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Grève du 5 février : à Évreux, plus de 500 personnes défilent en jaune et rouge

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À Évreux, gilets jaunes et rouges ont manifesté ensemble ce mardi 5 février 2019.

À Évreux, gilets jaunes et rouges ont manifesté ensemble ce mardi 5 février 2019. (©Eure Infos La Dépêche)

Un représentant des gilets jaunes d’Évreux l’a affirmé en fin de défilé : « Les gilets jaunes d’Évreux ont voté, et 90% sont pour travailler avec la CGT. » 

Après presque douze weekends de mobilisation sur les ronds-points et dans les rues, les gilets jaunes semblent donc opérer un rapprochement avec les syndicats. « Ce mouvement est parti de territoires et de personnes invisibles. Aujourd’hui, on est devenus visibles. Et il est temps que le gilets jaunes rejoignent d’autres mouvements. »

LIRE AUSSI : Acte XI à Évreux : pourquoi les gilets jaunes normands sont-ils toujours mobilisés ?

Le constat est simple : les revendications des gilets jaunes et celles des syndicats se rejoignent largement. Augmentation du Smic et des minima sociaux, baisse de la TVA, réforme de l’impôt sur le revenu pour plus de progressivité, suppression du CICE quand il ne sert pas directement l’appareil productif, développement des services publics ou encore respect des libertés et interdiction du lanceur de balles de défense… la liste est longue, et elle est majoritairement commune aux deux franges du mouvement social d’aujourd’hui. 

 

Sept interpellations de gilets jaunes

La journée avait pourtant mal commencé ce matin, avec deux manifestations d’une soixantaine de gilets jaunes en centre-ville d’Évreux et sur la zone commerciale, qui se sont soldées par sept interpellations pour attroupement non autorisé, manifestation non déclarée et outrage. 

Des manifestants filtraient les entrées du public dans la préfecture de l’Eure ce mardi matin, en amont du rassemblement avec les syndicats, et sous le regard des forces de l’ordre qui ont fini par intervenir. 

De l’hôpital public aux entreprises privées

Dans le cortège, parti du pré du Bel-Ébat à 13h30, on retrouve des blouses blanches de l’hôpital, des retraités, des enseignants, des salariés du privé ou encore quelques cheminots. 

Florane et Lucie travaillent à l’hôpital, l’une à Verneuil, l’autre à Évreux. Vêtues de leurs blouses blanches de soignantes, toutes deux s’inquiètent des conséquences du manque de moyens des services de santé publique :

On a de gros problèmes de personnel. Les arrêts maladie ne sont pas remplacés, et on demande aux gens de faire des heures supplémentaires, qui ne sont pas toutes rémunérées. Les gens s’épuisent et les compteurs s’affolent : les arrêts de travail sont de plus en plus nombreux, on est dans un cercle vicieux.

Éric, blouse blanche d’infirmier et étiquette CGT, se réjouit de la convergence jaune et rouge du jour : « Les gilets jaunes ont allumé le pétard, il est temps qu’on les rejoigne. »

Gilles, lui, est salarié du privé, et il défile autant pour lui que pour « ceux qui ne peuvent pas forcément se mettre en grève ». 

Je travaille pour un grand groupe privé qui dégage de gros bénéfices. Pourtant, on parle d’un projet de délocalisation en Asie. On s’inquiète de l’évolution de notre industrie : pourtant en France, il y a plein de gens qui ont envie de défendre leur emploi.

Ce mardi 5 février, les revendications qui revenaient le plus souvent étaient la baisse de la TVA et la revalorisation des salaires.

Ce mardi 5 février, les revendications qui revenaient le plus souvent étaient la baisse de la TVA et la revalorisation des salaires. (©CH / Eure Infos La Dépêche)

Aucune confiance dans le gouvernement

Tous ont globalement le même message à faire passer au gouvernement : « Écoutez-nous et répondez-nous ! »

LIRE AUSSI : Marche pour le climat et gilets jaunes : une manifestation commune à Évreux

Gilets jaunes ou syndicalistes, ils semblent dubitatifs vis-à-vis du grand débat national, et très critiques envers les réponses apportées jusqu’ici par le gouvernement. « On est allés plusieurs fois manifester à Paris avec les gilets jaunes, et on a vu des gens se faire tirer dessus au flashball, s’indignent William et Émilie, retraités dans les Yvelines. Jamais je n’aurais pensé que ça arriverait en France. » 

« Le grand débat, c’est un véritable enfumage de l’opinion publique, scande un militant CGT au micro. Le vrai débat doit se faire sur le bitume. »

Vers une convergence ?

Le mouvement social des gilets jaunes impressionne les syndicalistes par sa durée et sa ténacité. Yann est cheminot à Saint-Lazare, et il tente depuis plus de deux mois d’appeler ses collègues à rejoindre le mouvement né sur les ronds-points : « On a du mal à les bouger, la grève du printemps dernier les plombe. » Il admire la dynamique lancée par le mouvement parti d’une contestation des hausses de prix du carburant. 

Les gilets jaunes de Commercy nous ont donné un exemple de démocratie. La parité hommes femmes, des portes-paroles qui tournent… des liens se tissent, les gens se rencontrent alors qu’ils ne se côtoyaient pas. C’est hallucinant tout ce qui est en train de se construire, et ça ne va plus disparaître. 

Côté gilets jaunes, certains se méfient : « Je me reconnais beaucoup plus dans les gilets jaunes que dans les syndicats », lâche Joël, retraité à Damville. Pourtant, un des représentants des gilets jaunes d’Évreux le confirme : « On partage beaucoup de revendications avec les syndicats. Et on va continuer à travailler ensemble. »


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