Derrière les grilles du centre de formation de Kérel, un bâtiment principal qui date de 1962, devenu vétuste et qui devrait être démoli pour laisser place à des locaux plus adaptés. Une solution trop couteuse pour la Chambre d’Agriculture du Morbihan et son président Laurent Kerlir (en médaillon). (©Gilles Queffélec / La Gazette du Centre Morbihan)
L’annonce a fait l’effet d’une bombe. La Chambre d’agriculture du Morbihan envisage de délocaliser son emblématique centre de formation de Kérel, basé à Crédin, au lycée privé La Touche à Ploërmel. Et ce pour la rentrée 2020.
Une nécessité
« Ce n’est pas de gaieté de cœur si nous prenons une telle décision aujourd’hui. Le centre de formation de Kérel est une institution dans le paysage agricole. Nous savons fort bien que nous touchons ici à un symbole. Mais il ne s’agit que d’une délocalisation, rendue nécessaire dans le cadre des réformes nationales de la formation professionnelle et de l’apprentissage votées en 2018 par le Parlement.
Le président de la Chambre d’agriculture du Morbihan, Laurent Kerlir, a pleinement conscience, qu’avec ses collaborateurs élus, cette décision a provoqué la colère des élus locaux. De Pierre Le Teste, maire de Crédin à Christine Le Strat, la présidente de Pontivy Communauté. Parce que c’est encore la ruralité qui va être frappée de plein fouet par cette délocalisation.
Un avenir incertain
Et dire qu’il n’y a pas si longtemps que cela, la Chambre d’Agriculture envisageait de moderniser le centre de formation de Kérel. « Mais la donne a changé depuis avec les nouvelles réformes qui vont se concrétiser dès cette année et qui risquent bien de mettre en péril un site comme celui de Crédin », indique Laurent Kerlir.
Avec cette réforme, désormais, n’importe quel lycée va pouvoir accueillir un CFA (centre de formation pour apprentis). « Nous allons donc faire face à une concurrence exacerbée ». Et ce d’autant plus que 65 % des élèves de Kérel suivent leur formation initiale… au lycée La Touche de Ploërmel. Des stagiaires qui, dès lors, poursuivront leur cursus là-bas, plutôt que de venir sur Kérel.
Le pont entre les deux établissements sera alors coupé et par voie de conséquence, mettra en danger le centre de Kérel.
Une rénovation trop chère
Et puis il y a aussi des règles budgétaires qui poussent à cette mutualisation. Car la Chambre d’Agriculture cherche aujourd’hui à équilibrer ses comptes.
À l’époque où nous avions envisagé de rénover le site, l’enveloppe estimée était de l’ordre de 1,3 M €, uniquement pour le bâtiment principal qui date de 1962 et qui est voué à la démolition puisqu’aucune entreprise n’accepte aujourd’hui d’envisager une rénovation.
Trop cher pour l’instance départementale.
Des perspectives d’avenir incertaines, une modernisation trop chère, il n’en fallait pas plus pour que les élus de la Chambre d’Agriculture se penchent sur une autre possibilité. Et ce d’autant plus que les bâtiments ne leur appartiennent pas (1).
« Nous avions déjà un partenariat, pour la partie porcherie, avec le lycée (privé) La Touche. Là-bas, l’outil est adapté même s’il faudra faire quelques investissements en construisant des salles de cours par exemple et même une salle de traite pour la partie lait ».
« Il ne s’agit pas d’une fusion »
Mais de prévenir d’emblée.
Il ne s’agit en rien d’une fusion. À Ploërmel, chaque structure gardera sa propre identité. Nous envisageons même de faire en sorte que le centre garde son nom.
Laurent Kerlir parle bien de « mariage en cours de constitution. Nous avons six mois pour écrire les contours de ce partenariat ». D’ici là, tout peut encore arriver.
Et puis la Chambre d’Agriculture n’envisage pas forcément de… se séparer définitivement du site de Crédin. « Tout est envisageable. Comme par exemple, le coupler avec notre station expérimentale de Kerguehennec qui travaille dans la recherche en agronomie et qui a justement besoin de terres ». Rappelons qu’à Crédin, la Chambre d’agriculture en possède 65 hectares.
La porte, sur ce point, n’est donc pas totalement fermée. L’avenir du site en lui-même reste en suspens. Même s’il a de fortes chances de perdre sa vocation première et de vivre sa dernière rentrée scolaire en 2019. La fin d’une belle histoire.
(1) Les bâtiments du centre de formation de Kérel appartiennent au centre d’insémination artificielle (Évolution).