Difficile d’imaginer quand on la voit, que Tania Chevalier a réussit il y a un mois à soulever des haltères d’un poids considérables. 115 kg précisément au soulevé de terre, soit quasiment trois fois son poids pour une compétitrice qui a été pesée à 42,6 kg avant l’épreuve (voir encadré).
L’entraînement et le courage lui ont permis de décrocher le titre de championne d’Europe de force athlétique, chez les juniors moins de 43 kg. C’était le dimanche 25 novembre à Kaunas, en Lituanie. Elles n’étaient que deux femmes dans sa catégorie, mais pour décrocher une qualification, Tania Chevalier a dû se battre, d’abord en soulevant des barres assez lourdes pour se qualifier, puis en faisant ses preuves lors d’un stage avec l’équipe de France.
« Elle essayait de me déstabiliser »
Face à l’Ukrainienne Dariia Brazhnyk, 21 ans, Tania Chevalier n’a pas flanché. « Dès la pesée, j’ai vu qu’elle essayait de me déstabiliser. Et comme nous étions les premières à passer sur la balance, nous nous sommes retrouvées ensuite seules dans le réfectoire. Elle n’arrêtait pas de me regarder », décrit Tania Chevalier, qui rigole de la situation en y repensant.
L’épreuve ressemble à un combat de boxe entre les deux femmes, où l’ascendant mental devient presque aussi important que la force physique. Au squat, Tania devance Dariia. Puis au développé couché, c’est l’Ukrainienne qui passe devant. Tout va se jouer sur la dernière barre, le soulevé de terre, qui est la spécialité de Tania Chevalier. « Mais à mon deuxième passage, je ne valide pas la barre à cause d’une erreur technique. Heureusement, ça passe au dernier essai ».
La Française réussit à soulever une barre de 115 kg, contre 105 kg pour sa concurrente. Au total des trois mouvements, elle ne devance Dariia Brazhnyk que de 2,5 kg (252,5 kg contre 250 kg). « À la fin, elle m’a félicité, ça m’a fait plaisir de voir que ce duel n’était que pour la compétition ».
« Tellement émue que je n’arrivais plus à chanter »
Vient ensuite le temps du podium. « Je rêvais de ce moment depuis longtemps. J’avais même révisé la Marseillaise, que j’étais fier de chanter. Mais au moment de le faire, j’étais tellement émue que je n’arrivais plus à chanter ! »
Auréolée de son titre européen, Tania Chevalier regarde maintenant vers l’avenir. À 23 ans, elle entre maintenant dans la catégorie Open (l’équivalent de Senior dans d’autres sports). La concurrence s’annonce plus relevée, d’autant plus que la catégorie des – de 43 kg n’existe plus, la plus basse étant – de 47 kg. « Mon coach m’a dit qu’il ne fallait pas espérer faire de compétition internationale pendant au moins un ou deux ans » précise la jeune femme.
Avant d’espérer décrocher d’autres trophées, Tania Chevalier gardera donc précieusement sa médaille d’or, une première pour son club, le CHM Le Trait, et pour la ligue de Normandie dans la catégorie junior.
Perdre du poids, une épreuve dans l’épreuve
Tania Chevalier concourait dans la catégorie des moins de 43 kg. Dimanche 25 novembre 2018, elle pesait 42,60 kg précisément avant de soulever des haltères. « C’est un travail très difficile, qui dure jusqu’à la pesée, le jour de l’épreuve » décrit Tania Chevalier.
Cette rigueur et ce régime permanent, elle les tient depuis plusieurs semaines. Et la perte de poids est devenue une préoccupation majeure les quelques jours avant la compétition, pour être sûr de passer sous la barre des 43 kg. Après la compétition, elle et les autres membres de l’équipe de France ont d’ailleurs fêté la victoire autour d’une pizza, repas qu’ils ont dû éviter au maximum avant la compétition.
Désormais âgée de 23 ans, Tania Chevalier passe dans la catégorie Open, moins de 47 kg. Un poids plus facile à tenir.