Les bonnes photos relèvent rarement du hasard ou d’un coup de chance. L’auteur-photographe Serj Philouze confie sans détour construire et créer ses images. Son attention se porte alors sur la lumière, le cadrage, le sens qu’il veut donner à sa prise de vue. Sauf que ses sujets de prédilection ne sont pas figés.
Serj Philouze est en effet un amoureux de la culture bretonne dans toute son étendue, c’est-à-dire des cercles celtiques et des bagadoù jusqu’aux artistes pleinement dans leur époque. Qui s’inspirent du patrimoine traditionnel pour le remettre au goût du jour. Pendant un concert, tout ce petit monde parcourt souvent la scène de long en large. Le photographe est alors très concentré.
J’écoute la musique et je m’en imprègne. Cela me permet d’anticiper les mouvements de l’artiste, les moments où il va improviser, et de faire des photos qui vont me parler.
Ambiances et émotion
Il faut dire que son travail ne s’arrête pas à la prise de vue. Il tient aussi aux relations qu’il a su tisser avec les artistes. L’accordéoniste Régis Huiban, installé à Pont-l’Abbé, collabore avec lui depuis plusieurs années. Sur scène ou en studio. « Pour une commande de photos promotionnelles, je prévois souvent une demi-journée voire plus. Il s’agit de répondre à leur demande. Je procède alors tranquillement, sans pression car je sais que bien souvent, leur relation à l’image n’est pas facile », décrit Serj Philouze.
Ces séances deviennent alors « des moments privilégiés ». Régis Huiban ajoute : « Il lui arrive de tester beaucoup de choses mais généralement, Serj a une idée en tête. Il sait nous y conduire et n’avance pas à l’aveugle. »
Régis Huiban salue aussi le coup d’œil du photographe pour saisir les paysages :
Il réalise des choses à tomber ! La couverture des derniers albums de mes groupes Wipidoup et Skolvan est illustrée par une photo de Serj.
Dans ce domaine, son approche est également particulière. Les paysages de carte postale, pris un jour de grand soleil et ciel bleu, ne l’intéressent pas. « Cette lumière-là ne m’évoque pas suffisamment de choses. Je cherche plutôt à me situer dans le registre de l’émotion, à travailler sur des ambiances et des atmosphères. »
L’une de ses photos de l’Ile-Tudy vu de Loctudy par exemple relève de l’aquarelle. Les détails des vagues sont savamment marqués grâce aux contrastes. Le photographe privilégie aussi un cadrage vertical.
Intuition
Chez Serj Philouze, certaines séries naissent de l’observation de la météo ; d’autres, d’une intuition.
Un jour, je me trouvais à Quimper quand j’ai senti qu’il fallait aller à la Pointe du Raz faire des photos du phare de la Vieille. C’était en fin d’après-midi. Je suis arrivé à temps. Sur place, je suis resté 15 à 20 minutes pour faire une petite vingtaine de clichés et n’en retenir que trois ou quatre.
Au détour de cette anecdote, il fait comprendre que ce type de prise de vue prend du temps.
Or, Serj Philouze exerce une autre activité à temps partiel. Il est employé par l’association quimpéroise Objectif emploi solidarité. Il encadre un chantier d’insertion.
Ses débuts dans la photo remontent à son âge de 14 ans à Château-du-Loir dans la Sarthe. Aujourd’hui, il ne dira pas son âge. « J’ai encore bien d’autres images à faire. Je les ai en tête mais il faut du temps pour les réaliser. » On a hâte de les découvrir.