« Tenez, un petit quelque chose pour vous aider. » Vendredi après-midi à la Maison de la presse de Châtelaudren. Une cliente glisse quelques pièces dans l’urne, sur le comptoir. « Appel aux dons, merci » : voici le message affiché sur la boîte. Un peu plus d’une semaine après la parution, dans nos colonnes, de la vaste escroquerie dont a été victime Laurianne Cadoudal, la mobilisation est lancée.
Le commerce menacé
Souvenez-vous : la commerçante de la place de la République avait été victime d’un escroc, qui avait piraté à distance son tiroir-caisse. Le bilan est lourd. 20.620 euros s’évaporent dans la nature. Sans que Laurianne Cadoudal n’ait rien vu venir. Aujourd’hui, elle doit trouver cette somme. Impérativement. « Aucun recours n’est possible, témoigne-t-elle. Je dois rembourser cette somme. » Sans quoi, elle devra mettre la clef sous la porte. Ce qui serait une fin cruelle pour celle qui a repris, voilà un peu plus de quatre ans, ce poumon de l’économie locale.
Nous devions faire quelque chose
Dans sa mésaventure, Laurianne Cadoudal reçoit de nombreux soutiens. D’où ? Notamment de l’union des commerçants de Châtelaudren, présidée par Jean-Marie Le Vaillant.
Lundi 30 décembre, les membres se sont réunis pour évoquer, initialement, les animations de Noël. Mais les problèmes rencontrés par la propriétaire de la Maison de la presse arrivent rapidement sur le tapis. « Nous en parlions déjà entre nous, explique Romain Gicquel, secrétaire de l’union des commerçants et propriétaire du Cocq Sports. Nous devions faire quelque chose. Nous lui devions bien ça, à Laurianne… »
Des urnes partout
La machine est en route. Un appel aux dons est lancé. Résultat : depuis mardi dernier, on peut voir, dans la majorité des commerces de Châtelaudren, une reproduction de la photo de Une de l’Echo de l’Armor et l’Argoat du 25 novembre. Et ces mots : « Appels aux dons. Sauvons notre commerce. » Des urnes sont installées dans les commerces de Châtelaudren.
Sur la page Facebook de son commerce, Romain Gicquel relaie ce mot : « L’union des commerçants de Châtelaudren a décidé de venir en aide à Laurianne Cadoudal, propriétaire de la maison de la presse à Châtelaudren [...] Si aucune mobilisation n’est effectuée, elle perdra son projet de vie à cause de personnes aussi bien malhonnêtes que lâches. Un appel aux dons est ainsi mis en place pour sauver la maison de la presse, vous trouverez dans chaque commerce de la commune une urne. Merci à tous pour votre solidarité, votre mobilisation et votre générosité. C’est par des petits gestes que nous menons de grandes actions. »
L’union des commerçants de Châtelaudren a décidé de venir en aide à Laurianne Cadoudal propriétaire de la maison de la…
Posté par Le Cocq Sports sur mercredi 2 décembre 2015
Sur les réseaux sociaux, cette déclaration est particulièrement partagée. Elle est vue par plus de 10.000 personnes.
« Je ne dors vraiment pas bien »
Une initiative qui touche en plein coeur Laurianne Cadoudal. « C’est un gros choc pour moi. J’accuse toujours le coup, relate la commerçante. Il faut digérer, mais ce n’est pas facile. » Chaque client qui franchit la porte de la Maison de presse a un petit mot pour elle. Un réconfort. « Des clients glissent le restant de leur monnaie dans l’urne, d’autres mettent carrément un billet. Certains m’ont dit : « Non, tu n’as pas le droit de partir. » En attendant, je ne dors vraiment pas bien. »
Le temps presse
Car aujourd’hui, la vendeuse doit trouver de l’argent. Et vite. Le temps presse. Il faut récolter 20.000 euros ; sinon, la Maison de la presse de Châtelaudren baissera définitivement le rideau. « J’aurais déjà dû tout payer pour le 20 novembre, détaille Laurianne Cadoudal. Mais j’ai refusé. Je ne pouvais pas. Si je ne paie pas, je serais de moins en moins approvisionnée. »