Thi Thuy est intarissable sur son parcours avant d’arriver en terre vitréenne avec ses trois enfants.
Thi Thuy qui dirigeait un atelier de couture avec trois employées dans un grand magasin et qui a aussi été coiffeuse, explique :
En 2002, mon mari est arrivé tout seul en France pour le travail. Au Vietnam, il était technicien informatique. Là-bas, nous faisions partie de la classe moyenne. Nous travaillions tous les deux. »
Mais, un jour, le père de famille décide de rejoindre son oncle qui travaille chez Euroviande à Vitré.
L’attrait de la ville très jolie et où il y a du travail l’a convaincu de sauter le pas. »
Le regroupement familial aura lieu en 2011.
Neuf ans seule avec ses trois enfants
Thi Thuy revient sur sa tranche de vie au Vietnam, sans son mari, qui revenait au pays une fois par an.
Mes beaux-parents m’ont beaucoup aidée. Ils s’occupaient de nos trois enfants quand j’étais au travail. »
À peine arrivés en France, en 2011, les enfants sont scolarisés à la Hodeyère puis au collège des Rochers-Sévigné. Thi Thuy a appris le français au CLPS de Vitré, avec les bénévoles du Secours catholique et avec des personnes qui viennent à son domicile.
Des nems pour les voisins
Thi Thuy devient bénévole à l’Aurore et trouve du travail à Euroviande. Quant aux enfants, ils s’éclatent, à la danse, au piano pour les filles et au BMX pour le garçon.
Intégrée, la famille achète une maison en 2013. « On l’a choisie près des écoles dans un quartier proche du centre-ville », insiste-t-elle.
Et près de la gare puisque l’aîné de 15 ans prend désormais le train tous les jours pour le lycée Coëtlogon à Rennes.
Un bon choix et une belle histoire de voisinage. Thi Thuy, à son installation dans le quartier, frappe à la porte de ses voisins et offre des nems. « C’est une bonne manière de s’intégrer », est-elle convaincue.
Et l’alchimie a fonctionné, notamment avec deux couples du voisinage, sur fond d’échanges et de recettes :
Bretonnes pour les crêpes et galettes, vietnamiennes pour les nems. »
« On essaie de vivre à la française »
Si la famille An fait perdurer son mode de vie à la vietnamienne, elle entend vivre en France comme des Français.
Le week-end, nous faisons du poulet-rôti, des steaks-frites par exemple et aussi des gâteaux. »
Qui plus est, les filles déjeunent chaque mercredi chez le couple d’en-face, des retraités devenus des amis, Yolande et François.
« Tout le monde dans le quartier est gentil avec nous », insiste Thi Thuy.
Et quand les démarches administratives sont difficiles, les amis sont là pour les explications.
La maman vietnamienne poursuit son apprentissage de la gastronomie bretonne avec ses voisines Angélique et Héloïse.
Elles expliquent :
D’emblée, elle nous a offert des nems. En retour, on lui a offert des brioches maison et des crêpes. »
L’heure est au partage des recettes dans les cuisines des unes et des autres.
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