Thierry Lecouaillet démissionne, mais il n’exclut pas de présenter sa propre liste aux élections municipales de 2020. (Les Informations dieppoises/M. DS.)
Mais que se passe-t-il à Saint-Nicolas-d’Aliermont, près de Dieppe (Seine-Maritime) ? Après l’éviction du directeur général des services en novembre 2011 et la démission du 1er maire adjoint André Letellier en avril 2015, un nouveau clash a eu lieu mardi 29 janvier 2019 au soir, lors de la réunion de conseil.
Cinq élus ont annoncé leur démission. Les trois premières concernent des élus de la majorité, les deux autres des membres de l’opposition.
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Thierry Couaillet, le 1er adjoint ayant succédé à André Letellier, a envoyé sa lettre de démission à la sous-préfecture. Il y fait part de sa grande amertume et des motivations qui l’ont conduit à prendre cette décision.
« Du mépris et des insultes »
Il décrit au représentant de l’État « l’impossibilité de travailler sereinement au sein de ce conseil ».
Il poursuit :
Parfois en désaccord avec la politique menée et ses conséquences financières, je n’ai jamais reçu l’oreille attentive que j’espérais. Quand j’ai fait part de mes remarques à Madame le maire, ce fut un refus total de dialogue, allant même jusqu’aux menaces de me retirer mes délégations ».
Thierry Couaillet évoque « des décisions arbitraires », le « rejet des forces de propositions » et le « mépris de l’avis d’autrui ».
Il assure en effet que toutes les décisions sont prises par la maire Blandine Lefebvre, « sans consultation et de façon autoritaire, méprisante et insultante ». Il en est ainsi pour le projet d’éclairage public de la place de la Mairie « qui va coûter 360 000 €, c’est énorme » souligne Thierry Couaillet.
Des dépenses inconsidérées
Des décisions qui auront des répercussions sur le budget de la commune assure Thierry Couaillet, « alors que depuis 2014, nous avons fait de gros efforts pour limiter les dépenses » explique-t-il. Il faut dire que « la municipalité y avait été contrainte par sous-préfète de l’époque et la chambre régionale des comptes car la commune était dans le rouge. Et là, les dépenses repartent exagérément à la hausse, sans que les projets soient étudiés financièrement. On ne sait pas où on va, mais ce qui est certain c’est que tôt ou tard, les impôts locaux devront être augmentés ».
Dans le sillage de Thierry Couaillet, l’adjointe aux écoles Arielle Bréard et Maurice Petit, conseiller délégué en charge des bâtiments, ont également démissionné. Tout comme les membres de l’opposition Jacques Glinel et Sophie Somont qui avancent les mêmes arguments.
La riposte n’a pas tardé à s’organiser à la mairie de Saint-Nicolas-d’Aliermont où les accusations portées à l’encontre de la maire Blandine Lefebvre sont qualifiées de violentes. Plusieurs élus qui entourent la maire n’ont pas manqué de fustiger, eux aussi, le comportement du premier adjoint démissionnaire : « Depuis 2017, il y a eu un changement de comportement de la part des trois collègues qui démissionnent, remarque Blandine Lefebvre. Au moment des législatives, pensant que j’allais être élue députée, Thierry Couaillet a tout fait pour diviser le groupe avant même qu’il y ait une décision collégiale qui soit prise pour éventuellement annoncé qui serait mon successeur ». Pour la première magistrate, ça ne fait aucun doute : « Son obsession, c’est d’être maire ! Ce ne sont que ses intérêts personnels, il ne travaille pas pour l’intérêt général, l’intérêt des Nicolaisiens ».
En ce qui concerne la gestion des dossiers comme la destruction de la salle des sports, l’éclairage public ou des deniers publics pointée du doigt par le premier adjoint démissionnaire, Annick Jumiaux, 5e adjointe, s’étonne : « M. Couaillet a fait partie de notre équipe, il a été impliqué dans ces projets et il ne les a jamais remis en question, il les a même défendus ! ».
Loïc Beaucamp, 7e adjoint, ajoute : « Que ce soit auprès du maire ou de nous, M. Couaillet n’a jamais évoqué le moindre dysfonctionnement ou désaccord qui, à un moment donné, aurait suscité des discussions entre nous. Il a toujours partagé les différents projets ».
Les opposants historiques de Blandine Lefebvre – mais aussi les démissionnaires de son équipe depuis le début de la mandature – évoquent ses prises de décisions sans concertation. « Nous sommes en totale autonomie dans nos délégations, affirme Vincent Avril, conseiller municipal délégué. Madame le maire définit le cadre, mais sur le terrain nous agissons comme nous voulons. Blandine Lefebvre nous apporte beaucoup de confiance, elle ne travaille pas en solo ! ».
Pour Blandine Lefebvre, ça ne fait aucun doute : « Thierry Couaillet et Jacques Glinel se voient régulièrement pour monter une liste. C’est le grand écart, c’est le mariage de la carpe et du lapin ». Le ton est donné.