Un médecin anesthésiste, actuellement en poste à Saint-Aubin-sur-Scie (Seine-Maritime), a comparu samedi 19 janvier 2019 devant la chambre disciplinaire de l’ordre régional des médecins de Basse-Normandie, à Caen (Calvados). Une ancienne patiente l’accuse de lui avoir donné un coup de poing et de l’avoir humiliée alors qu’elle s’apprêtait à accoucher au sein de la maternité d’Argentan (Orne), où le praticien effectuait alors un remplacement.
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Ces poursuites ont été engagées par le conseil départemental de l’ordre des médecins du Calvados (CDO 14) qui a porté plainte contre l’anesthésiste, le 15 février 2018. Selon la plaignante, le médecin aurait tenu des propos « outrageants », « dégradants » voire même « humiliants » à son encontre, lors de son hospitalisation en juillet 2017.
« J’ai ressenti un coup de poing dans la colonne »
Surtout, il est reproché à l’anesthésiste de l’avoir agressée. Visiblement agacé par une péridurale capricieuse, le praticien hospitalier se serait montré « assez sec » avec la jeune femme avant de la frapper dans le dos.
Ça faisait 45 minutes qu’il n’y arrivait pas. Je sentais que ça l’agaçait. Il m’a demandé mon poids, je n’ai pas pu lui répondre. Il s’est énervé et j’ai ressenti un coup de poing dans la colonne », a réaffirmé la mère de famille, qui était présente à l’audience, à Caen.
« Angoissée » et « stressée », la jeune femme avait dû être piquée à treize reprises avant que la péridurale ne soit enfin posée.
Il « perdait patience et était très énervé »
« C’était démesuré », avait réagi une aide-soignante, présente dans la pièce. Entendue plus d’un après les faits, la sage-femme présente elle-aussi dans la salle d’accouchement avait confirmé que le médecin « perdait patience et était très énervé ». Il prenait également ses repères sur le dos de sa patiente « un peu brusquement ».
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Pour autant, aucune des deux employées n’a confirmé l’avoir vu frapper la plaignante, qui était pourtant allongée à seulement quelques centimètres d’elles. De la même manière, elles n’ont souvenir d’aucun propos déplacé.
Elle était paniquée, le stress a amplifié son ressenti », s’est défendu le médecin, qui a évoqué une intervention « très compliquée ».
Piquée à 13 reprises pour sa péridurale
Pressé de questions, il a par contre contesté avoir piqué sa patiente à treize reprises.
Au bout de trois essais, moi j’arrête. Mais la dame a insisté pour avoir la péridurale. J’ai alors pris une autre aiguille et j’ai réussi », a précisé l’intéressé.
Au même moment, face à lui, les membres de la chambre épluchaient alors une photo du dos de la mère de famille, « sur laquelle on voit pourtant très bien plus d’une dizaine d’impacts », a précisé l’un des médecins.
Deux mois après les faits, la direction du centre hospitalier Fernand-Léger avait décidé de ne plus employer le médecin anesthésiste, dont le comportement avait interpellé plusieurs membres de l’équipe médicale par le passé.
« Un odieux personnage qui se comporte comme un mufle avec ses patients »
Une sage-femme expliquait par exemple avoir été « choquée » par son attitude avec les patients de l’hôpital. Le jour des faits, il était « d’emblée énervé », avait précisé l’aide-soignante. A ses yeux, l’homme n’a montré aucune empathie envers la patiente et « n’a pas cherché à la rassurer ».
Dans sa plaidoirie, l’avocat de l’anesthésiste a critiqué l’attitude de l’hôpital, « qui dresse des généralités qui n’ont pas lieu d’être ». Mais aussi le portrait dressé de son client, présenté comme « un odieux personnage qui se comporte comme un mufle avec ses patients ».
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Sans contester les difficultés rencontrées ce jour-là, le conseil a néanmoins exhorté la chambre à constater que son client n’est responsable « d’aucun manquement déontologique, tant sur le plan humain que technique ».
La décision de la chambre disciplinaire de l’ordre régional des médecins devrait être connue dans les prochaines semaines.
BM – PressPepper