Samedi 2 février 2019, une petite délégation de gilets jaunes de Châteaubriant (Loire-Atlantique), environ 20 personnes, s’est rendue devant la gendarmerie de Châteaubriant. Une rencontre improvisée a donc eu lieu avec les gendarmes, comme une ébauche de premier « vrai débat » local dans le cadre du grand débat national. La rencontre a été filmée en direct sur les réseaux sociaux, sur la page Facebook des gilets jaunes de Châteaubriant.
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« Il y a une dérive autoritaire »
Réunis vers 10 h, à proximité de l’ancien magasin Action, les gilets jaunes ont voulu rencontrer le commandant de la compagnie de gendarmerie, Sébastien Desbrest. Ils voulaient interpeller les gendarmes sur les violences policières, qu’ils dénoncent. C’est pourquoi certains étaient venus avec des bandages sur la tête et des béquilles, entre autres. Une manifestante témoigne.
La police a outrepassé ses fonctions. La majorité des policiers et des gendarmes sont hors la loi aujourd’hui. Vous ne pouvez plus vous cacher, on vient crier notre colère. C’est anormal de voir une telle violence policière dans notre pays. Il y a une dérive autoritaire.
Dans le calme, le commandant a débattu pendant près d’une heure avec les manifestants.
« Il n’y a pas de problème ici »
On respecte la loi, on ne fait pas comme si de rien n’était. À notre échelle, à Châteaubriant, on ne peut pas prendre d’engagements, mais reconnaissez qu’il n’y a pas de problème ici. On veut faire notre travail correctement, en respectant la loi, mais on n’est pas intouchables. Mais s’il n’y a pas de violence, de faits d’émeutes, les gendarmes ne tirent sur personne.
Le débat s’oriente ensuite sur les manifestations des dernières semaines à Rennes, Nantes ou Paris, beaucoup plus violentes qu’à Châteaubriant, et sur l’usage des fameux LBD (Lanceurs de balle de défense). Un gilet jaune fustige.
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On a un ministre, Christophe Castaner, qui est hors la loi. Je me suis fait gazer en rejoignant les grands cortèges. On ne peut plus manifester, on est gazés sans sommation. Je veux porter plainte. Les armes utilisées ont fait beaucoup de dégâts. Pourquoi continuer à s’en servir ? Pourquoi vouloir nous empêcher de manifester ?
« Vous avez le droit de manifester »
« Si parfois, on vous a demandé de quitter un axe à Châteaubriant, réplique Sébastien Desbrest, c’est qu’il y avait une gêne à la circulation. Vous avez le droit de manifester, c’est votre liberté. Mais la liberté de se déplacer est aussi valable pour ceux qui ne veulent pas manifester, donc on est en droit de vous déloger. On peut comprendre le mouvement mais on ne peut pas prendre position en tant que gendarmes. Notre métier nous impose de rester neutres. »
Ce à quoi les manifestants répondent : « on sait que vous avez un droit de réserve, mais vous avez aussi un droit de désobéissance. »
Le mouvement continue cet après-midi
Les gilets jaunes annoncent alors leur intention de « porter plainte collectivement contre le gouvernement, l’Etat et Emmanuel Macron. Même si cest symbolique, on ne partira pas d’ici tant que ça n’est pas fait. » Les gendarmes castelbriantais ont alors proposé à chaque manifestant d’aller, un par un, déposer sa plainte. Ce que trois d’entre eux ont fait.
Les gilets jaunes se réunissent désormais cet après-midi sur le rond-point du Leclerc, zone Horizon.