Relier Alençon à Pré-en-Pail à pied, à vélo ou à cheval via l’ancienne voie ferrée ! Le projet se précise.
Chapeauté par les conseils départementaux de l’Orne et de la Sarthe, il a concrètement débuté le 7 janvier 2018 avec le fastidieux désencombrement de la voie, laissée entièrement libre, depuis près de dix ans, à la faune, à la flore et aux esprits peu soucieux de Dame Nature.
Un broyeur sur rails
La lourde mission de débroussailler ces 21,4 km qui séparent l’entrée de la voie, avenue de Basingstoke à Alençon, à la frontière orno-mayennaise de La Lacelle a été confiée au Collectif d’urgence. Tronçonneuses, taille-haies, coupe-bordures, coupe-herbes et serpettes en main, douze jeunes gens en contrat d’insertion, placés sous l’encadrement de Gilles Andreu, se sont ainsi relayés pour ouvrir la voie (verte).
« On a créé un concept pour adapter le broyeur aux rails et progresser plus rapidement », explique l’encadrant. Sauf sur les zones démunies de rails.
« L’État avait budgétisé leur disparition, à certains endroits, dans le cadre de l’amélioration de la sécurité sur les routes. Cela a été réalisé pendant que nous progressions sur la voie verte et, à Saint-Denis-sur-Sarthon notamment, pour traverser la N12, ça nous a finalement un peu compliqué la tâche et surtout fait perdre du temps ! », sourit Gilles Andreu.
74 ouvrages d’art
Quelques aléas climatiques ont aussi freiné le timing. Ainsi que « des zones moins accessibles en raison d’arbres de grosse section sur la voie » comme à Gandelain ou encore le respect de la nidification « de fin mars à août ». Mais globalement, le planning a été respecté.
Comme dans tout chantier, celui-ci n’a pas échappé à quelques surprises dont celle de l’état des ouvrages d’art. « Ce tronçon ornais en compte 74 au total y compris les buses, des passages à protéger pour les animaux », signalent Yann Boudehent et Christelle Fontan, du bureau développement durable et en charge des voies vertes au conseil départemental de l’Orne.
« Et on les pensait en meilleur état ! », ajoute Sophie Douvry, conseillère départementale qui devra donc négocier un budget pour les consolider voire les remettre en état. Cet autre chantier ne retardera pas pour autant la mise en service de la voie verte puisqu’il pourra être effectué le temps de la dépose des rails et des traverses, « d’ici la fin de l’année 2019 ».
L’étude de la faune et de la flore « menée en parallèle, sur un cycle complet d’un an », se poursuit, elle aussi. « On a vu un nombre important de blaireaux sur cette voie qui, avec la végétation, y avait trouvé un endroit idéal pour se terrer et se reproduire ! », sourit Yann Boudehent. Des chauves-souris, des lézards et des renards y ont aussi été aperçus.
Ne reste plus qu’à les faire cohabiter avec les randonneurs, cyclistes et cavaliers, adeptes des voies vertes. Et ce dès le mois de juin 2020.
4 709 heures de travail
Ce chantier aura nécessité 4 709,5 heures de travail réalisées par douze personnes. Parmi elles : Marc qui l’aura suivi du début à la fin. Il s’inscrit aujourd’hui dans une formation aux travaux paysagers.
Billy et Maoulida ont, eux, signé un CDI d’assistant technique au sein de l’entreprise d’insertion depuis le 1er janvier 2019. « Ce chantier a fait l’objet d’acquisitions de méthodes et d’organisation mais aussi de montées en compétences », signalent le directeur du Collectif, Thierry Leroyer, et sa présidente, Michelle Lemaitre, pas peu fiers d’annoncer que « 75 % des personnes en insertion au Collectif, en 2018, ont effectué un retour à l’emploi ». Une jolie performance.