L’opération avait eu un certain écho médiatique. En janvier 2019, près de 700 commerçants de Toulouse avaient affiché un panneau « commerce à vendre » sur les vitrines. Le but ? Sensibiliser l’opinion sur leur sort. Les commerçants se disant les victimes collatérales d’un conflit social sans précédent.
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Des débordements pendant les manifestations
Les commerçants demandaient à l’État de faire régner le maintien de l’ordre et invitaient les Gilets jaunes à trouver d’autres formes de mobilisation. Sans succès. Chaque samedi, des milliers de manifestants défilent en centre-ville tandis que des casseurs s’infiltrent dans le cortège. Une nouvelle journée de mobilisation pour l’acte 14 est d’ailleurs programmée samedi 16 février 2019.
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Risque de faillite
Près de trois mois après le début de la fronde, des commerçants toulousains sont au bord de la faillite et ont déjà eu recours à des licenciements économiques.
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Si le mouvement perdure, Christian Bastide, président du Tribunal de Commerce de Toulouse, ne cache pas son inquiétude concernant l’avenir du petit commerce en centre-ville :
La Ville rose risque de connaître le même sort qu’un grand nombre de villes moyennes, à savoir la désertification du centre-ville, qui risque de mourir. Plusieurs rues comme Rémusat ou Lafayette sont déjà fortement impactées.
« Ils se battent pour leur survie »
Depuis plusieurs semaines, le président du Tribunal de Commerce dit recevoir des commerçants en situation d’extrême fragilité. « Ce sont des personnes qui se battent pour leur survie, avec beaucoup de décence, et qui accordent de la valeur au travail », décrit Christian Bastide. Pour le président de cette juridiction, les profils rencontrés sont très variés :
Un commerce qui se portait bien avant la crise peut se retrouver plus fragilisé par rapport à d’autres qui paraissent plus fragiles. Tout va dépendre des investissements réalisés avant la crise, des factures à régler auprès des fournisseurs, du bail commercial en cours, du soutien de la banque… Le mois de décembre est stratégique pour la plupart des commerçants. Le chiffre d’affaires réalisé permet de lisser les charges sur l’ensemble de l’année.
Dépôt de bilan, dépression, divorce…
L’enjeu pour le Tribunal de Commerce est alors de réussir à convaincre les créanciers de trouver un accord. « Si l’on veut que des commerçants sortent de la crise, il faudra parfois différer sur un an les remboursements d’emprunt », poursuit Christian Bastide.
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En cas d’échec, Christian Bastide rappelle qu’une cellule de prévention a été mise en place au sein du Tribunal de commerce. « Le dépôt de bilan est trop souvent la cause d’un engrenage : dépression, divorce… », souligne-t-il. Et de rappeler le statut du commerçant :
Il s’agit d’un travailleur non salarié. Si le commerçant coule, il n’a plus de couvertures sociales. Il n’a pas droit à une indemnité chômage. En cas de liquidation, c’est un passif personnel. Pour obtenir le remboursement d’un emprunt, le banquier fait exécuter la caution sur le conjoint, sur les parents du commerçant…