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Somme. Le maire de Saint-Maulvis Jean-Philippe Bauden poursuit son combat contre les pesticides

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Le maire de Saint-Maulvis ne décolère pas. Pour lui, les pesticides représentent un grand danger pour la population.

Le maire de Saint-Maulvis ne décolère pas. Pour lui, les pesticides représentent un grand danger pour la population. (©L’Eclaireur)

L’Éclaireur : Pourquoi avez-vous pris un arrêté contre l’utilisation des pesticides ?

Jean-Philippe Bauden : « Un agriculteur de ma commune a décidé de faire de la culture de maïs sur une prairie située dans le bourg, une prairie considérée comme permanente. Les habitants ne veulent pas voir cette prairie disparaître. Que l’agriculteur cultive dans la plaine, hors du village d’accord. Mais là, il va traiter sa culture avec des produits nocifs pour la santé d’autrui. »

Pour quelle raison n’a-t-il pas le droit ?

Il n’est pas propriétaire, seulement locataire. Et à ma connaissance, le propriétaire ne veut pas qu’on retourne sa prairie.

Qu’avez-vous fait alors ?

J’ai contacté la DDTM (N.D.L.R. : Direction Départementale des Territoires et de la Mer). On m’a dit que cet agriculteur était dans son droit. La DDTM a autorisé le changement de terre sans avoir l’aval du propriétaire. On tombe sur la tête ! Or ce dernier n’a même pas donné son accord. La DDTM m’a alors répondu qu’elle avait trop de travail pour vérifier chaque demande.

Lire aussi : Sortir du glyphosate en 2021 ? Difficile et coûteux selon un rapport parlementaire

Vous avez donc décidé d’agir ?

J’ai pris les choses en main. J’ai pris un arrêté municipal interdisant l’utilisation des pesticides à 150 m des habitations. Je voulais faire réagir ces institutions, qu’elles se bougent. Et je ne me suis pas trompé. Dix jours après, j’ai reçu un courrier de la chambre de l’Agriculture, que j’avais pourtant sollicité et qui refusait d’intervenir. Elle m’informait que mon arrêté était illégal. Seul le ministère de l’Agriculture est compétent en la matière. Chose que m’a également fait savoir la préfecture dans un courrier, en précisant que si je ne le retirai pas, je passerai devant le tribunal administratif.

Pourtant votre arrêté est toujours en place ?

Oui mais je l’ai modifié. Je l’ai remplacé par un arrêté intérieur village. Ce dernier interdit l’utilisation des pesticides seulement dans ma commune.

Vous ne craignez pas des poursuites judiciaires ?

Je n’ai pour le moment aucun retour de la préfecture, ni de la DDTM. Pourtant la préfecture est au courant puisqu’elle enregistre chaque arrêté. Mais s’ils m’envoient devant le tribunal administratif, je fais appel à la presse. Je ferai savoir à tout le monde que même dans le village, les agriculteurs ont le droit d’empoissonner les gens.

Je continuerai à me battre contre les pesticides

Vous avez annoncé quitter votre poste fin mars. Le prochain maire pourra retirer votre arrêté…

Ah non ! S’il fait enlever l’arrêté quand je ne serai plus maire, je remonte au créneau. Je rappelle la presse et je ferai du bruit. Je ne pense pas d’ailleurs que ça lui fasse une très bonne publicité auprès des riverains.

Qu’en pensent d’ailleurs les riverains de cet arrêté ?

Beaucoup m’ont dit que j’avais raison. Certains d’entre eux m’ont dit que je disais tout haut ce que beaucoup pensent tous bas. Le problème dans les villages, c’est que vous avez toujours un tel ou un tel qui est ami avec un agriculteur. Évidemment, seuls les producteurs sont contre cet arrêté.

Quelle est la suite de ce dossier ?

J’attends de voir si je reçois un courrier de la préfecture. En attendant, mon arrêté est toujours valide. Je vais donc envoyer un courrier en recommandé à l’agriculteur. Je ne suis pas là pour embêter les agriculteurs. Ils font leur travail. Ce qui se passe en dehors du village, c’est au gouvernement de prendre ses responsabilités. Si les pesticides sont vraiment dangereux, comme le disent les études scientifiques, c’est à eux de statuer et non à nous, les maires. Mais à l’intérieur de mon village, je ne peux permettre que les riverains respirent des produits dangereux pour leur santé. Je continuerai à me battre contre les pesticides.

Lire aussi : Santé. Une maison sans pesticides, c’est possible


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