Rendre obligatoire l’école maternelle. Après l’annonce d’Emmanuel Macron en mars 2018, les députés examinent, ce lundi 11 février, le projet de loi « pour une école de la confiance » du ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer.
L’une des mesures phares prévoit d’abaisser l’âge de l’instruction de 6 à 3 ans. Elle sera effective dès la rentrée de septembre 2019, en cas d’adoption de la loi par les élus de l’Assemblée nationale.
Lire aussi : L’école obligatoire dès 3 ans à partir de la rentrée 2019
Son objectif ? « Considérer la maternelle comme une véritable école et non comme un mode de garde ou une préparation à l’école élémentaire », a souligné le président de la République lors des assises de la maternelle. « Elle doit être tournée vers l’acquisition du langage et l’épanouissement de l’enfant. »
L’école maternelle sera un moment fondateur de notre parcours scolaire. J’ai décidé de rendre obligatoire l’école maternelle et ainsi d’abaisser de 6 à 3 ans l’âge de scolarisation. #AssisesMaternelle pic.twitter.com/QVKeOl6Db1
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) March 27, 2018
26 000 enfants non scolarisés
Aujourd’hui, si 97% des enfants âgés de 3 ans sont scolarisés, 26 000 ne le sont pas. Et des disparités territoriales très fortes existent. Le taux d’enfants scolarisés en maternelle est de 93% à Paris, 87% en Corse et de moins de 70% en Guyane et à Mayotte. Le gouvernement comptent ainsi s’attaquer aux inégalités dès le plus jeune âge.
Lire aussi : Quels moyens pour l’instruction scolaire obligatoire dès 3 ans ?
Vantée comme « emblématique » par le ministre, cette instruction obligatoire ne plaît pas à l’opposition, les collectivités devant à l’avenir financer les maternelles privées sous contrat. La gauche voit un « cadeau » au privé, la droite une « injustice ».
Le gouvernement, qui promet de compenser le surcoût pour les communes, évoque 100 millions d’euros (50 pour les écoles privées et 50 pour les publiques, selon le ministère).
Un millier d’amendements prévus
24 autres articles composent ce projet de loi. Refonte de la formation, nouvelles écoles internationales, devoir d’« exemplarité », mais aussi nouveau Conseil d’évaluation… le ministre de l’Éducation veut mettre en avant les bases d’une école permettant de faire « réussir pleinement » tous les élèves. Plus d’un millier d’amendements sont au menu d’ici vendredi, avant un vote solennel mardi 19 février.
Le débat sur le projet de « loi pour l’école de la confiance » commence et durera toute la semaine!
-Instruction obligatoire à 3 ans
-formation des professeurs
-évaluation du système scolaire
-formation garantie 16-18 ans
-établissements internationaux
-école inclusive
… pic.twitter.com/t8ddxn5qcr— Jean-Michel Blanquer (@jmblanquer) February 11, 2019
Le texte est contesté dès son premier article qui rappelle le devoir « d’exemplarité » des enseignants et le respect que doivent leur manifester élèves et familles, une façon selon la gauche de « museler » les profs. Et ce alors qu’ont émergé dernièrement dans le sillage des Gilets jaunes des mouvements pour un meilleur statut des enseignants comme les « stylos rouges », dont certains députés devaient rencontrer des représentants lundi aux abords de l’Assemblée.
Les pions en renfort des enseignants
La possibilité de confier aux assistants d’éducation (ex-« pions ») des « missions d’enseignement » fait aussi débat. Défendue par Jean-Michel Blanquer comme une « mesure sociale » qui permettra « d’accompagner financièrement de futurs professeurs », elle est décriée par les oppositions de gauche comme une « précarisation ».
Avec la création du Conseil d’évaluation de l’école (CEE), si le ministre récuse toute « évaluation punitive », mais plutôt une « évaluation-levier », PCF, PS ou LR dénoncent la mise en place d’une structure « à sa botte ».
Un amendement LREM adopté en commission, et auquel le ministre n’est pas hostile, entend aussi permettre de regrouper les classes d’un collège et d’une ou plusieurs écoles environnantes au sein d’« établissements publics des savoirs fondamentaux ».
Dans les ajouts du gouvernement attendus en séance : des mesures pour l’inclusion des élèves handicapés, une obligation de « formation » pour les 16-18 ans, ou un amendement pour sanctionner les parents ayant inscrit leur enfant dans un établissement privé interdit.
Avec AFP