Dans l’un des paddocks du Haras de Bouttemont, à Victot-Pontfol, près de Cambremer (Calvados), les oreilles de Ready Cash pourraient bien siffler dimanche 29 janvier 2019 aux alentours de 16h05 lorsque sur l’hippodrome de Paris-Vincennes, les 18 partants du Grand Prix d’Amérique 2019, s’élanceront à l’assaut des 2 700 mètres de course.
Double vainqueur de l’épreuve
Et pour cause, le double vainqueur de l’épreuve, en 2011 et 2012, n’aura pas moins de six fils sur la piste parisienne. D’abord, Bold Eagle qui, après ses succès en 2016 et 2017, tentera de dépasser son père au palmarès de ce championnat du monde des trotteurs. Il sera d’ailleurs accompagné de Eridan, son frangin et compagnon d’écurie chez Sébastien Guarato, dans l’Orne.
Mais dans la famille « Ready Cash », il faudra aussi compter avec le tenant du titre, en l’occurrence le suédois Readly Express. Sans oublier bien sûr, Bird Parker, Traders et Charly du Noyer qui, en marge de leur carrière, assurent la monte aux côtés de leur père, au coeur du pays d’Auge.
Une histoire de famille
Ce Grand Prix d’Amérique 2019 pourrait donc bien, une fois encore, prendre des allures d’histoire de famille puisque les trois trotteurs augerons, tenteront de barrer la route d’un troisième sacre à Bold Eagle. Un lavage de linges sales auquel devrait aussi prendre part le vainqueur de l’édition 2018, Readly Express. A moins que Belina Josselyn, la jument entraînée et pilotée par Jean-Michel Bazire, ne vienne contrarier les retrouvailles de la fratrie.
40 victoires et 4 282 300 € de gains
Ready Cash, le deuxième trotteur le plus riche de l’histoire avec 4 282 300 € de gains pour 40 victoires dont 9 groupe 1, a pris sa retraite des courses à 8 ans, en 2014, pour poursuivre sa carrière d’étalon commencée en 2009 à Bouttemont, un ancien haras de pur sang, propriété de l’entraîneur Philippe Allaire et de son épouse Guitte.
40 minutes de footing chaque jour
Mais une retraite active. Il n’est pas du genre à rester sagement au box. En grand champion qu’il a été, Ready Cash a en effet besoin de se dépenser. Alors chaque matin, dès 6 h, il est au paddock avec sa couverture sur le dos et, enfin de matinée, il est attelé pour 40 minutes de footing à une allure soutenue, histoire de le maintenir en forme, avant de passer une bonne partie de l’après-midi dans un autre paddock.
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De la mi-février à la mi-juillet, une centaine de poulinières françaises et une soixantaine d’étrangères reçoivent la semence du bel étalon par insémination artificielle immédiate. Les saillies, qui coûtaient encore 12 000 € en 2014, se sont envolées et atteignent aujourd’hui des sommes tenues secrètes, tandis que le cheval appartient à un syndicat de propriétaires dont Philippe Allaire et Pierre Tébirent, chez lequel il est né en Mayenne le 20 mai 2005, ont gardé dix parts.
🔸 [ ÉTALONS DE LA SEMAINE ] 🔸
Ready Cash n’est jamais loin… @HarasBouttemont
☑️ Barème ⤵️
🥇 25 points (Gp 1 ➡️ 50 points)
🥈 10 points
🥉 5 points
🐴 Qualifs: 15 points pic.twitter.com/Uvd4L1YESM— Province Courses (@ProvinceCourses) January 7, 2019
Les meilleurs 2 ans, les meilleurs 3 ans, les meilleurs 4 ans du moment sont des « Ready Cash ». Ses yearlings et les yearlings de ses fils pesaient déjà pour 40 % du chiffre d’affaires des ventes européennes en 2017.
Sa descendance fait grimper les enchères
Le mercredi 5 septembre 2018, lors de le Vente Arqana à Deauville (Calvados), l’un de ses fils, Here I am, présenté par le Haras de l’Être de Saint-Pierre-du-Regard (Orne) à été adjugé 320 000 € à Langlais Bloodstock, battant ainsi le record de France pour un trotteur qui s’élevait alors à 300 000 €.
Et deux jours plus tard, toujours sur le ring de Deauville, c’est Hunter Valley, la sœur utérine de Bold Eagle, par Charly du Noyer, donc deux fils de Ready Cash, qui était vendue 400.000 €, toujours à Langlais Bloodstock.
Alors celui qui a eu droit à sa biographie écrite par le chroniqueur hippique du Monde, Christophe Donner,
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Une carrière bien remplie
En 2011, sa brillante victoire dans le Prix de Bourgogne lui vaut d’être installé favori dans le Prix d’Amérique, où il doit affronter notamment le champion suédois Maharajah. Venu en dehors au début de la montée, il prend la tête à la sortie du dernier tournant et résiste jusqu’au bout à l’attaque de son adversaire suédois, signant ainsi sa plus belle victoire avec Franck Nivard au sulky. Quinze jours plus tard, il retrouve Maharajah pour une revanche dans le Prix de France, où il confirme son leadership à l’issue d’une très vive lutte avec son rival, en réalisant un superbe chrono.
Après ce doublé Prix d’Amérique/Prix de France qu’il est le onzième cheval à réaliser, Ready Cash est mis au repos jusqu’en octobre, où il fait un retour victorieux en province. Son entourage décide ensuite de le présenter au départ des « 4 B », les quatre courses préparatoires au Prix d’Amérique (Prix de Bretagne, Bourbonnais, Bourgogne et Belgique). Il réussit l’exploit de s’imposer dans trois d’entre elles, ce qui n’avait pas été réalisé depuis Ourasi, prenant la troisième place du Prix de Belgique.
Grand favori du Prix d’Amérique le 29 janvier 2012, il s’impose une nouvelle fois, son grand rival Maharajah terminant quatrième, devenant ainsi le vingtième cheval à remporter plusieurs fois la grande épreuve depuis sa création en 1920. Quinze jours plus tard, dans le Prix de France, débarrassé de Maharajah reparti en Suède, il doit se contenter de la troisième place derrière un cheval en plein essor, Royal Dream, et l’Italien Main Wise As.
En 2013 et 2014, Ready Cash tentera d’accrocher un troisième Prix d’Amérique mais en vain. En 2015, il ne parviendra pas à se qualifier et son entourage préférera mettre un terme à sa carrière.