Le tribunal correctionnel de Rennes a condamné à trois ans de prison un homme de 48 ans qui avait violemment frappé une femme avec qui il avait passé la soirée à Fougères le 5 juin 2017.
C’est sa cinquième condamnation pour des violences faites aux femmes.
Retrouvée dans une mare de sang
Au matin du 6 juin, la victime avait été retrouvée inconsciente dans une mare de sang, le visage tuméfié et portant de nombreuses plaies.
Après son hospitalisation, les médecins ont fixé son incapacité totale de travail à 66 jours. La police avait été alertée par la femme du prévenu.
Quand ce dernier était rentré ivre à trois heures du matin, il lui avait annoncé qu’il « avait tué deux personnes dont une femme ».
Il avait pourtant décidé « d’aller se promener » ce soir là, pour « laisser sa femme tranquille ».
Il se retrouve alors dans une supérette de la ville, où il entame la discussion avec une femme. Ils finissent par acheter des bières et du vin et décident d’aller les consommer chez la dame.
« Je lui ai fait comprendre que je ne voulais pas ».
La soirée se poursuit et ils ressortent vers 20h30 pour acheter une bouteille de vodka et du jus d’orange. « Elle était déjà ivre, elle est tombée plusieurs fois », se souvient finalement le quarantenaire, après avoir déclaré quelques minutes plus tôt qu’il n’avait pas remarqué qu’elle avait bu trop d’alcool.
La dame aurait alors entrepris de le séduire et d’obtenir une relation sexuelle. « Elle a mis ma main sur son sein et sa main dans mon jogging, explique-t-il au tribunal. Je lui ai fait comprendre que je ne voulais pas ».
Pourtant, l’homme est rentré chez lui sans slip et sans chaussettes.
Je ne savais pas comment me débarrasser d’elle. Je me suis déshabillé. Quand j’ai voulu partir, je n’ai retrouvé que mon pantalon
La juge s’interroge sur les traces de sperme retrouvées sur ses vêtements et l’avocate de la victime sur les préliminaires qu’il a pratiqué. « Je ne savais pas comment m’en dépatouiller, dit-il. Je me suis dit que si elle prenait son plaisir, elle me laisserait tranquille ».
« J’ai sûrement mal réagi »
Quand il décide finalement de partir, la femme est sur son chemin. Il la pousse violemment et sa tête heurte un meuble, lui ouvrant le crâne. Inconsciente, elle est alors rouée de coups de poing au visage.
La juge interroge :
Comment expliquez-vous un tel déchaînement de violence sur cette femme
« Je ne sais pas, j’ai sûrement mal réagi », déclare le quarantenaire sans apporter plus d’explications.
L’homme n’en est pas à ses premières violences. Il a déjà été condamné à quatre reprises pour des violences conjugales sur ces anciennes compagnes. « Je crois que vous avez quelque chose contre moi », s’emporte-t-il face au procureur qui lui rappelle ses actes du passé.
« Peu enclin à se remettre en question »
Son attitude à l’audience concorde avec les expertises psychologiques et psychiatriques qui le décrivent comme « peu enclin à se remettre en question, se positionnant systématiquement en victime d’un système qui agit contre lui ».
Son addiction à l’alcool très ancienne et son « manque d’empathie et de culpabilité » achèvent de brosser un tableau peu flatteur.
Il ajoute :
De l’empathie, personne n’en a jamais eu pour moi de l’empathie. Pourquoi est-ce que j’en aurais pour les autres?
L’avocate de la partie civile, Me Delphine Caro, admet que sa cliente « était sûrement très seule et à la recherche d’une rencontre. Mais méritait-elle pour autant le fait d’être laissée inconsciente dans une mare de sang? », rappelant au passage que le dossier avait au départ été ouvert pour « tentative de meurtre ».
Sa cliente, « déjà très fragile », a complètement « replongé dans l’alcool depuis l’agression et a été hospitalisée à de nombreuses reprises ».
Le procureur quant à lui estime que les explications du prévenu n’ont aucun sens. Il recommande au tribunal de retenir les deux circonstances aggravantes que sont l’ivresse manifeste et la vulnérabilité de la victime.
Il requiert 4 ans de prison à son encontre, considérant que le prévenu est déjà incarcéré depuis 17 mois en détention provisoire.
Pour Me Stéphanie Peltier, l’avocate de la défense, « la tâche est rude avec cet homme dans le déni, qui ne fournit que des explications alambiquées ».
Elle estime cependant qu’il a nécessairement besoin de soins pour comprendre ce qui l’amène à tant de violences et pour éviter la récidive.
Le tribunal opte finalement pour une peine ferme de 3 ans, sans l’assortir de soins. Le prévenu devra verser 5000€ à la victime en attendant l’audience sur intérêts civils programmées en juin prochain.
La vulnérabilité de la victime n’a pas été retenue.