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Actes 7 et 8 des Gilets jaunes à Rouen : au-delà des violences, un cortège toujours plus imprévisible

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Samedi 29 décembre 2018, des heurts ont éclaté entre Gilets jaunes et police à Rouen (Seine-Maritime), à l'occasion de l'acte VII. La préfecture avait pointé la responsabilité de "l'ultra-gauche".

Samedi 29 décembre 2018, des heurts ont éclaté entre Gilets jaunes et police à Rouen (Seine-Maritime), à l’occasion de l’acte VII. La préfecture avait pointé la responsabilité de « l’ultra-gauche ». (©SL / 76actu)

Aux volées de projectiles ont répondu les lanceurs de balles de défense. Aux fumées des barricades se sont mêlées celles des lacrymogènes. Samedi 29 décembre 2018, Rouen a vécu un acte 7 des Gilets jaunes très tendu, qui « peut de se reproduire » samedi 5 janvier 2019 pour l’acte 8, craignent les forces de l’ordre. À cause du « noyau dur de l’ultra-gauche » pointé par la préfecture de Seine-Maritime ? Ou de Gilets jaunes ? 

La gare, point stratégique pour une confrontation inévitable

« La gare, c’est gazage obligé », jugeait un Gilet jaune en l’approchant. Jusque-là, samedi 29 décembre, tout s’était déroulé dans le calme, dans les rues de l’hypercentre. Pour les forces de l’ordre, la gare est un lieu stratégique, côté sécurité : « On ne peut pas la laisser être envahie », condense une source judiciaire.

L’accès en a donc été barré, comme en mai et début décembre pour les lycéens. La tête du cortège, postée face au cordon de gendarmes mobiles, savait. Une tête de cortège où ceux vêtus de Gilets jaunes n’étaient pas tous des débutants. 

« L’ultra-gauche en tête d’équipe, rapidement remplacée »

Alors que des sommations étaient faites, inaudibles à cause du matériel non adapté des forces de l’ordre, les projectiles de tous les genres ont fusé. Derrière la banderole demandant « l’amnistie des Gilets jaunes », certains cassaient des morceaux de bitume au sol. En même temps, une première barricade était bricolée avec des barrières de chantier.

Une source policière, mobilisée samedi, analyse : 

L’ultra-gauche était en tête d’équipe, rapidement remplacée par certains Gilets jaunes qui ont disjoncté. L’ultra-gauche nous les a amenés à la gare pour avoir la confrontation, puis les autres se sont embarqués dans le mouvement sans réfléchir, sans recul.  

Terme fourre-tout, l’ultra-gauche désigne un « courant autonome refusant les règles institutionnelles ». Mais d’autres sources policières préfèrent rester prudentes : « Il est trop tôt pour dire qui était là, c’est complexe. Il y a l’ultra-gauche, mais pas que. » Une autre évoque « un noyau de 200 personnes radicalisées ». La source qui évoque « l’ultra-gauche en tête d’équipe » réfute la présence d’extrême-droite : « On ne les a pas vus ! »

Les barricades, une tactique « d’opportunité » à Rouen

Mais il y avait bien des habitués des cortèges rouennais, de « Justice pour Théo » à Surgissement, ou dans les cortèges lycéens. Certains veulent être « un élément stimulateur », pour l’un d’eux, sans être « déclencheur ». Un autre parle d’une présence « en protection de la police » avec une banderole semi-rigide.

Mais de là à classer le noyau dur comme issu de « l’ultra-gauche », il y a un pas que ne franchit pas le sous-préfet Benoît Lemaire, nuançant ce qui avait été dit samedi 29 décembre : 

Il y avait de l’ultra-gauche, mais ce n’était pas le gros. Les éléments que nous avons montrent qu’un certain nombre de mouvances essaient de récupérer le mouvement, qui ne veut pas se reconnaître de chef, donc ils sont incapables d’expulser les perturbateurs. 

En l’occurrence, les barricades montées successivement à Rouen tenaient plus de « l’opportunité » que de la préparation, explique une source judiciaire : « Grâce aux travaux, ils avaient tout sous la main, ils ont pris. »

LIRE AUSSI : Qui sont les militants de « Surgissement », qui occupent un bâtiment de l’île Lacroix à Rouen ?

Une masse de Gilets jaunes « non violente mais statique »

Derrière le groupe plus virulent, « pris dans le tunnel de violence », la masse des manifestants « n’était pas violente, mais restait statique », selon une source policière. Le sous-préfet constate qu’à côté « de ceux venus pour en découdre, il y a une masse complaisante qui avant s’en allait quand il y avait des violences et qui maintenant reste et regarde. Une masse passive avec un noyau agressif. »

François Boulo, porte-parole des Gilets jaunes de Rouen, temporise :

S’il y a des libertaires ou anarchistes pacifistes, c’est bon. La frontière, c’est la violence. Sur les boulevards, on ne gère absolument rien, des gens plus virulents arrivent et prennent la tête de cortège pour mettre le bazar. 

François Boulo souligne le paradoxe qu’il a constaté, samedi après-midi : « Dès qu’il y a un cordon, certains s’énervent. Quand il n’y avait pas de police, il n’y avait pas de problèmes. On n’est pas embêtés en centre-ville. » Le paradoxe est expliqué par une source judiciaire : « Ceux qui circulaient dans le centre-ville, nous ne sommes pas allés les voir, sachant que tout se passait bien. On essaie de faire le distinguo, ce qui est difficile. » 

LIRE AUSSI : VIDÉOS. Qui est François Boulo, porte-parole médiatique des Gilets jaunes de Rouen ?

Lorsqu'ils défilaient dans les rues piétonnes du centre-ville de Rouen, il n'y a pas eu de souci.

Lorsqu’ils défilaient dans les rues piétonnes du centre-ville de Rouen, il n’y a pas eu de souci. (©SL / 76actu)

Violents et pacifistes unis « par une allergie à la police »

Difficulté qui explique pourquoi des Gilets jaunes ont reçu des lacrymogènes, à des endroits étriqués de la rue des Carmes par exemple, sans avoir été violents. Certains ont été abrités dans des commerces, à qui les Gilets jaunes ont ensuite rendu visite pour les remercier. « Il faut tout faire pour garder une bonne image », indique un Gilet jaune de la première heure, convaincu « que tout ça ne serait pas arrivé sans la police ». Laquelle agissait pour disperser le groupe qui avait installé une barricade rue Jean-Lecanuet.

Tous ont un point commun, selon un Gilet jaune du rond-point des Vaches : « Une allergie à la police qui nous réprime. » Ils vivent la simple présence policière comme « une agression », d’autres ont été marqués par l’usage de gaz lacrymogènes pour les disperser à Barentin ou sur les rond-points. Si le cortège reste uni, c’est toujours pour le Référendum d’initiative citoyenne qu’il réclame toujours, mais dde plus en plus aussi contre la police.

L’usage d’armes controversées comme les lanceurs de balles de défense et de grenades GLI-F4 ne fait que conforter leur sentiment d’être « victimes de violences policières ». Selon le collectif Face aux armes de la police, rapidement relayé par Rouen dans la rue, site militant, neuf personnes ont été blessées.

LIRE AUSSI : Acte VII des Gilets jaunes à Rouen : dix blessés dont deux graves et six interpellations, selon la préfecture

Samedi 5 janvier, un acte VIII sous tension à Rouen

Les images des blessures, très partagées dans les groupes de Gilets jaunes, font monter la rancœur envers les forces de l’ordre. Et l’acte VIII s’annonce « très suivi », disent des militants rouennais.

Des Gilets jaunes d’autres villes de Seine-Maritime, de l’Eure ou d’Île-de-France doivent converger vers Rouen. Selon nos informations, des Gilets jaunes de Caen (Calvados) ont aussi la volonté d’y venir. « Avec ce qu’il s’est passé samedi, il y a une publicité autour de Rouen, ça va être super compliqué », craint la police. D’autant plus que le lieu de rendez-vous ne sera diffusé qu’au dernier moment samedi matin, aux alentours de 9h45, afin d’éviter des contrôles et des fouilles.

Du côté des Gilets jaunes interrogés, on assure « être pacifiques » en même temps qu’on « ne promet rien ».


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