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Val-d'Oise. Taverny : "créatrice d'avenir", Laetitia Turcot créé sa marque de vêtements pour rester digne pendant la maladie

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Pour Laetitia et son équipe, le challenge aujourd’hui « est de se faire connaître dans toute la France. »

Pour Laetitia et son équipe, le challenge aujourd’hui « est de se faire connaître dans toute la France. » (©La Gazette du Val-d’Oise;)

Des vêtements « désirables, confortables et qui ont du sens. »

Tels sont les mots d’ordres de Naest. Cette jeune marque valdoisienne a été pensée et créée par la tabernacienne Laetitia Turco.

Styliste dans l’univers de la mode pendant quinze ans, Laetitia a des envies de changement à l’approche de la quarantaine. Sa reconversion et son saut dans le monde de entrepreneuriat, elle le doit à son histoire personnelle.

Dignité

 « J’ai assisté mon père, atteint d’une maladie neurodégénérative, hospitalisé à domicile, explique Laetitia. Il avait de nombreux soins, les vêtements devaient être faciles à enlever. Parfois les soignants devaient les couper. »

Toujours vêtu avec élégance, l’homme doit se résoudre aux vêtements amples ou pyjama. « Recevoir ses amis ou sa famille dans ces conditions était compliqué. » Laetitia cherche alors des sites proposant des tenues dignes pour personnes malades.

Remise des prix au collège des Bernardins, à Paris

« Je ne trouvais que des matières synthétiques, ce n’était pas ce que je voulais. Il y avait donc un marché à prendre. » La styliste décide de mettre à profit ses compétences pour les personnes malades. « Je me suis servie de mon métier pour qu’il ait du sens. »

Une démarche qui lui vaut d’être finaliste du concours Créatrices d’avenir, dans la catégorie innovation, dont le prix sera remis le 12 décembre, au collège des Bernardins, à Paris.

Laetitia Turco a également reçu l’agrément entreprise solidaire d’utilité sociale, à l’été 2018.

Oublier le pyjama

En créant Naest, Laetitia associe le confort au côté pratique de l’ouverture du vêtement avec, par exemple, des scratchs ou des matières fluides qui permettent de refaire facilement des pansements.

Des habits qui se veulent malgré tout « dignes » et qui changent du traditionnel pyjama pour lequel un grand nombre de personnes malades optent pour être à l’aise.

« En Angleterre, des soignants ont lancé une campagne de sensibilisation auprès des malades en les incitant à s’habiller et à sortir pour continuer à vivre. J’ai trouvé cette idée formidable, je me suis dit qu’il fallait faire de même en France. »

Pour l’aider à se lancer dans entrepreneuriat, Laetitia intègre la pépinière Neuvitec 95, basée à Neuville-sur-Oise puis s’associe avec Ingrid Robine, qui gère la fabrication et Éric Lebrette, qui s’occupe de la commercialisation et des finances. 

Pour le nom de sa marque, Laetitia a choisi l’anagramme du mot santé qui veut dire nid en anglais. « C’est une valeur refuge. »

Consultation des soignants et patients

Pour que ses vêtements soient vraiment utiles, Laetitia est allée à la rencontre de patients, pendant trois mois début 2017.

« Je voulais connaître leurs attentes pour ainsi établir un cahier des charges. »

Digne, confortable, pratique et esthétique sont les principaux critères. « J’ai ensuite présenté mes prototypes dans différentes structures de soins, détaille Laetitia. Cela nous a permis avec Ingrid de valider certaines pièces et ainsi de pouvoir lancer leurs fabrications. »

Des vêtements pour tous

Bien évidemment, pour ses vêtements, Laetitia n’utilise jamais la couleur noire.

« Il faut de la gaieté, oublier que l’on est malade. »  Actuellement, Naest compte cinq pièces (haut et bas) pour homme et femme et des blouses pour enfant, où il est possible de dessiner dessus avec des feutres fournis.

Des pièces confectionnées en France avec des matières naturelles et bio quand cela est possible. Les blouses pour enfant sont fabriquées par l’association de réinsertion professionnelle Mode Estime, située à L’Île-Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis.

Un brevet déposé

Si l’ensemble des pièces seront disponibles à la vente en mars 2019, les blouses pour enfants sont actuellement utilisées au Chu de Nantes (Loire-Atlantique).

L’hôpital parisien Cognac-Jay a fait appel à Naest pour la conception de chemisiers destinés à des personnes en soins palliatifs.

« Ils doivent donc être ouverts dans le dos. » Concept inédit, Laetitia Turco et son équipe vont déposer un brevet pour cette création.

Élodie TAILLADE

Rens. : contact@naest.fr

Vêtements disponibles à partir de mars 2019. 


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