La municipalité, via le CCAS, suit le dossier d’Angélique comme celui de 18 autres sans domicile fixe à Bayeux (Calvados). Depuis le désengagement de l’Etat, elle a mis en place en urgence un plan grand froid pour financer par elle-même des nuits d’hôtels lorsque les températures deviennent négatives pour ces personnes qui vivent dans la rue et qui n’entrent plus dans les critères définis par l’Etat : des familles avec des enfants de moins de trois ans et des personnes malades. (©La Renaissance le Bessin)
L’histoire d’Angélique a ému. Cette mère au foyer originaire de Caen qui vivait confortablement, se retrouve aujourd’hui, après des accidents de la vie, à dormir dehors à Bayeux (Calvados). La rédaction lui a consacré un article racontant son histoire. Un article qui met en lumière les conditions très difficiles dans lesquelles elle vit depuis quatre mois, tout en expliquant la position des bailleurs sociaux locaux, Calvados Habitat et la SAIEM, dont elle mettait en cause la gestion de son dossier, puisque sa problématique centrale est celle du logement.
Etant donné sa situation actuelle, que nous développons dans le portrait que nous lui avons consacré, Calvados Habitat ne peut lui octroyer qu’un T1, ce qu’elle refuse puisque cela lui enlèverait l’espoir de récupérer ses deux enfants, dont la garde a été confiée par jugement à leur père. De son côté, la SAIEM, avec l’appui du CCAS (Centre communal d’action sociale) qui la suit depuis son arrivée à Bayeux, a validé sa demande de T2, mais ne peut lui en donner les clés tout de suite, le seul appartement du type disponible dans son parc immobilier étant en rénovation après des dégradations du précédent locataire.
La réponse de la municipalité
Un véritable élan de solidarité s’est immédiatement mis en place sur les réseaux sociaux après la publication de l’article pour venir en aide à Angélique. Dans le même temps, des réactions pointant notamment du doigt la municipalité sont apparues, Angélique disant que le maire de Bayeux, Patrick Gomont, « n’avait pas été à la hauteur de [ses] attentes ». Municipalité qui, par la voix de Lydie Poulet, maire-adjointe en charge de l’action sociale, réagit pour expliquer « que beaucoup de choses ont été faites pour elle » :
Il existe un parcours particulier pour ces personnes, accidentées de la vie, fait pour les aider à retrouver une vie « normale », qui commence par le logement. Cette femme était au foyer Jacques Cornu (le centre d’urgence de Bayeux, ndlr), avant d’en partir, refusant un appartement relais que la structure pouvait mettre à sa disposition. Cela fait partie de l’accompagnement social mis en place, ce type d’appartement financé par le foyer pendant 6 mois ayant pour objectif de voir si ces personnes sont capables de vivre seules avant de passer à l’étape suivante, celle de la recherche d’un appartement durable.
Angélique a passé sa première nuit dehors le 3 septembre 2018. Elle n’a pas quitté la rue depuis. « Mais même si elle refusait de rester dans le dispositif existant, on a évidemment continué à la suivre. Et les associations locales, la Croix-Rouge et les Restos du coeur, font un travail essentiel pour aider les personnes qui, comme elle, en ont besoin », assure Lydie Poulet, qui revient par ailleurs sur la question du logement. « Il est vrai que le T2 que la SAIEM peut lui octroyer n’est pas encore disponible. Mais via le CCAS, nous lui avons proposé un appartement meublé dans lequel elle pouvait vivre en attendant que les travaux soient réalisés, ce qu’elle a également refusé ».
La problématique du désengagement de l’Etat
Par contre, Angélique s’est tournée vers le 115, comme elle nous l’a expliqué, en espérant pouvoir être logée à l’hôtel. Mais cela n’a pu être possible puisque depuis l’été, les budgets accordés par l’Etat ont été restreints aux seuls familles avec des enfants de moins de trois ans et aux personnes malades. « Et c’est un vrai problème », convient Lydie Poulet :
L’Etat nous a abandonnés, nous, communes. Nous pensions qu’il assouplirait sa décision mais ça n’a pas été le cas. Depuis, nous devons nous débrouiller seuls, et nous avons dû mettre en place dans l’urgence un plan grand froid qui a été validé par le conseil d’administration du CCAS et le maire de Bayeux.
19 SDF recensés à Bayeux
Le CCAS et ses partenaires sociaux et associatifs ont ainsi recensé « 19 personnes vivant dans la rue à Bayeux ». Avant, l’Etat, via la DDCS (Direction départementale de la cohésion sociale), prenait à sa charge les nuitées d’hôtel. Ce n’est plus le cas. « Nous ne pouvions pas ne rien faire. Alors nous avons décidé de les financer avec le budget du CCAS lorsque les températures sont négatives ». C’est arrivé deux nuits consécutives la semaine dernière. « Six personnes, dont cette dame, ont passé ces deux nuits à l’abri ». 6 sur les 19 recensées puisque la demande doit venir d’elles pour bénéficier de l’accord passé avec le Relais des Trois Pommes et l’Hôtel de la Gare.
La situation des SDF est dramatique en France. Et même si Bayeux est une belle ville il y existe comme partout ailleurs une misère. Le CCAS agit au quotidien, ce sont certes des actions de l’ombre, mais essentielles et continues.