« Je ressuscite des souvenirs et des gens disparus (ma mère notamment). Je retrouve mon enfance avec ses drames, ses joies, ses larmes », déclarait Michel Legrand début juillet 1988.
Le compositeur (décédé fin janvier, à l’âge de 86 ans) tournait alors un film entre Alpes mancelles et Avaloirs. Film sorti au printemps 1989 : « Cinq jours en juin ». En résumé : un voyage à bicyclette entre Paris et Saint-Lô.
Région préservée
Michel Legrand ne découvrait pas la région : il y a vécu durant l’Occupation.
« Depuis 1944, c’est (la Mayenne) le seul département qui été préservé : il n’y a pas ici de maisons modernes. Cela correspond au film », expliquait-il pour justifier (si besoin était) le lieu du tournage.
Le chanteur-compositeur-musicien de cinéma était donc passé du côté de la caméra, pour un film dont il cogitait le scénario « depuis trois ou quatre ans ».
Son épouse confiait alors : « Il avait envie de faire du cinéma. Il a l’habitude de dire qu’il faut toujours se faire une place fraîche sur l’oreiller ».
« Mon train électrique à moi »
Michel Legrand ajoutait : « c’est un jeu. Nous sommes tous des joueurs. C’est mon train électrique à moi ».
Parmi les acteurs, Annie Girardot, Mathieu Rozé et Sabine Azéma ( « Sabinette » pour le réalisateur) qui découvrait la région : « c’est beau, c’est tranquille. Tant mieux pour vous : vous n’êtes pas envahis ».
« Du Dali »
Le réalisateur s’émerveillait. Ainsi, à propos d’une simple fougère dans une haie, il s’enthousiasmait : « on dirait du Dali ».
Une haie au milieu d’un endroit « très bucolique ».
C’était sur Saint-Léonard-des-Bois, route de Gesvres (D112), au lieu-dit « la mare Saint-Léonard ».
Route de Gesvres, le village où Odette David, qui tenait le bistrot, a vu, ce samedi-là, débouler les trois acteurs et le réalisateur venus boire un café.
Quatre clients particuliers et, avait-elle dit, « très sympas ».