« On est trois dans l’équipe du matin et trois dans celle de l’après-midi pour traiter le linge : il faudrait qu’on soit le double », lance une salariée de la blanchisserie du CHU de Rouen (Seine-Maritime), en grève vendredi 15 février 2019, comme plus de 35% des agents du site, annonce le syndicat CGT. Le manque de personnel, c’est bien l’une des revendications des grévistes, qui une nouvelle fois s’étaient donc donné rendez-vous devant le CHU, avant de se rendre sous les fenêtres de la direction, afin d’être entendus.
Des modifications d’horaires « imposées »
Ils protestent contre la réorganisation en cours de leurs services, mais aussi contre les modifications horaires qu’on veut leur « imposer ». Des revendications déjà plusieurs fois énoncées, en février et en octobre 2018, quand il s’était agi de mettre en place des week-ends travaillés, sur la base du volontariat.
L’objectif était alors de pouvoir faire face aux quantités importantes de linge à traiter, provenant tant du CHU que des établissements hospitaliers extérieurs, mais aussi des maisons de retraite.
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Augmenter le taux horaire pour traiter plus de linge ?
« La direction a exprimé la volonté d’arrêter le temps de chevauchement du midi, c’est-à-dire quand les équipes se croisent, estimant que ce temps n’est pas productif », fait valoir un représentant syndical CGT, qui ajoute que parallèlement à cette disposition, on veut aussi augmenter le taux horaire de manière à traiter une quantité de linge plus importante pour le CHU.
La direction voudrait ainsi augmenter l’amplitude horaire, ce que refusent les agents, qui ne veulent pas non plus entendre parler des week-ends travaillés, à raison de un sur quatre préconiserait la direction.
34 agents actuellement en arrêt
« La pénibilité de notre travail est reconnue, avec des kilos de draps qu’il faut porter, des chariots très lourds qu’il faut pousser… Pour récupérer le linge des établissements extérieurs au CHU, il faut traverser toute la blanchisserie, on fait des kilomètres de marche chaque jour », décrit une des salariées grévistes.
« On veut pouvoir récupérer durant nos deux jours de repos », insistent les agents, rappelant que sur 139 salariés, 34 personnes sont en arrêt. Des absences qui sont palliées par le recours à des intérimaires, mais qui ne résolvent pas le problème de la quantité de travail à réaliser, avec un nombre trop peu important d’agents, estiment les grévistes. « On attend de la blanchisserie plus de production, mais cela va engendrer plus d’arrêts », craint le représentant syndical CGT.
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Les grévistes reçus par le directeur général adjoint
Les salariés grévistes de la blanchisserie du CHU ont été reçus en fin de journée, vendredi, par le directeur général adjoint. Selon le porte-parole syndical, celui-ci serait resté « campé sur ses positions s’agissant d’un week-end travaillé sur quatre », l’un des « points de blocage » pour les agents.
Toutefois, la direction ne semble pas totalement fermer la porte sur toutes les revendications puisqu’une proposition a été faite pour les horaires. « La direction va faire un sondage auprès des agents pour savoir si l’adhésion pourrait se faire autour d’une amplitude horaire comprise entre 4h/19h ou 4h30/19h30 », selon le représentant syndical CGT. Un dossier qui reste donc à suivre… Contactée, la Direction n’a pas souhaité pour l’instant réagir.
La blanchisserie en chiffres :
56% de l’activité totale de la blanchisserie concernent des prestations pour le CHU de Rouen.
28 autres établissements (hôpitaux publics et Ehpad de Seine-Maritime et de l’Eure), bénéficient des prestations de la blanchisserie.
150 agents travaillent sur le site.
27 tonnes de linge sont traitées par jour, soit plus de 4 000 tonnes par an.
4 tonnes de linge « résident », soit plus de 8 500 vêtements par semaine traités pour les Ehpad.
12 camions de livraison sur 10 tournées quotidiennes.