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Alençon. Un peu de chaleur humaine dans la rue avec les bénévoles de la Croix Rouge

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Les secouristes font des maraudes plusieurs fois par semaine, entre novembre et mars. Et viennent à la rencontre des personnes en grande difficulté.

Les secouristes font des maraudes plusieurs fois par semaine, entre novembre et mars. Et viennent à la rencontre des personnes en grande difficulté.

Un homme attend devant un petit commerce, tenant son chien en laisse. Un gros sac sur le dos. Didier Robert ne s’y trompe pas : cet homme est certainement un sans-abri. Alors le secouriste de la Croix-Rouge gare son camion et descend.

Quelques paroles plus tard, l’homme s’approche et accepte un sac à dos rempli de gâteaux, produits d’hygiènes et vêtements. Il remercie vivement les bénévoles et accepte un autre sac pour sa compagne qui l’attend un peu plus loin. Puis il repart dans la nuit, sous la pluie.

« Se rendre utile »

De telles rencontres, Didier Robert en fait à chaque maraude. Et c’est pour cela qu’il a choisi la Croix Rouge, une fois à la retraite :

 pour donner un peu de mon temps, me rendre utile. C’est ma seconde saison de maraude et je ne regrette pas cet engagement ».

À ses côtés, Lise, 18 ans et Michèle, retraitée active. Toutes deux viennent de rejoindre la Croix-Rouge. Avec la même envie : aider ceux qui sont dans le besoin.

Ces maraudes ont lieu deux fois par semaine (le lundi et le jeudi) ainsi que le samedi une fois sur deux.

 La première maraude fut une totale découverte, je ne savais qui j’allais rencontrer », souligne Lise, lycéenne en terminale à Alain. « Dans l’ensemble, ils sont tous agréables et reconnaissants ».

Didier ajoute :

 ils recherchent surtout le contact, pouvoir parler. Parfois aussi certains ne viennent pas d’eux-mêmes, il faut aller les chercher, aller au-devant d’eux ».

Lire aussi : Alençon. 49 sacs pour les sans-abri grâce à l’opération Sakado

« On ne force pas la rencontre »

La soirée se poursuit, la nuit est tombée. Et c’est d’abord à pied que les bénévoles arpentent le centre-ville. Les rencontres sont rares.

 En fait, certains ont un logement, à eux ou chez un ami. Alors dès qu’il fait nuit, ils rentrent. On ne force pas non plus la rencontre, s’ils ne veulent pas nous voir, on respecte ».

Jamais le secouriste n’a rencontré de problème. « En moyenne on voit cinq à six personnes par maraude. Parfois c’est beaucoup plus. On ne sait jamais ».

Les bénévoles ne rencontreront pas de femmes ce soir. « Il y en a peu dans la rue. Mais moi, cela me fait plus de mal de voir une femme dans la rue qu’un homme. C’est très triste », confie Michèle.

Les bénévoles remettent un sac à Ludovic, qui refusera la nourriture, préférant la laisser à d’autres.

Les bénévoles remettent un sac à Ludovic, qui refusera la nourriture, préférant la laisser à d’autres. (©L’orne hebdo)

Près de la Halle aux toiles, deux hommes s’approchent et repartent avec chacun un sac à dos. Les bénévoles demandent de quoi ils peuvent avoir besoin. La réponse est souvent la même : des vêtements chauds, des duvets, des couvertures, des gants.

Pour ceux qui ont un logement, des conserves sont aussi proposées.

 Tous les produits alimentaires sont offerts grâce à nos subventions », précise Didier Robert. « Les couvertures et autres vêtements proviennent de dons. Quant aux sacs à dos fournis, ils viennent de l’opération Sakado. Nous en avons reçu 49 cette année dont 15 pour des femmes et 34 pour les hommes ».

« Merci »

Afin de se rendre dans des endroits plus éloignés, comme la gare, Courteille ou encore les zones commerciales à l’entrée sud d’Alençon, le trio montent à bord de la camionnette de la Croix Rouge. Près du magasin Action, ils vont à la rencontre de Pierre. Âgé de 53 ans, ce dernier a quitté la région parisienne voilà un mois pour venir dans l’Orne.

Cet ancien magasinier vit dans la rue depuis le début des années 2000. Le café chaud, les gâteaux ainsi que le pain et le pâté lui redonnent le sourire :

 merci pour tout ce que vous faites ».

Lui assure ne pas se plaindre, il dort la nuit chez un ami, « je sais qu’il y a pire que moi ».

« J’embête personne »

Un peu plus loin, c’est devant le magasin Lidl que les bénévoles arrêtent leur camion. Bruno les attend et leur fait un signe de la main.

 Ils me proposent toujours de la soupe aux champignons et j’adore ça », sourit-il. « Je suis ici depuis trois ans. Les gens me connaissent maintenant et sont très gentils avec moi. J’aide aussi les personnes âgées quand je peux. Je n’embête personne ».

À ses côtés, sa petite chienne « Petite fille » âgée de 11 ans dort au chaud dans un panier. La compagnie des animaux est souvent un réconfort pour ces personnes qui vivent seules.

C’est aussi un moyen de protection « car la rue n’est pas facile et ce n’est pas un cliché de le dire », ajoute Didier. Venant de faire quelques courses, une dame remet à Bruno un sandwich et des chocolats. Un geste qui réchauffe le corps et le cœur.

Telles des ombres, les sans-abri se font discrets. Si dans la journée, on les croise facilement, à la nuit tombée, chacun rentre dans un abri. Un logement proposé par les services sociaux, chez un ami, dans un squatte. Jusqu’à demain.

Une maraude bien préparée
Avant de prendre la route, les bénévoles de la Croix-Rouge vérifient le contenu de leur sac. « On emporte de la soupe en sachet ainsi que du café, du thé et du sucre », explique Lise. « On fait chauffer de l’eau dans trois bouilloires qu’on mettra dans des thermos. On prend aussi du pain et du pâté. Des conserves pour celles et ceux qui pourront les faire réchauffer ainsi que des kits d’hygiène ».
À pied, les bénévoles ne peuvent pas trop se charger. Mais une fois dans la camionnette (récupérée au local), les réserves sont plus importantes. « On peut prendre des duvets, des couvertures, quelques vêtements. On refait chauffer aussi de l’eau avant de partir. Et on n’oublie pas les sacs à dos. ».
Il faut ensuite s’équiper : de bonnes chaussures de marche et la veste orange, symbole des secouristes de la Croix-Rouge que tous pourront voir de loin.
Une véritable organisation pour être certain de ne rien oublier.


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