Quantcast
Channel: actu.fr - Toute l'information nationale, régionale et locale.
Viewing all articles
Browse latest Browse all 19125

Nantes : avec des caméras espions, le prof photographiait ses élèves pour un site pédophile

$
0
0
L'homme a été démasqué grâce à un faux profil créé par les policiers de la Brigade de protection des mineurs (BPM) lors d’une « cyber-infiltration » d’un site internet russe.

L’homme a été démasqué grâce à un faux profil créé par les policiers de la Brigade de protection des mineurs (BPM) lors d’une « cyber-infiltration » d’un site internet russe. (©Pexels.com)

Un an de prison ferme a été requis, lundi 21 janvier 2019, contre un ancien professeur de mathématiques d’un collège de Nantes (Loire-Atlantique), qui avait mis en ligne entre 2010 et 2013 des milliers de photos et de vidéos d’adolescentes prises à leur insu à l’aide d’une « montre-caméra » ou d’un « stylo-caméra ».

Le procureur de la République a aussi demandé au tribunal correctionnel de Nantes, qui rendra son jugement le 4 mars 2019, de condamner le prévenu à deux années de prison supplémentaires avec sursis et une mise à l’épreuve de trois ans.

Il a aussi requis une interdiction définitive d’exercer une fonction bénévole ou rémunérée avec des mineurs.

L’enseignant, âgé aujourd’hui de 52 ans, était en récidive : il avait écopé de deux mois de prison avec sursis à Reims (Marne) le 18 mai 1999, pour avoir mis la main aux fesses d’une voisine de 12 ans, à qui il donnait un cours particulier, deux mois plus tôt.

Il n’avait toutefois pas fait l’objet de procédure disciplinaire, dans la mesure où il avait obtenu du tribunal correctionnel de Reims que sa peine ne soit pas inscrite sur le volet du casier judiciaire accessible aux employeurs.

« Autres temps, autres mœurs », a commenté la présidente du tribunal correctionnel de Nantes.

« Cela ne serait plus possible aujourd’hui », a confirmé le procureur de la République de Nantes.

Un million de vues par an

« Préoccupé par autre chose que Pythagore et cosinus », cet habitant de Saint-Herblain (Loire-Atlantique) prenait en fait « des centaines de clichés par jour », ce qui lui imposait un « travail phénoménal de classement » : il y passait « entre quarante et cinquante heures par semaine », le soir et le week-end, soit « un travail à plein-temps », a résumé la présidente.

L’enseignant du collège public de Chantenay, décrit par tous comme « drôle » et « décontracté », avait en fait été piégé par « Sweet Candy », un faux profil créé par les policiers de la Brigade de protection des mineurs (BPM) lors d’une « cyber-infiltration » d’un site internet russe, où ses gros plans de décolletés ou de culottes ont fait « un million de vues en un an ».

Lors d’une conversation avec « Sweet Candy », cet homme marié et sans enfant avait en effet confié « aimer les 11-16, pas forcément hard, mais jolies ».

Il prenait en photo ses élèves en classe ou en voyage scolaire, mais aussi des fillettes sur la plage ou bien dans les magasins… 24 victimes, âgées à l’époque de 12 à 15 ans, ont ainsi pu être retrouvées.

« Il faut qu’elles vivent, encore aujourd’hui, avec l’idée qu’un Russe étrange ou qu’un Américain désaxé s’excite sur leur image », a pointé Me Pierre Huriet, un avocat des parties civiles, au cours de sa plaidoirie.

Un « réveil-caméra » dans sa chambre

Le professeur de maths, qui se décrit comme un « collectionneur » de montres et de cartes postales, a néanmoins assuré ne s’être « jamais servi » du « réveil-caméra » qu’il avait installé dans sa chambre à coucher à l’insu de son épouse.

Il avait malgré tout mis sur internet des photos des ébats sexuels avec cette dernière, avec des commentaires désobligeants.

Le quinquagénaire a également souligné n’être « jamais passé à l’acte » en agressant sexuellement l’une de ses élèves, dans la mesure où tout cela « n’était de l’ordre que du fantasme ».

La présidente du tribunal correctionnel de Nantes lui a toutefois fait remarquer que cela avait bel et bien été le cas lors de sa précédente condamnation à Reims, en 1999.

« Je suis juste catastrophé à voir la liste des victimes, s’est-il excusé devant une salle d’audience comble. J’ai bien conscience du décalage immense entre l’image que je pouvais donner et la réalité des faits. »

Sa maison taguée

Suspendu de fonctions depuis octobre 2013, cet enseignant jusqu’alors « bien noté » n’a démissionné de l’Éducation nationale qu’en janvier 2019, il y a donc quelques semaines.

Il a perçu chaque mois pendant plus de cinq ans la moitié de sa rémunération, soit près de 50 000 euros.

« Cela m’a permis de financer un bilan de compétences », a fait remarquer le prévenu, qui a passé un BTS Assurances par correspondance avant de se reconvertir dans l’économie sociale et solidaire.

Face au retard pris par la justice pour programmer son procès, « le rectorat n’avait pas d’autre choix que d’attendre votre démission », a expliqué la présidente du tribunal correctionnel de Nantes.

« Comme monsieur était libre sous contrôle judiciaire, il ne faisait malheureusement pas partie des urgences », a regretté le procureur de la République.

Les parents d’élèves ont, eux, fait part à l’audience de leur « énorme colère » contre le rectorat, qui a « totalement éludé cette procédure ».

« On a dû louer une salle privée pour parler de l’affaire : le collège n’a pas voulu nous en mettre une à disposition, a fustigé une représentante de la FCPE. Le proviseur n’avait même pas informé l’infirmière du collège. »

L’homme en paye encore les frais, six ans après la révélation des faits, qui avaient provoqué une vive émotion : il a été publiquement traité de « fils de pute » par un inconnu lors de la dernière Fête de la musique au parc de la Chézine, à Saint-Herblain.

Les inscriptions « Pédophile » et « Attention aux enfants » ont été taguées sur sa maison, qui a par ailleurs été la cible le 13 janvier dernier d’un « engin explosif de 31 cm de long », selon lui.

©PressPepper


Viewing all articles
Browse latest Browse all 19125

Trending Articles



<script src="https://jsc.adskeeper.com/r/s/rssing.com.1596347.js" async> </script>