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Violences entre police et Gilets jaunes en Seine-Maritime : l'usage de la force est-il excessif ?

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Sur le rond-point des Vaches de Rouen, jeudi 29 novembre 2018, des Gilets jaunes veulent s'opposer à l'interpellation de l'un des leurs. Face à une agressivité ressentie, la police à fait usage des bombes lacrymogènes.

Sur le rond-point des Vaches de Rouen, jeudi 29 novembre 2018, des Gilets jaunes veulent s’opposer à l’interpellation de l’un des leurs (en arrière plan). Face à une agressivité ressentie, la police à fait usage des bombes lacrymogènes. (©RT/76actu)

Si majoritairement le mouvement des Gilets jaunes continue de se passer dans le calme, comme lors du blocage du dépôt pétrolier Rubis de Grand-Quevilly (Seine-Maritime), par endroits les affrontements sont violents entre forces de l’ordre et manifestants.

LIRE AUSSI : Gilets jaunes et CGT bloquent le terminal pétrolier Rubis, près de Rouen : « Une convergence des forces »

« Gazer comme des chiens »

À Barentin, des heurts ont eu lieu entre forces de l’ordre et manifestants, le week-end du 1er et 2 décembre 2018. Deux gendarmes ont été blessés par des armes de fortune. Sous le choc de cette confrontation, de nombreux Gilets jaunes ont témoigné sur les réseaux sociaux, comme Stéphane qui assure qu’« il n’y avait aucune menace de Gilets jaunes. Les gendarmes ont lancé les lacrymogènes, sans raison ». Julie, confirme cette version :

J’étais sur place. Je peux vous assurer que personne n’a attaqué ; en revanche, eux ont attendu la tombée de la nuit pour nous gazer comme des chiens et nous attaquer au flash-ball. Nous étions totalement pacifistes !

À Rouen, sur le rond-point des Vaches, la violence était également montée d’un cran après les évacuations du 30 novembre. « Ça va péter », était persuadé Charles, un Gilet jaune. Lors d’une expulsion, des enfants rentrant de l’école avaient été incommodés par des gaz lacrymogènes. Des scènes qui avaient cristallisé les tensions.

LIRE AUSSI : Heurts entre policiers et Gilets jaunes à Rouen : « On veut reprendre le rond-point des Vaches »

« De plus en plus révoltés »

Tous les Gilets jaunes interrogés mettent en cause le comportement des forces de l’ordre, mais admettent une tension. Nathalie*, présente depuis le début sur le rond-point des Vaches, reconnaît qu’une « colère monte » et « ce ne sont pas les casseurs, mais les Gilets jaunes qui sont de plus en plus révoltés » :

On en a marre de se faire gazer et matraquer. Maintenant, on se défend. C’est ce qu’on appelle de la légitime défense.

Une radicalité constatée par les services de l’État depuis « le début de la semaine dernière », indique le directeur de cabinet de la préfète, Benoît Lemaire, lundi 3 décembre :

À certains endroits, ça se passe très bien, comme sur le pont de Brotonne. Sur d’autres lieux, des éléments modérés sont dépassés par les éléments plus déterminés.

Pour Benoît Lemaire, c’est clair : il y a « la volonté de certaines personnes de provoquer les forces de l’ordre pour un affrontement ».

LIRE AUSSI : En marge des manifestation des Gilets jaunes du Havre, des dégradations et des policiers pris à partie

L’usage de la diplomatie, « au maximum »

Selon le sous-préfet, le changement de comportement viendrait donc des manifestants. Il décrit le mode opératoire utilisé par l’autorité publique : « Sur un rond-point, l’équipage de police ou de gendarmerie regarde comment ça se passe. Quand on constate que le blocage est trop important, on demande de laisser passer. Bien souvent, le dialogue n’est plus possible. On insiste fortement. On utilise au maximum la diplomatie. Quand ça ne suffit pas, il faut agir. »

Pour Frédéric Desguerre, secrétaire régional Unité-SGP-police-FO, c’est clair, « on répond en fonction de ce qu’on a en face. Force doit rester à la loi ». Lui affirme que ses collègues ont reçu des « jets de projectiles et de l’acide », samedi soir. À Rouen, un fonctionnaire de la brigade anti-criminalité a reçu « un pavé dans le casque », s’insurge Karim Bennacer, du syndicat Alliance. Au Havre, d’importantes dégradations ont eu lieu, avec notamment une tentative d’incendie de l’hôtel de police à l’aide d’un conteneur à poubelles en flamme.

Frédéric Desguerre rappelle quand même que toutes ces mobilisations « sont illégales » :

La loi dit que tout rassemblement doit faire l’objet d’une déclaration en préfecture. Cela permet d’avoir des interlocuteurs et de pouvoir sécuriser l’événement. Quand c’est bon enfant, on laisse faire. Quand il y a des jets d’acide, on intervient !

LIRE AUSSI : Les femmes Gilets jaunes en première ligne à Rouen : « Les petits contrats, c’est pour nous »

« On obéit aux ordres »

Dans le cas du maintien de l’ordre, toute intervention, même une simple interpellation, doit être exigée d’une autorité, un commissaire ou la préfète en personne. « On obéit aux ordres. Ce n’est pas nous qui décidons d’utiliser du gaz lacrymogène ou le flash-ball », insiste le patron normand d’Unité-SGP-police.

Les syndicats décrivent des hommes et femmes « épuisés », après plus de deux semaines de mobilisations. « La CRS de Rouen qui était sur les Champs-Élysée à Paris, a fait 23 heures non-stop. La compagnie départementale d’intervention était samedi à Tourville-la-Rivière, a mangé vite fait avant de repartir sur la manifestation du centre de Rouen, pour ensuite se voir envoyer au rond-point de la Motte », détaille Frédéric Desguerre. « On a dépassé le point de rupture », alerte Karim Bennacer qui dénonce un manque de personnel et de matériel : « On manque de grenades lacrymogènes, de cartouches de flash-ball… On a été dépanné ce week-end par les collègues de l’Eure. La brigade spécialisée de terrain de Rouen est équipée comme au Moyen Âge. Certains doivent emprunter les jambières dans le sac de foot de leurs enfants. »

Au vu de ce « climat insurrectionnel », le syndicaliste d’Alliance applaudit le « sang-froid » de ses collègues : « Sans ce professionnalisme, il y aurait déjà eu des morts. » De même sur les barrages les plus perturbants, le sous-préfet de Rouen Benoît Lemaire, met sur le compte de la « chance » le fait de « ne pas avoir eu d’accident » depuis le début du mouvement. Personne ne le souhaite, tout le monde le redoute maintenant.

*Le prénom a été modifié

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