Les lycéens d’Elbeuf qui ont manifesté lors de ce début de semaine ont réussi à s’entendre et surtout, à se faire entendre et à voir le maire de la Ville Djoudé Merabet.
Mardi, avec l’appui de la CGT, ils se sont présentés devant la mairie pour scander leurs revendications. Et obtenir un rendez-vous avec le maire pour transmettre leurs doléances.
Rendez-vous obtenu auquel huit lycéens de Maurois et de Fénélon ont pu participer. Gomis Isaac, Lilian Levilain, Gwilherem Sauvage, Raphaël Gostrel, Abby, Jean-Jacque Tankes, Florentin Ouf et Lorenzo Keoheuangpraseuth se sont assis autour de la table avec Djoudé Merabet, le maire d’Elbeuf.
On est là pour faire entendre nos revendications. On a une liste de doléances qui concerne Parcoursup, la baisse des fonctionnaires, les bourses qui ne sont pas à la hauteur, le droit d’inscription des étudiants étrangers… » La liste est aussi longue que leur malaise est grand.
Tous se sentent à un moment important dans cette contestation sociale. Mais une grande partie de leur discours concerne également les incidents qui ont eu lieu entre les forces de l’ordre et les manifestants. Ils dénoncent « les violences policières ».
Ils constatent :
La réaction des policiers est exagérée face à des enfants ! Ils n’ont pas fait la différence entre casseurs et manifestants… »
L’atmosphère est lourde et les lycéens semblent choqués des événements de la veille.
Le maire porte-parole
Un autre commente : « J’ai tout filmé avec mon portable. De A à Z. Leurs réactions, leurs mouvements… Un policier est venu vers moi et a cassé mon portable. C’est de la destruction de preuve* ! »
Abby témoigne : « J’ai été choqué. Les policiers m’ont mis des coups et m’ont plaqué à terre. Ils m’ont signalé qu’ils ne devaient pas me revoir dans une manifestation. »
Tous insistent sur un point :
On se désolidarise totalement des casseurs ! On a rien à voir avec eux ! ». Et dans le même temps, remercier l’apport de la CGT qui leur a apporté « un cadre ».
Avant de revenir sur le rôle des policiers : « On doit avoir confiance dans la police. Ils sont là pour nous défendre. Ce n’est pas normal d’avoir peur de quelqu’un qui nous protège ! »
Djoudé Merabet a pris des notes et a écouté pendant près d’une heure les lycéens. Il l’assure : « Je vais transmettre leurs messages auprès des députés. Je vais faire le lien avec les différentes autorité. »
Surtout, il assure qu’il va endosser le rôle de « porte-parole auprès du commissariat. »
Violences. Du point de vue de la police
Parmi les journées de manifestation lycéennes, celle de lundi fut la plus problématique. Voire la plus violente.
En l’espace d’une demi-journée, les forces de l’ordre ont dû procéder à 14 interpellations pour 13 gardes à vue. « Jusqu’à 9 h 30, tout s’est bien passé. Au moment où la CGT [qui encadrait le cortège] se désengage, on a vu certains jeunes mettre des masques. On a reçu des projectiles et ils nous ont chargés », raconte le commissaire d’Elbeuf.
« Ils nous ont chargés »
Ainsi, environ une cinquantaine de manifestants ont chargé sur les policiers présents dans la rue Marignan. Ces derniers ont alors dû lever le camp. « J’ai des femmes et des hommes. On s’en va à ce moment pour préserver notre intégrité physique. »
Le commissaire décide alors d’appeler des renforts de Rouen.
Les policiers retournent alors sur le Champ de foire et procèdent à plusieurs sommations. « Leur attroupement est illégal à ce moment. On procède à plusieurs sommations. On fait ça dans les règles de l’art. »
Un groupe reste alors sur le Champ de foire. Bouteilles, pierres… « On reçoit des projectiles en tout genre », relate le commissaire. Les forces de l’ordre procèdent alors à la « dispersion » et remontent le champ de foire en lançant des gaz lacrymo. « On éparpille plusieurs petits groupes dans les rues adjacentes. »
Sur les 14 personnes interpellées, 13 ont été placées en garde à vue. « La majorité pour regroupement illégal. Mais aussi pour violences, outrages et rebellions. »
À noter que des commerçants, par précaution, ont décidé de baisser le rideau en milieu de journée et que la circulation a été longuement perturbée.