En Cornouaille, on aperçoit parfois des champs couverts de tiges pouvant atteindre plus de 2 m de haut. Il ne s’agit pas de roseaux mais de miscanthus. Dans le Finistère, Pierre Le Bris du Rest a planté cette poacée originaire d’Afrique et d’Asie du Sud dès 2008. « Un terrain s’enfrichait à Pont-Croix. Je cherchais une plante nécessitant peu d’entretien, d’intrants, de travail. Le miscanthus giganteus s’est révélé parfaitement adapté. »
Pierre Le Bris du Rest (EARL Ar Gorzenn) se passionne pour ce végétal et en découvre tous les intérêts :
C’est d’abord un excellent paillage horticole. Il est riche en carbone et en silice donc les escargots et les limaces ne l’apprécient pas trop. Il ne renferme aucun tanin ni toxine. Enfin, il se dégrade lentement.
Le miscanthus présente un très faible taux d’humidité (16 %). Il peut aussi être utilisé comme litière ou complément alimentaire pour les vaches laitières.
En Allemagne et Autriche, cette plante herbacée est utilisée comme combustible dans des chaudières adaptées. Elle peut aussi servir d’isolant. « Le miscanthus peut se substituer au sable dans la fabrication de parpaing. On obtient des matériaux allégés et isolants. Il entre aussi dans la fabrication de bioplastique. »
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Épeautre, orge, avoine…
Au fil des années, Pierre Le Bris du Rest s’est pris au jeu et a augmenté sa surface cultivée (3 hectares désormais). Il vend l’essentiel de cette culture sous forme de paillis horticole pour les particuliers, les professionnels et les collectivités.
On peut aussi lui acheter des rhizômes qui produiront au bout de deux ans une cinquantaine de hampes chacun. « Mon offre n’est pas suffisante. Mais je ne souhaite pas mettre du miscanthus dans de belles terres agricoles. Je le réserve aux parcelles qui s’enfrichent, qui sont soumises à l’érosion… »
En 2015, Pierre Le Bris du Rest s’est installé comme agriculteur. Il cultive désormais 50 hectares en bio à Pont-Croix et dans les communes environnantes. Il a choisi de se consacrer aux cultures céréalières : épeautre, blé, avoine, orge, triticale, pois, féveroles, sarrasin… « J’effectue une rotation de toutes ces plantes sur mes terres. Cela me permet de limiter les maladies, d’enrichir mon sol en azote, de m’adapter aux conditions pédo-climatiques… », explique l’ex informaticien de 43 ans.
Depuis peu, il sème aussi de la cameline, une plante de la famille des brassicacées. « Je la sème début juin et elle est mûre 90 jours plus tard. Je la presse pour en faire une huile et le tourteau part en alimentation animale. »
Nouveau hangar en 2019
Localement, Pierre Le Bris du Rest anime le groupe Renaissance des céréales mineures dépendant de l’association Triptolème. Son but : remettre au goût du jour des céréales anciennes pour augmenter la biodiversité et créer des filières de production.
L’agriculteur effectue des tests de variétés anciennes d’avoine, d’orge, de sarrasin… Il ne s’inquiète pas pour les débouchés : « La demande est forte pour les produits bio. Nous voulons faire des filières très courtes. Pour certaines céréales anciennes, nous travaillons avec des meuniers, des boulangers locaux. »
En 2019, il projette aussi de construire un nouveau hangar pour stocker son miscanthus et les autres céréales. Ce bâtiment devrait être couvert de panneaux photovoltaïques.