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EN IMAGES. Pour Noël, offrez des objets fabriqués par les sans-abri de Rouen

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Dans les rues de Rouen, plusieurs sans-abri ont arrêté "la manche simple" pour vendre des objets qu'ils fabriquent eux-mêmes, histoire d'améliorer le quotidien.

Dans les rues de Rouen, plusieurs sans-abri ont arrêté « la manche simple », pour vendre des objets qu’ils fabriquent eux-mêmes, histoire d’améliorer le quotidien. (©SL / 76actu)

Qu’ils soient précaires ou sans-abri, ceux qui mendient dans le centre-ville de Rouen (Seine-Maritime) doivent se démarquer, pour attirer la générosité des passants. Certains rivalisent d’imagination, notamment en fabriquant des objets à vendre. « De quoi faire des petits cadeaux de Noël« , sourient-ils mi-décembre 2018. Tour d’horizon.

LIRE AUSSI : GRAND FORMAT. Dans les pas de Thomas, 24 ans, SDF à Rouen : « Je ne veux pas crever dehors »

Allan, 37 ans, et ses pommes de touline

Comme "les gens ne lisent plus ce qui est écrit sur les cartons", Allan a fait court : un simple "merci" orné d'un sapin de Noël.

Comme « les gens ne lisent plus ce qui est écrit sur les cartons », Allan a fait court : un simple « merci » orné d’un sapin de Noël. (©SL / 76actu)

Allan est en pleine confection, jeudi 13 décembre, de ses « pommes de touline », des billes encerclées de corde. Il fabrique ces objets « depuis deux semaines », explique-t-il en croisant les cordes. Il en est à sa sixième bobine :

Quand j’ai eu mon casier solidaire, il y avait ça sur la clef. Au lieu de faire la manche tout court, j’ai voulu faire ça, et ça marche pas mal ! Avec une bobine, j’en fais à peu près 25.

Pour apprendre, on lui a « montré une fois » puis il s’est entraîné grâce « à des tutoriels sur Internet ». Et il les vend à prix libre rue du Gros-Horloge, en demandant tout de même « un euro minimum », pour assurer la fabrication. Grâce à ses recettes, il s’assure de quoi améliorer le quotidien. Depuis mai 2018, il vit sous une tente dans l’hyper centre. À 37 ans, c’est son deuxième « passage à la rue ». Attendant d’en sortir, il confectionne ses pommes de touline et se prépare à en faire « des plus grosses, pour les chats », avec de la corde utilisée dans les arbres à chat.

Jean-Philippe, 61 ans, et ses porte-clefs et statues

Assis à proximité de la cathédrale, Jean-Philippe vend les statues qu'il sculpte et le bois qu'il taille.

Assis à proximité de la cathédrale, Jean-Philippe vend les statues qu’il sculpte et le bois qu’il taille. (©SL / 76actu)

Pour se lancer, Allan a pu compter sur la générosité de Jean-Philippe, alias « Tonton », figure emblématique de la rue du Gros-Horloge. Il lui a fourni les billes de verre, cœur de la conception. Jean-Philippe, lui, travaille la pierre et le bois. Il vend ses productions, réalisées dans son atelier de Ry, à prix libre lui aussi. « Artiste mondialement inconnu », d’après sa pancarte, il crée des porte-clefs et sculptures. Et il sait s’adapter à la demande : 

Il y a eu un pic de demande de religieuses, donc j’en ai fait. On m’a aussi beaucoup demandé de mains de Fatma, alors j’en ai fait. Je ne suis pas croyant, mais si ça fait plaisir aux gens !

Installé sous le passage du Gravier le jour, emmitouflé dans une couette avec sa chienne Mammouth, Tonton se met au travail le soir, dans son atelier. Ancien tailleur de pierre, il félicite le passant qui choisit de l’ébène : « C’est rare vous savez. »

LIRE AUSSI : De la rue à son atelier de tailleur de pierre : la belle histoire de « Tonton », ancien SDF de Rouen

"Artiste mondialement inconnu", Jean-Philippe est une figure de la rue du Gros-Horloge.

« Artiste mondialement inconnu », Jean-Philippe est une figure de la rue du Gros-Horloge. (©SL / 76actu)

Vincent, 40 ans, et ses bourses en cuir

La rue Saint-Nicolas, lieu de vente de Vincent, est son "village", où tout le monde le connaît et inversement. Il y vend ses bourses en cuir.

La rue Saint-Nicolas, lieu de vente de Vincent, est son « village », où tout le monde le connaît et inversement. Il y vend ses bourses en cuir. (©SL / 76actu)

Dans la rue, tout le monde se connaît. « Si tu n’as pas vu Tonton, tu peux pas faire ton article », rigole Vincent. Assis rue Saint-Nicolas, il vient d’avoir des morceaux de cuir donnés par « tonton JB », venu après avoir croisé Allan qui lui a passé le mot. Ce cuir servira à Vincent pour fabriquer les bourses de cuir qu’il vend entre 6 et 10 euros, selon la taille. Lui qui dort dans une cage d’escalier depuis deux ans et demi a trouvé cette idée il y a quatre mois :

Je déménageais un restaurant de la rue et j’ai trouvé un carton plein de chutes de cuir. Je me suis dit que je pouvais en faire un truc. Un matin, j’ai fait le tour des gars et vu que personne ne proposait de bourses. J’en avais vu au marché de Noël de Strasbourg, donc je me suis lancé.

Comme « les gens donnent moins », ça l’a motivé à se démarquer. Et le test fût concluant : « Les gens sont contents, ça leur fait un petit cadeau sympa. Et moi, ça m’aide à survivre, peut-être que je ferai des bracelets. » Maroquinier improvisé, Vincent se sert de cette expérience pour essayer de se réinsérer, avec 2019 en ligne de mire : « J’en ai marre d’être là. J’aimerais trouver un boulot et une piaule. Faut que je sorte de là, c’est pas une vie. »

Vincent fabrique des bourses en cuir, mais il aimerait essayer de faire des bracelets : "Je vais tenter, on verra bien."

Vincent fabrique des bourses en cuir, mais il aimerait essayer de faire des bracelets : « Je vais tenter, on verra bien. » (©SL / 76actu)


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