Même s’il reste épargné par le grand banditisme, le département du Jura n’est pas un havre de paix placé en dehors des turpitudes du monde. En témoignent des chiffres de la délinquance, en hausse pour la troisième année consécutive, présentés ce jeudi 7 février par le Préfet, le Procureur de la république et les deux responsables des zones de police et de gendarmerie.
Si, en 2018, les « atteintes aux biens » se contiennent à un « modeste » +5,8 %, avec 4505 faits constatés l’an passé contre 4278 en 2017, ce sont les cambriolages qui plombent les chiffres et l’ambiance dans le Jura, en hausse de 31,6 % ! Car 1113 cambriolages constatés en 2018, cela représente une moyenne de trois vols avec effraction par jour dans le Jura.
« Ce sont essentiellement les lieux d’habitation qui sont concernés par cette augmentation », explique Jean-Luc Lennon, le procureur de la République, qui tient aussi à les relativiser : « c’est une hausse, mais on revient en fait au niveau de 2016 ».
Les Jurassiens restent trop imprudents
Une grande partie de ces cambriolages (876) sont commis en zone gendarmerie, et souvent en plein jour, lorsque les habitants travaillent. « Beaucoup de nos concitoyens sont encore imprudents et laissent leurs portes ouvertes, y compris en journée », déplore le Préfet. En campagne, notamment, les malfaiteurs ont vite fait de faire le tour de la maison et de pénétrer par la porte-fenêtre côté jardin, souvent hors la vue des voisins.
« Le plus souvent, ce sont des vols d’opportunité. Ils entrent, vont très vite et repartent avec peu de choses : du numéraire, des espèces, des petits appareils faciles à revendre»
. Toute la difficulté, pour les enquêteurs, est alors de leur mettre la main dessus. Car ces voleurs sont très mobiles, multiplient les modes opératoires et ne laissent plus de traces.
Il arrive heureusement que quelques-uns d’entre-eux se fasse prendre. Cela a été le cas dans le Jura, avec un flagrant-délit opéré par les policiers de Dole sur deux voleurs, issus de la communauté des gens du voyage, repéré par le déclenchement d’une alarme discrète. Le propriétaire, relié à une caméra depuis son téléphone portable, a pu prévenir la police, qui a mis la main au collet des deux individus, qui arrivaient d’un campement de Saône-et-Loire.
Un autre individu a été arrêté à Cousance par les gendarmes. Il s’était caché sous la table de la cuisine dans l’espoir de leur échapper… « La meilleure parade est de mieux protéger sa maison avant le passage des cambrioleurs », estime le Préfet, Richard Vignon. Les services de gendarmerie poursuivent également les démarches pour renforcer la « participation citoyenne » – ex-opération Voisins Vigilents – avec les communes. «Tout ce qui peut mailler les forces de l’ordre et la population est intéressant pour nous» estime ainsi Fabrice Allegri, le colonel commandant le groupement de gendarmerie départementale du Jura.
Une société plus violente
Ceci étant, outre les cambriolages et les vols à la roulotte et vols de voitures (eux aussi en hausse de 18,8%), le Jura doit aussi faire face à une augmentation des violences. Ce que l’on appelle dans les statistiques «les atteintes volontaires à l’intégrité physique», en hausse de 15,1%, avec 1689 faits contre 1467 en 2017. « Là encore, ce phénomène d’une violence accrue de la société n’est pas propre au Jura », rappelle le Préfet. Il y a beaucoup de violences physiques ou verbales ou de violences conjugales ou intrafamiliales, avec tout de même un taux de résolution élevé pour ce genre d’affaires, de 78%.
Il y a enfin les vols avec violences, qui restent heureusement marginaux dans le Jura avec 48 faits seulement en 2018 (contre 54 en 2017) dont seulement 3 vols à main armée.
Les grandes tendances :
Violences physiques non crapuleuses : +15.9% (996 faits)
Menaces et chantages : + 19,6% (434 faits)
Escroqueries et assimilées : + 20,7% (1322 faits)
Destructions et dégradations : +23,8% (729 faits)