Depuis deux ans, un groupe de parents du Pays de Dinan (Côtes d’Armor) travaille avec l’association « A l’école de Berlioz » pour créer une école basée sur la pédagogie Montessori.
Leur projet s’est arrimé au Plessix-Balisson, au sein de la commune nouvelle de Beaussais-sur-Mer. Où le maire Philippe Guesdon – aujourd’hui maire délégué – a proposé que l’école soit intégrée au sein du futur éco-hameau « Le Courtil ».
Lancer, ex-nihilo, une école dite « alternative » n’est pas une mince affaire. La preuve, c’est que d’autres projets similaires soutenus par « A l’école de Berlioz » – il y en aurait une vingtaine dans en France – ont tourné court.
Des parents ont mis en cause l’association, notamment sur Facebook. A Alençon (Orne), le groupe de travail a publiquement pris ses distances, évoquant de « grandes difficultés de communication avec la fondatrice du réseau national « A l’école de Berlioz », réseau qui n’apporte pas toutes les garanties que nous espérions ».
Idem à Avranches (Manche), où l’équipe, qui avait trouvé un local, estime l’avoir perdu « faute de réactivité de la part des responsables de réseau ».
12 futurs accompagnateurs
De quoi semer le doute dans l’esprit des dizaines de parents qui ont préinscrit leurs enfants à la future école du Plessix-Balisson. Mais les initiateurs locaux veulent les rassurer.
L’équipe de Beaussais-sur-Mer est composée de 12 futur(e)s accompagnateurs qui travaillent sur l’élaboration du projet pédagogique. Elle est soudée et dynamique et comprend des enseignantes du primaire et du secondaire, des animateurs, des éducatrices, des psychologues et infirmières. Nous sommes tous unis dans l’idée de proposer une offre complémentaire à l’école de la République, respectant le rythme des enfants […] Chaque membre de l’équipe paye 55 euros pour avoir accès à une formation de qualité et complète, en e-learning et en temps présentiel avec différents professionnels. »
Une association locale – « En attendant Berlioz à Beaussais-sur-Mer » – vient d’être lancée.
« Le but est de pouvoir intégrer les parents dans le projet pédagogique. Nous prévoyons aussi de mettre en place des sorties nature au printemps, pour mieux faire connaissance », explique Marion Etesse, une maman de Saint-Denoual engagée dès l’origine.
« Il faut un projet pédagogique bien ficelé »
Comme ses collègues Morgane Colas, Adeline Bertrand, Lucille Félin ou Mélina Le Méhauté, elle est confiante.
Pour notre part, nous avons toujours eu des réponses du réseau. D’autres équipes ont peut-être pris les choses à l’envers en voulant des fonds avant d’avoir défini le projet pédagogique. »
Celui-ci doit coller au « socle commun de connaissances, de compétences et de culture » exigé par l’Education Nationale, même pour un établissement privé hors contrat. Le Rectorat a donc à se prononcer. A Beaussais-sur-Mer, la rédaction est presque achevée.
« Il faut un projet pédagogique bien ficelé, une équipe qui tient la route avant de rédiger une demande de fonds privés auprès de fondations, via la présidente du réseau Catherine Latrompette », explique Marion Etesse.
Une capacité d’accueil de 60 enfants
Parallèlement, le groupe travaille avec un architecte, spécialisé dans le bâti écolo, pour imaginer le bâtiment qui devra s’intégrer au « Courtil » du Plessix-Balisson. Les enfants sont mis aussi à contribution pour « dessiner » leur future école.
« En général, il faut tabler sur 1.500€ du mètre carré pour un bâtiment écologique. Nous espérons une superficie de 300 m2 pour pouvoir accueillir un maximum de 60 enfants. » Le terrain envisagé, au sein du éco-hameau, fait 1.000 m2.
« On ne change pas de cap »
Du côté de la municipalité de Beaussais-sur-Mer, « on ne change pas de cap, avec l’objectif d’ouvrir l’école en 2021 », affirme Philippe Guesdon, qui a rencontré Catherine Latrompette et deux membres de l’équipe, le 15 janvier, avec le maire Eugène Caro. « Nous avons toute confiance en l’équipe. »
Il s’agit maintenant de définir les engagements réciproques de la collectivité et de l’association, sur lesquels le conseil municipal aura à se prononcer. Après quoi, une convention pourra être signée.
Les détails ne sont donc pas arrêtés (notamment pour la mise à disposition du terrain), mais un point est acquis, selon les propos de Philippe Guesdon :
Si pour une raison ou pour une autre, l’école devait s’arrêter, nous voulons avoir la maîtrise du devenir du bâtiment. Celui-ci intégrerait alors le patrimoine communal. C’est l’optique des fondations qui financeront le projet. Le réseau « A l’école de Berlioz » est clair là-dessus : il n’a pas vocation à s’enrichir en se constituant un patrimoine immobilier. »
Une vision des choses entièrement partagée par le groupe de travail de Beaussais-sur-Mer.