Certains membres de la famille Lesecq- Taupin- Lambert ont trouvé dans les archives d’Alençon et celles de l’évêché de Sées, une charte en latin, que l’on date au plus tard de 1025, par laquelle Guillaume Fortmargis, comte de Bellême, lègue à sa mort le bourg de Sées à l’évêque, et les hameaux de Chailloué, Boiville et Giberville aux chanoines de la cathédrale. Cela en présence de Robert, roi des Francs et de Richard, duc de Normandie.
Pierre Taupin, membre de la famille, l’a traduite, et il découvre que le nom de Boiville se dit alors « Bodevilla » ; il est clair que ce nom est la déformation tardive du terme « Budo-i-villa » ou « Bodo-i-villa », ce qui veut dire en latin la villa de Budo.
Il sait que le prénom de Budo est un prénom encore très usité aujourd’hui en Allemagne.
Le Buhot, Boiville
D’autre part, il a lu dans le livre du grand historien Ferdinand Lot intitulé « La fin du monde antique et le début du Moyen Âge » que des saxons, francs, alamans, sarmates, marcomans et autres se sont installés dans l’ouest de la Gaule à partir du III ° siècle.
Il apprend par le spécialiste des origines des noms de lieux français Auguste Longnon, qu’il faut rapprocher les noms de villes ou de villages de leurs traces topographiques.
Or, la ferme actuelle appelée « Le Buhot » et le village de Boiville constituent à l’évidence l’une de ces traces sur lesquelles le savant Longnon s’appuie pour découvrir l’origine des noms de lieux français.
C’est la preuve que les assertions des historiens sont véridiques ; la ferme de Budo et sa villa Boéville attestent que la région de Sées a été habitée par des Saxons.
Nom de tribu
Pierre Taupin se demande alors comment se dit le terme « saxons » en allemand d’aujourd’hui ; cela se dit : « Sachse », au pluriel « Sachsen ».
Il constate que le nom de Budo n’a presque pas été déformé par les Sagiens depuis 1300 ans ; il en déduit que le mot Sachse ne l’a pas été non plus.
Puis il applique la méthode Longnon à la recherche des origines des noms de villes français ; « les Saxons de la région se sont mis à baragouiner le latin populaire ; ils ne sont pas savants ; ils appliquent donc la règle générale qui veut que l’on désigne un bourg, non par le nom de ses origines lointaines latines, mais par le nom de la tribu qui l’habite ; c’est ainsi que les voisins de Lutèce disent : je vais « ad parisios » je vais chez les parisiens ; d’où le nom de Paris ».
Si l’on applique la règle quasi-générale au cas des Saxons de Sées, « on peut émettre l’hypothèse que le nom de Sées ne vient pas du nom latin et savant de Sagii, mais du nom saxon populaire Sachsen, progressivement francisé en Sachsès, Séchsès puis Séez .
Cela ne doit pas engager à nier que le nom de Sagiens a continué au cours des siècles à tirer son origine du nom des Sagii, tribu gauloise mentionnée par Jules César et d’autres document latins antiques.
C’est l’origine savante du nom des Sagiens.
Ce n’est pas celle du nom par lequel les habitants continuent encore aujourd’hui à désigner leur belle petite ville ».
Source : Pierre TAUPIN-LAMBERT