensibilité d’artiste, comme un retour à ses débuts.

L’assemblage des lamelles de bois est fait à l’aide de vis et de chevrons. (©AV/76actu)
Un ancien des Beaux-arts
En 2001, Laurent Martin, 24 ans, fait ses classes aux Beaux-arts de Rouen. En sortant de l’école, comme tout débutant, il n’a pas beaucoup d’argent et utilise tout ce qu’il trouve comme terrain d’exploration ; « Il y avait des palettes de bois partout sur les trottoirs en ville, alors j’ai commencé à travaillé avec ». Assez vite, il se découvre une appétence pour les sculptures d’animaux : « Ce qui m’intéresse c’est de choper une attitude dynamique, un instinct animal, un corps en mouvement… Ce que le brut du bois peut parfaitement illustrer. »
Son travail est repéré par Jean-Louis Louvel, leader du reconditionnement de palettes, qui lui achète deux lions faits dans ce matériau : « Lion, c’est son signe astrologique… et c’est un symbole fort, à la manière des empereurs. Si j’avais fait un aigle, il l’aurait sûrement acheté », blague Laurent Martin à propos de l’ambitieux chef d’entreprises, fondateur de PGS. À l’époque, l’homme d’affaires lui fournit un local et le matériel dont il a besoin, ce qui permet à l’artiste de développer son talent.
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Ne pas « garder son travail dans une galerie »
Puis quelques années plus tard, il réalise sa première sculpture monumentale ; un poulpe géant, exposé devant le Zénith de Rouen et ensuite au Jardin des plantes, où il est toujours une oeuvre prégnante du parc depuis 2017. C’est de là que naît son envie de grand, mais surtout d’exposer en extérieur, à la vue de tous : « C’est un moyen de toucher tout le monde, plutôt que de garder son travail dans une galerie où les gens ne rentrent pas forcément par eux-mêmes », dit l’artiste, soucieux de la reconnaissance de l’art.
Pour l’heure et jusqu’à la fin de l’été, Laurent Martin continue son installation. Elle sera terminée d’ici le début du mois de septembre et prête à être admirée par les promeneurs le 22 septembre 2019, au sein de la forêt Verte.